À Montpellier, le Black Friday en actions contre l’Amazonisation du monde

Le Poing Publié le 4 décembre 2020 à 09:07 (mis à jour le 4 décembre 2020 à 21:22)
Des militants en train de faire une action pour dénoncer le Black Friday à Montpellier.

Jeudi dans la nuit, des députées LREM de l’Hérault ont été vertement rappelées au moratoire qui permettrait de résister à l’expansion de l’empire de Jeff Bezos dans l’Hexagone.

“Amazon : 57 % du chiffre d’affaire dissimulé dans les paradis fiscaux”, “1 emploi créé par Amazon : 4,5 autres emplois détruits”, “Acheter sur Amazon = détruire le commerce local”, “Amazon, champion mondial des émissions de CO2”… Des dizaines d’affichettes portant ce type de messages ont fait leur apparition dans l’espace public, jeudi en début de nuit à Montpellier. Elles étaient du plus bel effet quand elles masquaient les rutilantes vitrines publicitaires lumineuses des stations de tramway, qui toutes participent à l’hystérie consommatrice des fêtes de fin d’année.

Le pays vient de le vivre, comme dans un film de science-fiction : quelques jours durant, la population entière, avec ses dirigeants, a retenu son souffle, dans l’attente d’un moment historique fatidique : la décision du groupe commercial privé mondial, de changer ou pas la date du Black Friday. C’est effarant. Donc, la veille au soir de ce jour monstrueux, une douzaine de militants d’ANV-Cop 21, et autres citoyens, est passée à l’action.

Aux affichettes mentionnées ci-dessus, il faut rajouter celles, plus grandes et humoristiques, caricaturant Emmanuel Macron en « employé modèle d’Amazon ». Ne vient-il pas de lancer les travaux d’une commission visant à étudier les meilleures mesures pour accélérer l’expansion du e. commerce  dans l’Hexagone ? Et de façon plus concrète il s’est ingénié à exclure les entrepôts logistiques du e.commerce, des dispositions de la loi Climat qui veulent empêcher les créations de nouvelles zones commerciales.

Conformément aux travaux de la Convention citoyenne sur le climat, un moratoire devrait empêcher ce type d’équipements, mais pour le meilleur ami français de Jeff Bezos, un entrepôt Amazon n’est pas une zone d’activité commerciale. C’est clair. De totale mauvaise foi, la pirouette feint d’ignorer un effet destructeur sur l’environnement strictement équivalent. Il n’est qu’à aller demander aux habitants de la région de Fournès, près du Pont du Gard, qui résistent à une implantation de ce type.

Dans le monde bisounours de la “démocratie” parlementaire, il reviendrait donc aux députés d’introduire des amendements, pour recadrer les entrepôts logistiques dans les dispositions du moratoire de la Loi Climat. D’où une autre affiche, collée en grand nombre sur les permanences parlementaires de Coralie Dubost à Castelnau-le-Lez, et de Patricia Miralles dans le secteur de l’avenue de Toulouse, toutes deux LREM. Sur cet autre support, Emmanuel Macron est présenté en majesté comme grand complice de Jeff Bezos, avec la question “et vous ?” nommément posée à chacune des deux élues.

Cette action faisait partie d’une mobilisation plus large portée par d’autres groupes militants de la ville. Les membres d’ATTAC avaient prévu de se manifester ce vendredi en fin de matinée devant un équipement automatique de remise des colis Amazon, sur le parking d’une station-service au pied d’Antigone et du Polygone. On s’attendait aussi à une présence sur le terrain de la part d’Extinction-Rébellion.

Pendant ce temps, au lieu d’entrer dans l’action contre cette superpuissance mondiale qui les tue, les commerçants de Montpellier étaient appelés, par leurs représentants, à dénoncer les citoyens manifestants qui donnent vie au centre ville, en refusant que l’espace public soit aliéné au régime généralisé de la marchandise. Quand on leur montre le tigre, ils préfèrent s’inquiéter de la souris.

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