Grève du 2 octobre : le préfet de l’Hérault veut décider de qui a le droit de manifester

Elian Barascud Publié le 1 octobre 2025 à 14:53 (mis à jour le 1 octobre 2025 à 14:57)
François-Xavier LAUCH, nouveau préfet de l'Hérault, lors d'une audition de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Benalla, le 12 septembre 2018

Dans un arrêté préfectoral paru ce mercredi 1er octobre, le préfet de l’Hérault annonce interdire au sein du cortège “la présence de toute personne extérieure à la manifestation déclarée par l’intersyndicale, composée de ses adhérents, militants et sympathisants”. Une grave attaque sur la liberté de manifester

Alors qu’une manifestation intersyndicale contre l’austérité est prévue ce jeudi 2 octobre à partir de 10 h 30 au départ d’Albert 1er à Montpellier, François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault a décidé de trier les “bons” des “mauvais” manifestants. Un arrêté paru ce mercredi 1er octobre prévoit, outre la captation d’images par aéronef et l’interdiction de l’Écusson, une nouvelle disposition inédite et pour le moins hallucinante : “La présence de toute personne extérieure à la manifestation déclarée par l’intersyndicale, composée de ses adhérents, militants et sympathisants, est interdite au sein du cortège.”

Le préfet justifie cette mesure liberticide en évoquant la manifestation sauvage du 10 septembre, la présence de “militants au profil black bloc” qui ont pris la tête du cortège le 18 septembre, ou les agressions d’extrême droite qui ont eu lieu la même journée. Pour Sophie Mazas, avocate Montpelliéraine spécialiste des libertés fondamentales, cette décision “ne s’appuie sur aucun fondement légal. En aucun cas l’autorité administrative ne peut décider de qui a le droit de manifester, mis à part les interdictions judiciaires.”

Elle dénonce une “attaque très grave à la liberté de manifester” et soulève une question pragmatique : “Est-ce que la police va contrôler tout le monde pour vérifier qui est adhérent ou sympathisant d’un syndicat ? Et comment le prouver, en montrant une carte d’adhérent ? Cela serait illégal car ça pourrait entraîner un fichage, il y a une large part d’arbitraire dans cette décision.” Et l’avocate, par ailleurs membre de la Ligue des Droits de l’Homme, d’ajouter avec ironie : “Cela veut dire que la LDH, qui n’est pas membre de l’intersyndicale, ne peut pas venir à la manifestation ?” Un référé devrait être déposé au tribunal administratif pour contester l’arrêté, qui marque selon elle “une stratégie politique de division au sein du mouvement entre syndiqués et non-syndiqués.”

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