La police a tenté d’expulser illégalement un nouveau squat près de la fac de droit de Montpellier
Le calme plat qui règne traditionnellement aux abords de l’université de droit et de science politique de Montpellier n’est plus. Depuis lundi dernier, une banderole de soutien aux squats a fleuri sur le bâtiment collé à celui de la faculté, rue de l’École Mage. Face à l’hiver qui approche et conscients de l’impuissance des autorités publiques pour loger les sans-abri, des dizaines de personnes, et en particulier des précaires, ont investi l’immeuble pour une durée indéterminée. À terme, cette réquisition pourra permettre de loger plusieurs dizaines de familles dans des conditions dignes puisque chaque chambre est composée d’une salle de bain individuelle. Le nouveau collectif qui se forme autour de cette occupation devrait vraisemblablement expliquer les raisons politiques de cette action d’ici les prochains jours.
La police tente une expulsion illégale
La législation concernant les expulsions est claire : la police ne peut chasser personne sans décision exécutoire du tribunal, sauf si une voie de fait a pu être constatée (entrée par effraction), ce qui n’est pas le cas concernant cette réquisition. Pourtant, hier à l’aube, des maçons ont scié l’une des portes du bâtiment sous la protection de policiers en civil de la brigade anti-criminalité. Ils pensaient sûrement pouvoir réaliser l’opération en un rien de temps et expulser les squatteurs en catimini, mais ça ne s’est pas du tout passé comme ça. Plusieurs personnes sont rapidement arrivés sur les lieux pour demander aux policiers et aux ouvriers venus pour scier la porte s’ils étaient bien au courant d’agir en toute illégalité, et ça ne les a visiblement pas mis à l’aise. L’avocate Sophie Mazas, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme à Montpellier, a vivement conseillé aux intrus de partir, et c’est ce qu’ils ont fait. Squat : 1 – Police : 0.
Par ailleurs, les policiers ont également mis un coup de pression aux habitants d’un nouveau squat situé près de l’hôtel de ville, mais eux aussi ont dû partir après s’être fait remettre en main propre le dossier juridique des occupants du lieu. Squat : 2 – Police : 0.
Ces tentatives d’expulsions illégales viennent nous rappeler à quel point la préfecture et la municipalité se complaisent dans l’hypocrisie. Non seulement ces institutions ne font rien pour lutter contre le mal-logement alors que plusieurs milliers de personnes errent dans les rues de Montpellier, mais en plus elles répriment ceux qui trouvent des solutions concrètes de relogement. On ne peut alors que se demander : à quoi sert l’État ? À quoi sert la police ? La réponse est dans la question.
Dialogue surréaliste entre les maçons venus pour scier la porte et des soutiens du squat :
« – Vous avez un ordre de mission [pour scier la porte] ?
– Nous, on a pour ordre de tout casser.
– Vous l’avez avec vous l’ordre de mission ?
– Bah nan ! Il est pas là ! »
Le maçon avoue donc tranquillement que ce qu’il fait est illégal. CQFD.
Encore une scène surréaliste : la police demande aux maçons ce qu’ils comptent faire au juste, après être restée tranquillement à côté d’eux pendant qu’ils sciaient la porte… Cela veut donc dire que la préfecture a ordonné à des unités de police d’aller couvrir des maçons, sans préciser le but exact de la mission. La préfecture avait quelque chose à cacher… Une expulsion illégale, peut-être ?
« – Monsieur, on attend […] vous voulez l’enlever le portail ?
– Ouai. »
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