450 personnes défilent dans les rues de Montpellier pour dénoncer la colonisation à Jérusalem et en Palestine
La Palestine s’embrase depuis la décision de Donald Trump de transférer l’ambassade nord-américaine à Jérusalem, violant ainsi ouvertement le droit international(1). Reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, c’est en effet accepter l’annexion, la colonisation et l’occupation des territoires conquis par l’État israélien en 1967. Le Hamas, mouvement islamiste palestinien, a appelé dans la foulée à une troisième intifada(2), terme arabe signifiant soulèvement. Face aux pierres des milliers de Palestiniens, jeunes pour la plupart, l’armée israélienne a réagi par des tirs à balles réelles et des bombardements. Au moins deux Palestiniens ont été tués(3) et un récent bilan du Croissant Rouge Palestinien fait état de 245 blessés(4). Ces chiffres devraient malheureusement considérablement augmenter d’ici les prochains jours. Selon le BDS Palestinien [boycott-désinvestissement-sanctions contre l’État israélien], cette décision de Donald Trump est « la forme de complicité la plus sérieuse à ce jour de l’administration des États-Unis pour consolider le régime d’apartheid israélien à Jérusalem et accélérer le nettoyage ethnique des Palestiniens autochtones de leur ville »(5).
L’État français et la ville de Montpellier complices du régime d’apartheid israélien
Les ambassadeurs de la France, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Suède et de l’Allemagne ont déclaré que la décision nord-américaine « n’est pas conforme aux résolutions du Conseil de sécurité » et qu’elle « ne favorise pas la paix dans la région »(6). De son côté, Emmanuel Macron s’est contenté de parler d’une décision « regrettable »(7). Le langage diplomatique est précis, et le fait qu’il parle simplement d’une décision « regrettable », et non condamnable, prouve qu’il ne compte rien faire pour lutter contre la colonisation des territoires palestiniens. Il recevra d’ailleurs demain à Paris le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à la tête d’un gouvernement notamment composé du Likoud, un parti d’extrême-droite. Pour le mouvement BDS de Montpellier, le fait « que Macron déroule le tapis rouge au raciste B. Netanuahu […] le 10 décembre, date de la “journée internationale des droits Humains” est une faute grave et un signe de complicité politique avec cet État dont les violations des droits humains dénoncées par les ONG ne se comptent plus ». En 2015, l’ONG Amnesty International avait même accusé l’État israélien de crime contre l’humanité(8).
Le mouvement BDS de Montpellier pointe aussi du doigt la responsabilité de la ville de Montpellier dans la normalisation de la colonisation israélienne : « Depuis 40 ans, le Centre Communautaire Culturel Juif (CCCJ) organise avec ses amis du CRIF [Conseil Représentatif des Institutions Juives de France] la “journée” dite de Jérusalem qui commémore la “réunification de Jérusalem”, “Jérusalem Capitale une et indivisible de l’État israélien”, c’est-à-dire l’annexion et l’occupation illégales par Israël de la ville de Jérusalem. Cette commémoration coloniale largement subventionnée par nos impôts locaux se fait en présence du Consul d’Israël et des élus représentant la région, le département, la métropole et la ville de Montpellier dont le maire ne rate pas une commémoration ».
450 personnes dans les rues de Montpellier pour dénoncer la colonisation en Palestine
Des manifestations ont eu lieu un peu partout aujourd’hui dans le monde et en France pour dénoncer la colonisation israélienne à Jérusalem et en Palestine. À Montpellier, environ 450 personnes se sont réunies cette après-midi sur la place de la Comédie. Au départ, les organisateurs, issus pour la plupart du mouvement BDS, pensaient simplement s’en tenir à un rassemblement, mais face à une telle affluence, il a finalement été décidé de partir en manifestation, au grand désarroi des policiers présents sur place. Le cortège a pris la direction du parc du Peyrou, s’en est allé vers Plan Cabane où quelqu’un a pris la parole pour expliquer les raisons de cette mobilisation, et le défilé est reparti vers la place de la Comédie pour se dissoudre. Le pas était dynamique et les slogans, en français et en arabe, n’ont pas cessé : « Sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes », « Israël, casse-toi, Jérusalem n’est pas à toi », « Qui sème la hogra [terme arabe désignant mépris] récolte l’intifada », etc. Une nouvelle mobilisation aura lieu samedi prochain dans le quartier populaire de la Paillade, l’heure et le lieu précis n’ayant pas encore été communiqué. Une intifada aura-t-elle lieu à Montpellier ? Réponse la semaine prochaine
Sources :
(1) « Transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem : un nouveau camouflet pour le droit international », IRIS, 8 décembre 2017, lien.
(2) « Le Hamas appelle à une “nouvelle Intifada” en réponse à l’annonce de Trump sur Jérusalem », Le Monde, 7 décembre 2017, lien.
(3) « 2 Palestiniens morts à Gaza dans la réponse israélienne aux roquettes sur Sderot », i24news, 9 décembre 2017, lien.
(4) « Deux Palestiniens tués à Gaza lors d’une deuxième “journée de rage” », Radio Canada, 8 décembre 2017, lien.
(5) Les citations imputées au mouvement BDS de Montpellier dans cet article sont tirées d’un tract distribué par ce mouvement lors du rassemblement contre la colonisation à Jérusalem et en Palestine de ce samedi 9 décembre 2017.
(6) « Jérusalem : la décision américaine “non conforme” aux résolutions de l’ONU », France 24, 8 décembre 2017, lien.
(7) « Macron qualifie de “regrettable” la décision de Trump sur Jérusalem », Europe 1, 6 décembre 2017, lien.
(8) « Guerre de Gaza : Amnesty accuse Israël de “crime contre l’humanité” », Le Point, 29 juillet 2015, lien.
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