À Montpellier, les ambulanciers manifestent contre « l’ubérisation » de leur métier

Le Poing Publié le 15 novembre 2018 à 17:20 (mis à jour le 25 février 2019 à 19:46)

Après avoir bloqué une partie du périphérique parisien la semaine dernière, les ambulanciers ont aujourd’hui manifesté à Montpellier. Une soixantaine de voitures-ambulance ont défilé sirène hurlante et se sont stationnés cours Gambetta, bloquant la circulation. Ils protestent contre l’entrée en vigueur le 1er octobre dernier de l’article 80 de la loi de financement de la sécurité sociale, qui prévoit la non prise en charge des déplacements liés aux soins de suite et de rééducation.

« Avant, on transportait des patients mais demain, on transportera des clients »

Un ambulancier nous résume la situation : « L’article 80 modifie intrinsèquement notre profession, mais aussi la vie de nos patients. Avant, les ambulanciers facturaient l’intégralité du transport directement à la sécurité sociale en lieu et place du patient mais désormais, la sécurité sociale va donner une enveloppe aux hôpitaux pour qu’ils assurent eux-mêmes les transports […]. Si le transport ambulancier a augmenté, c’est parce que la santé a pris un virage important dans le sens de l’ambulatoire, de l’hospitalisation à domicile. Mais nous, ambulanciers, on ne peut pas être tenu responsable de ce phénomène. On ne fait que délivrer un transport sur prescription d’un médecin, de la même manière qu’un pharmacien donne un médicament sur prescription d’un médecin. Avec le nouveau système, les hôpitaux vont être amenés à faire des appels d’offre, donc ils vont prendre les sociétés les moins chères : c’est une véritable ubérisation des transports sanitaires. Avant, on transportait des patients mais demain, on va transporter des clients. Nous, on connaît nos patients, on rentre dans leur domicile, on tisse des liens sur le long terme, on connaît leurs pathologies et leurs problèmes et eux aussi nous connaissent bien. Mais demain, les patients n’auront plus la possibilité de choisir leur société de transport, c’est l’hôpital qui choisira pour eux. La conséquence, c’est que les patients vont être pris en charge par des personnes différentes chaque jour et ça, on ne peut pas l’accepter ».

Délégation à la caisse d’assurance maladie

Une délégation d’ambulanciers a été reçu par le responsable de l’Agence régionale de la santé (ARS), l’autorité de tutelle des transports sanitaires, puis par le directeur de la caisse d’assurance maladie de Montpellier, dans le but de geler l’article 80.

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