Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | A Gaza, le plan israélien

8 mars 2025
Rester sur sa terre

Pendant la manifestation monstre du 8 Mars à Montpellier, comme dans toutes les villes de France, Abu Amir nous a envoyé ce texte ; une douche froide à regarder en face pour résister !

Des sources de sécurité israéliennes ont révélé que Tel-Aviv a mis en place un nouveau plan visant à déplacer la population de la bande de Gaza par des moyens qualifiés de “doux”, afin d’éviter les accusations internationales de crimes de guerre liés au déplacement forcé. Selon le journal Israel Hayom, le gouvernement israélien travaille à faciliter le départ de milliers de Palestiniens de la bande de Gaza chaque jour par trois principaux itinéraires : terrestre via le passage de Rafah, maritime via le port d’Ashdod et aérien via l’aéroport de Ramon.

D’après le rapport, Israël cherche à permettre à environ 2 500 Palestiniens de quitter Gaza quotidiennement. Un mécanisme spécifique a été mis en place pour y parvenir, sous la supervision directe du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. Le journal indique qu’un pays s’est montré intéressé à accueillir des ouvriers du bâtiment en provenance de Gaza, mais les pressions internationales ont conduit à la suspension temporaire de cette initiative. Cependant, Israël poursuit ses efforts pour vider la bande de Gaza de sa population, insistant sur le fait qu’il est dans son intérêt de faciliter le départ du plus grand nombre possible de Palestiniens.

Parallèlement, Israël cherche à donner une apparence de “volontariat” à ce déplacement en offrant des facilités spéciales aux personnes souhaitant quitter Gaza. Une nouvelle administration a été créée au sein du ministère de la Défense pour organiser ces départs. Selon certaines sources, le plan prévoit l’octroi d’aides financières et de facilités logistiques aux migrants, ainsi que la recherche de pays d’accueil en Europe, en Afrique et dans le Golfe. Depuis le début de la guerre, des milliers de Palestiniens ont déjà été déplacés via ces itinéraires. On estime qu’environ 35 000 personnes ont quitté Gaza par le passage de Rafah, tandis que d’autres se sont dirigées vers des pays comme la Roumanie et l’Italie avec l’intention de ne jamais revenir.

Ce plan bénéficie du soutien de certains responsables de l’administration américaine, le président Donald Trump l’ayant qualifié d’initiative « audacieuse », permettant de remodeler l’avenir tant d’Israël que de la population de Gaza. De son côté, l’Union européenne a exprimé son inquiétude face à ces projets, affirmant que toute solution à la crise doit garantir le retour des Palestiniens dans leurs foyers plutôt que leur expulsion vers d’autres pays.

Du côté palestinien, ce plan a été largement rejeté par les factions, notamment par le Hamas, qui considère ce déplacement comme un crime contre le peuple palestinien et une tentative de liquider la cause palestinienne en imposant de nouveaux faits sur le terrain. Les organisations de défense des droits de l’homme ont également mis en garde contre ce qu’elles considèrent comme un processus de « nettoyage ethnique », dénonçant une violation flagrante du droit international humanitaire. Elles préviennent des conséquences catastrophiques d’une telle mise en œuvre, notamment au vu de la crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver à Gaza en raison de la guerre et du blocus israélien en cours.

La question qui se pose ici est la suivante : y a-t-il un terrain favorable à la réussite du plan israélien ? Malheureusement, la réponse est oui. La situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza rend ce projet réalisable, même s’il n’est pas officiellement déclaré. Depuis de nombreuses années, les Palestiniens de Gaza sont confrontés à des crises répétées, transformant leur quotidien en un cauchemar sans fin. Le blocus imposé depuis plus de 17 ans a paralysé tous les aspects de la vie, rendant l’accès aux besoins fondamentaux – comme la nourriture, l’eau potable et les soins médicaux – un véritable défi. À cela s’ajoutent les coupures fréquentes d’électricité, qui peuvent durer plus de 20 heures par jour, aggravant la souffrance des habitants et paralysant des secteurs vitaux tels que la santé et l’éducation.

Les guerres successives contre Gaza, la plus récente ayant éclaté en octobre, ont rendu la vie quasiment impossible pour de nombreux habitants. Les bombardements incessants ont rasé des quartiers entiers et effacé du paysage des zones résidentielles, laissant des centaines de milliers de personnes sans abri. Des familles entières ont tout perdu : des maisons réduites en ruines, des commerces anéantis, des économies de toute une vie parties en fumée en quelques instants. Face à cette réalité, nombreux sont ceux qui envisagent de quitter Gaza, non par choix, mais pour échapper à une mort lente sous les bombes et la famine.

De plus, l’insécurité est omniprésente. Il n’existe plus de refuge sûr à Gaza, même les hôpitaux et les écoles, autrefois considérés comme des abris temporaires, ont été pris pour cible. La peur de voir leur propre vie ou celle de leurs proches anéantie à tout moment est devenue un état d’esprit permanent pour les habitants. Ce climat psychologique oppressant pousse de nombreuses personnes à considérer que rester à Gaza n’est plus une option viable, et que chercher une nouvelle vie ailleurs pourrait être la seule issue, même si cela signifie partir vers des destinations inconnues.

Tous ces facteurs – destructions massives, conditions de vie précaires, absence de perspectives d’avenir – jouent en faveur du plan israélien, qui semble miser sur le désespoir comme principal levier pour inciter les Palestiniens à partir « volontairement ». Ce n’est pas une simple crise passagère, mais une politique de longue date visant à vider Gaza de ses habitants et à en faire une terre sans peuple. Toutefois, la grande question demeure : les Palestiniens vont-ils céder à ces plans, ou parviendront-ils, malgré la souffrance et les épreuves, à s’accrocher à leur terre, quoi qu’il en coûte ?

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