Les croisés contre les metalleux : à Montpellier, les cathos voient Satan partout (sauf dans leurs rangs)

Pascal Praudpotkine Publié le 30 octobre 2025 à 10:50 (mis à jour le 30 octobre 2025 à 12:05)
La Maison des Choeurs sera le théâtre de la soirée Dark Halloween du festival Ex Tenibris Lux ce vendredi 31 octobre. (Capture d'écran Google Maps)

A Montpellier, un concert de metal le soir d’Halloween dans une ancienne église désacralisée met le feu au bénitier : entre panique morale venue d’un autre temps, menaces en ligne et soutien de l’archevêque, la fachosphère s’est trouvée un nouveau démon à exorciser. Spoiler : il joue de la guitare électrique

On se doutait que les cathos tradis avaient du parfois du mal avec la modernité, mais on ne pensait pas que ça irait jusqu’au branchement d’une prise jack. Il aura suffi d’un concert de metal, prévu ce vendredi 31 octobre à Montpellier, pour réveiller l’Inquisition.

Le festival Ex Tenebris Lux, qui programme sa soirée “Dark Halloween” à la maison des chœurs, ancienne chapelle du centre-ville désacralisée, s’est retrouvé au cœur d’une croisade médiatique d’un autre âge. Sa communication, évoquant des « performances occultes », du « mapping ésotérique », et des « concerts mystiques », a éveillé les angoisses de la mouvance la plus réactionnaire des catholiques, soucieuse de savoir deux évêques enterrés sous l’édifice.

Relayés par les médias d’extrême droite Frontières, Boulevard Voltaire et toute la clique des croisés 2.0, les tradis hurlent à la messe noire et au rite satanique. Dans une vidéo devenue virale sur Tiktok, un fidèle s’interroge : “Dans une ville aussi dangereuse, a-t-on besoin d’un événement qui appelle le diable ?” On aurait presque envie de lui répondre : non, on a déjà la mairie et la spéculation immobilière.

Ironie du sort : ceux dénoncent un appel à la “haine” et à “division” sont les premiers à entretenir ce climat en multipliant les menaces en ligne à l’encontre de l’organisatrice, voire les appels à venir armés à la soirée, qui se déroulera de fait sous protection policière, selon le média Lokko. Le Diable ne se cache plus dans les détails, il est dans les commentaires Facebook. L’archevêque de Montpellier, lui, n’a pas trouvé mieux que d’apporter son soutien à cette panique morale, histoire d’ajouter une couche d’huile bénite sur le feu numérique.

Rappelons-le à toute fin utile, à Montpellier, les sphères cathos tradis irriguent les réseaux de l’extrême droite locale, comme des anciens membres de l’ancien groupe Jeunesse Saint-Roch ou des figures de la Ligue du Midi, qui, après une réunion de la Manif Pour Tous en mars 2018, avaient décidé de venir “évangéliser” des étudiants qui bloquaient la fac de droit à coups de tazer et de planches cloutées. Mais pour le festival, cette polémique a fait une sacrée promo : la soirée de ce vendredi affiche complet.

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