Rassemblement #balancetonporc devant la cour d’appel de Montpellier
Depuis plus d’une semaine, suite aux accusations de viols de la part d’actrices à l’encontre du producteur de cinéma Harvey Weinstein, les questions d’agressions et de harcèlement sexuels se retrouvent au coeur de l’actualité. Loin de se réduire au petit monde du show-business, cette problématique concerne toute la société, quels que soient les milieux sociaux et les générations. Toujours est-il que cette affaire a été un élément déclencheur pour des milliers d’utilisatrices des réseaux sociaux qui ont tenu, elles aussi, à témoigner des violences sexuelles verbales ou physiques qu’elles ont subies, sous le hashtag #metoo [moi aussi] et #balancetonporc. Pour que ces récits ne soient pas simplement des mots derrière des écrans, plusieurs personnes ont organisé ce midi un rassemblement devant la cour d’appel de Montpellier pour dénoncer publiquement la culture du viol. Après une lecture publique des récits poignants de harcèlements et d’agressions sexuelles qui ont été écrit sur place, il a été proposé un prochain rendez-vous le mardi 7 novembre à la libraire « La Mauvaise Réputation » (20 rue Terral) dans le but d’organiser une manifestation de nuit le 24 novembre pour se réapproprier l’espace public, et non plus le subir.
Plusieurs intervenantes ont pris la parole lors du rassemblement :
Nina : Aujourd’hui on a voulu faire une première action symbolique suite à la prise de parole massive sur les réseaux sociaux la dernière semaine [#metoo #balancetonporc]. C’est une première action spontanée suite aux récits qui nous sautent aux visages et qu’on ne connait pourtant que trop bien. Ces récits qu’on nous a maintes fois racontés dans des discussions entre amies et auxquels on n’avait pas souvent su répondre, avec toujours cette sensation que c’étaient aux femmes seules de porter le poids de ces récits, avec souvent un sentiment de honte. Depuis plusieurs années, il y a une prise de conscience particulière là-dessus et nous, le groupe qui s’est réuni de manière très informelle, ça nous paraissait très important sur ces questions de prendre la parole dans l’espace public, d’essayer de faire que la honte change de camp, qu’on ne soit plus de côté de celles qui subissent et qui n’ont pas le droit de répondre, et que de l’autre côté, il y ait des personnes qui soient les alliées des femmes sur ces questions, et non les alliés des oppresseurs et des agresseurs. Il faut prendre la parole des femmes en compte, il faut accepter leurs discours, les soutenir, même si ça doit créer des difficultés dans les familles et dans les goupes d’amis. Ce n’est pas aux femmes de porter le poids de ce qu’elles subissent au quotidien. Le lieu devant lequel on est aujourd’hui [la cour d’appel de Montpellier] est symbolique parce que face à tous les récits qu’on reçoit, il y en a beaucoup qui parlent du moment où, à la suite d’une agression, une personne va au commissariat, et on les a mal reçu, voire on les a découragé de porter plainte, on leur demande comment elles étaient habillées, les procédures sont très intrusives, et parfois, après des années de procédures, ça donne des non-lieux, comme si ça n’avait jamais lieu, et que ça n’existait jamais. Ça existe, pour toutes, et il y en a pas une qui a été épargné. On vit avec une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes dans ce pays où il y a une culture du viol, et une culture du viol qui repose sur les victimes. Ce rassemblement est un point de départ symbolique pour que la justice entende les plaintes des femmes, que la société les entende, et qu’on sache répondre aux agresseurs, et que cette prise de parole massive ne soit pas que des mots derrière des écrans.
Intervenante 2 : Je vous livre le témoignagne d’une dame âgée. Je trouve ça terrible parce que dans les années 1975, on faisait des manifestations de nuit à Montpellier, et notre seul mot d’ordre c’était : « on veut pouvoir sortir seules la nuit ». Je vois que 40 ans après, pas grand-chose n’a changé…
Intervenante 3 : Je fais partie d’un collectif féministe sur Montpellier qui s’appelle « La Collective 34 », et nous, on propose justement de se réunir pour organiser une manifestation de nuit pour se réapproprier l’espace public, et non plus le subir. Une manifestation qui pourrait avoir lieu en non-mixité avec ceux qui subissent le harcèlement de rue, c’est-à-dire les femmes, mais aussi les tapettes, les trans boy, et on propose une assemblée ouverte avec toutes les personnes intéressées pour organiser cette manifestation de nuit [mais en non mixité] le mardi 7 novembre à la libraire « La Mauvaise Réputation » [20 rue Terral]. On mettra l’information sur notre blog [lien] Le but, c’est d’organiser, cette marche de nuit le 24 novembre.
Propos recueillis par Jules Panetier
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