Austérité à tous les étages : à Montpellier, l’intersyndicale dénonce le budget Lecornu
Quelques centaines de personnes ont manifesté à Montpellier ce mardi 2 décembre à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FSU, Solidaires) pour dénoncer les mesures austéritaires du budget présenté par Sébastien Lecornu. Les syndicats demandent un “budget de progrès social” qui passerait par la taxation des riches
C’est devant la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de Montpellier que l’intersyndicale a donné rendez-vous pour une manifestation en ce jour de débat sur le budget de la sécurité sociale à l’Assemblée Nationale. Un rendez-vous peu suivi : seul un demi-millier de personnes a répondu à l’appel. “Le budget, ça peut paraître abstrait” souffle un syndicaliste de chez Solidaires pour expliquer la faible participation.
Pourtant, pour Philippe, infirmier au CHU de Montpellier syndiqué à la CGT, les choix budgétaires présentés par le premier ministre pour l’année 2026 ont des conséquences très concrètes : “On nous parle de 7 milliards d’économies dans le secteur de la santé, dans un CHU qui affiche déjà dix millions d’euros de déficit… On s’attend à des suppressions de postes, voire des fermetures de services. Ce qu’on observe déjà, c’est que la direction rogne sur tout ce qu’elle peut : elle ne verse plus des primes non-obligatoire , et entend supprimer trois jours de congés annuels pour rattraper le temps quotidien d’habillage-déshabillage qu’il nous faut pour enfiler nos habits de travail.”
De son côté, Tom, travailleur dans le secteur des énergies renouvelables et militant de Sud Energie, déplore le fait que les politiques du gouvernement vont à l’encontre de l’objectif de transition écologique : “En l’état, le budget prévoit une diminution des subventions pour développer le photovoltaïque sur les toitures, et les collectivités dépendent de ces subventions.”
Moins 4 000 postes d’enseignants
Dans l’Éducation Nationale, ce sont 4 000 postes d’enseignants qui pourraient être supprimés en 2026. Une conséquence de la “baisse de la démographie”, selon le gouvernement. De quoi faire enrager les syndicalistes de la FSU, qui revendiquent au contraire plus d’embauches et de moyens. Pour la représentante départementale du syndicat, Christine Saint-Joanis, un “artifice comptable” masque en partie ces suppressions de postes : “Maintenant, le recrutement de profs se fait à BAC+3 et à BAC+5, de plus en plus d’étudiants en formation pour devenir enseignants sont calculés en équivalent temps plein à la place de professeurs formés qui ont BAC+5.” Une précarisation renforcée selon elle par le gel du point d’indice pour les enseignants.
Une politique austéritaire qui touche aussi directement les élèves : “Il n’y a plus d’argent pour le passe culture afin de faire des activités culturelles, et la Région ne verse plus de budgets aux lycées pour mener des projets pédagogiques”, ajoute la syndicaliste.
Du côté de l’enseignement supérieur, Marc Lenormand, enseignant-chercheur à l’Université Paul-Valéry et membre de Sud Educ, s’inquiète quant à lui autant du budget présenté par le gouvernement que de la manière dont les dotations vont être ventilées dans les universités : “Aujourd’hui, les fonds sont alloués directement aux établissements, c’est insuffisant mais c’est comme ça. D’ici 2026, le gouvernement souhaite généraliser un système qui existe déjà de manière résiduelle dans l’enseignement supérieur, le système COMP, pour Contrat Objectifs Moyens Performances. Les fonds alloués aux établissements seraient conditionnés à des réponses à certains indicateurs, comme le taux de réussite en première année, l’adéquation avec le bassin d’emploi régional, et ce, pour chaque euro. C’est un super outil pour un gouvernement d’extrême droite, à qui il suffirait de toucher aux indicateurs pour fermer purement et simplement des établissements, comme des facs d’arts, de lettres et de sciences humaines, par exemple…”
Le budget de guerre, un impensé ?
En fin de manifestation, les différents interlocuteurs ont apporté leur soutien à Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, mise en examen pour injure publique après avoir qualifié les patrons de “rats qui quittent le navire”. Interlocuteurs qui ont martelé l’idée d’un « budget de progrès social » en taxant les plus riches, notamment via la taxe Zucman.
Sujet peu abordé, voire impensé, dans les différentes prises de parole du jour : la dénonciation claire de l’augmentation du budget alloué aux armées et de l’économie de guerre. Et ce, alors qu’à l’échelle mondiale, les État affichent une augmentation de 9,4 % de dépenses militaires en 2024, pour un total record de 2 718 milliards de dollars.
Un constat qui désole Franck, militant du collectif anti-militariste 34 : “C’est un sujet où notre camp social a énormément reculé ces dernières années, et qui ne fait plus consensus depuis la guerre en Ukraine, où certains se sont mis à tenir des positions de soutien au peuple ukrainien contre l’invasion russe, voire à encourager l’envoi d’armes. Mais quand le chef d’État-major rappelle qu’il faut être prêt à perdre des enfants dans les prochaines années, il nous rend service : il a beaucoup choqué car il rappelle ce qu’est la guerre, c’est-à-dire des morts. À nous de faire entendre de nouveau la voix du pacifisme.“
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