Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | A Gaza poursuivre le travail sur le terrain quoiqu’il arrive!

22 novembre 2025
A chaque repas distribué, une parcelle d'espoir! crédit photo UJFP Gaza

Le compte rendu du travail de l’équipe de l’UJFP le 22/11: entre les ruines de la guerre et la paralysie du blocus, une tragédie humaine qui se renouvelle.

Au cœur de la bande de Gaza, cette étroite bande côtière bondée de vies et de rêves brisés, la tragédie humaine ne cesse de s’aggraver malgré l’annonce de la fin de la guerre. Les habitants se retrouvent pris entre les décombres de leurs maisons détruites et les souvenirs des bombardements violents qui marquent encore chaque détail de leurs journées. Les attaques répétées menées par l’armée israélienne de temps à autre ont créé un état permanent de panique et de peur. Les citoyens vivent au rythme d’explosions soudaines qui frappent leurs zones résidentielles, laissant chaque fois derrière elles des morts et des blessés. Depuis l’annonce du cessez-le-feu, les attaques sont devenues plus larges et plus profondes, comme si le secteur vivait une trêve formelle qui ne tarde jamais à s’effondrer sous une pluie de missiles et d’obus. Les habitants de Gaza se réveillent chaque matin avec une nouvelle inquiétude, ignorant s’ils passeront la journée en paix ou s’ils viendront s’ajouter à la longue liste des victimes qui paient un lourd tribut pour un conflit qu’ils n’ont pas choisi.

Dans les ruelles étroites et les camps surpeuplés, se répètent des histoires d’horreur vécues par des enfants qui, au moindre bruit d’explosion, revivent les longues nuits passées dans l’obscurité, le froid et la peur. Bien que la guerre soit théoriquement terminée, Gaza continue de vivre une réalité militaire imposée à chaque détail de la vie quotidienne. La peur est devenue une partie intégrante du quotidien des habitants, qui s’attendent au pire à tout moment. Les frappes aériennes soudaines tuent à chaque fois des civils innocents dont le seul tort est de vivre dans une zone assiégée. Dans ces conditions, la vie semble suspendue au bord de l’inconnu, où les signes de stabilité disparaissent et où le rêve de sécurité devient un luxe inatteignable.

La tragédie se révèle lorsque les habitants parlent des moments où ils ont échappé aux bombardements, et de leur sentiment d’impuissance face à leurs enfants, incapables de dormir tant la peur les habite. Quant aux personnes âgées, elles ont le sentiment que l’idée même de survie est devenue illusoire , même si la guerre s’est arrêtée sur le papier, sa brutalité continue de battre dans les détails de leur quotidien. De cette douleur profonde émerge l’image d’un territoire qui saigne, assiégé, menacé et privé des droits humains les plus élémentaires. Les habitants restants vivent dans un cercle sans fin de terreur, ne trouvant d’armes que la patience, de réconfort que l’espoir, et de choix que celui difficile mais unique de s’accrocher à la vie.

Une situation humanitaire en déclin

La situation humanitaire dans la bande de Gaza demeure l’une des pires au monde. Les conditions de vie essentielles sont presque totalement absentes, transformant la quête de nourriture, d’eau et d’abri en une souffrance quotidienne qui épuise les habitants et consume leur capacité à résister. Chaque matin, les Palestiniens de Gaza commencent leur journée en faisant la queue devant les centres de distribution alimentaire ou les camions d’eau, une scène récurrente et douloureuse qui reflète l’ampleur de la crise.

Obtenir un morceau de pain ou une bouteille d’eau est devenu une tâche ardue, mais les habitants n’ont d’autre choix que d’attendre sous le soleil ou la pluie dans l’espoir de trouver de quoi survivre. Avec la répétition quotidienne de ces scènes, beaucoup ont le sentiment d’être devenus un fardeau pour eux-mêmes, la guerre les ayant transformés en personnes cherchant de l’aide partout. Dans des scènes bouleversantes, les enfants courent derrière les camions de secours, tandis que femmes et hommes cherchent n’importe quelle organisation susceptible de leur fournir de la nourriture. Cette souffrance quotidienne a tué l’espoir chez beaucoup, transformant leur vie en une succession de tragédies ponctuées de rares moments de répit chargés d’anxiété.

La plupart des familles à Gaza vivent désormais dans des tentes qui ne les protègent ni du froid de l’hiver ni de la chaleur de l’été, après avoir perdu leurs maisons rasées sous l’intensité des bombardements. L’absence de services essentiels aggrave encore leurs conditions de vie : pas d’électricité, pas d’eau potable, pas d’infrastructures permettant d’atténuer leurs crises quotidiennes. Les hôpitaux sont incapables d’accueillir les nombreux malades et blessés, faute de médicaments et d’approvisionnements médicaux. Tout cela crée une image sombre et douloureuse, révélant l’ampleur de la catastrophe frappant les habitants qui tentent de survivre dans un environnement devenu inhabitable.

Dans ces circonstances tragiques, les parents se sentent totalement impuissants, incapables de protéger leurs enfants ou de répondre à leurs besoins essentiels. Chaque jour qui passe entame davantage leurs forces physiques et psychologiques, tandis que le secteur se transforme en zone sinistrée à tous égards, nécessitant une intervention urgente avant qu’il ne soit trop tard.

Le chômage et la destruction des secteurs productifs

Le chômage est devenu un phénomène généralisé dans la bande de Gaza, se propageant parmi les habitants comme un feu incontrôlé après que la guerre a détruit la majorité des secteurs productifs et vitaux, tels que l’agriculture, la pêche et l’industrie. Ces secteurs faisaient vivre des milliers de travailleurs. Après deux années de bombardements continus et de destruction massive, l’économie de Gaza a été frappée d’un coup dont elle peine encore à se relever.

La persistance du blocus imposé par Israël a paralysé les importations et les exportations, empêchant l’entrée des matières premières nécessaires à la relance des usines, des exploitations agricoles et des ateliers de production. Cette détérioration économique a poussé des milliers de jeunes dans les rangs des chômeurs, chaque foyer se retrouvant presque sans source de revenu. Les taux de pauvreté ont atteint des niveaux sans précédent. Les pêcheurs qui vivaient de la mer ne peuvent plus travailler en raison des restrictions imposées et du ciblage de leurs bateaux par la marine israélienne. Les agriculteurs ont vu leurs exploitations détruites et leurs terres transformées en zones dévastées, contaminées ou dangereuses à cause des mines et des munitions non explosées.

Quant au secteur industriel, il a reçu un coup fatal avec la destruction des usines et des équipements, provoquant l’arrêt de milliers d’ouvriers. En l’absence d’alternatives, les habitants se sentent piégés dans un cercle de désespoir poussant beaucoup à envisager l’émigration vers une vie meilleure ailleurs. Avec un blocus toujours en vigueur, toute discussion sur une reprise économique semble un rêve lointain.

Un besoin urgent de soutien complet et d’une véritable reconstruction

Gaza a un besoin urgent d’un soutien global et complet. Le changement de la réalité tragique que vivent les habitants ne peut se produire que par la reconstruction des projets détruits et la restauration d’infrastructures complètement effondrées sous les bombardements.

Cependant, les habitants savent que la reconstruction ne portera pas ses fruits tant que perdureront le contrôle israélien sur les points de passage et le blocus imposé depuis de longues années. La domination israélienne sur tout ce qui entre et sort du secteur constitue l’obstacle majeur à toute tentative de relance économique et sociale. Il est impossible d’introduire du matériel de construction, des équipements médicaux, des machines industrielles ou même certains produits alimentaires sans l’approbation israélienne. Gaza reste ainsi isolée du monde, prisonnière d’une crise sans fin.

Les habitants exigent la levée de ce blocus inhumain qui étouffe leur vie et les empêche de vivre dans la dignité. Ils appellent la communauté internationale à intervenir pour faire pression sur Israël afin d’ouvrir les points de passage et permettre ainsi la reconstruction et le retour à une vie normale. La levée du blocus est leur première et principale revendication, la clé essentielle pour améliorer leurs conditions de vie. Sans cela, tous les projets de reconstruction resteront des tentatives temporaires incapables de survivre face aux restrictions et à l’effondrement économique continu.

Le rôle des équipes humanitaires dans le soutien et la résilience des habitants

Face à cette situation difficile, où Gaza a besoin de toutes les mains pour la sauver de la faim, du froid, de la privation et de la perte, nos équipes poursuivent leur travail sur le terrain avec force, de Khan Younès à Deir al-Balah jusqu’à la ville de Gaza. Elles offrent tout ce qu’il est possible de fournir pour soutenir des habitants meurtris qui ont tout perdu durant la guerre. Ces équipes travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, au milieu des ruines et du manque de ressources.

Des milliers de familles déplacées de force se retrouvent dans des camps ne répondant pas aux normes minimales de dignité humaine. Ces camps manquent de tout : abris adaptés, installations sanitaires, nourriture suffisante. Dans ces conditions douloureuses, les équipes humanitaires jouent un rôle essentiel en fournissant des repas chauds aux familles déplacées. Ces repas sont devenus la seule source de nourriture pour beaucoup de familles qui n’ont plus les moyens de cuisiner ou d’obtenir de la nourriture. Chaque jour, les équipes de préparation et de distribution se déplacent sous le risque du bombardement et le manque de carburant pour assurer des milliers de repas, à Deir al-Balah et dans la zone d’Al-Mawasi à Khan Younès.

Les équipes offrent également un soutien psychologique aux femmes et aux filles vivant dans des conditions mentales difficiles après la perte de leurs maisons ou de membres de leurs familles. Les équipes organisent des sessions collectives et individuelles, ainsi que des activités récréatives pour les enfants afin d’alléger le poids psychologique qui pèse sur les habitants.

L’importance de leur travail ne réside pas uniquement dans la distribution de nourriture ou le soutien psychologique, mais aussi dans la transmission d’un sentiment en-tre aidés et soutenus, malgré la dureté de la situation. Leur présence au cœur de la tragédie quotidienne représente une petite lueur d’espoir dans l’obscurité, rappelant aux déplacés qu’ils ne sont pas seuls. À chaque repas distribué, à chaque mot de soutien, se construisent de petites passerelles d’espoir qui aident les habitants à continuer à affronter un réel insupportable.

Ces équipes poursuivent leur devoir malgré les dangers sécuritaires et les difficultés du terrain, affirmant que l’action humanitaire constitue le pilier essentiel de la résilience des habitants de Gaza, et que fournir de la nourriture aux familles déplacées n’est pas seulement un acte d’aide, mais une mission profondément humaine qui leur rend une part de leur dignité et les aide à continuer de vivre.

Lien vers les photos et vidéos

Fourniture de repas pour le camp d’Al Fajr (camp des agriculteurs)

https://drive.google.com/drive/folders/1GNLNWLD9X76eZ1oSkhsk4Q_do4Fv4BFo

Fournir des repas au camp d’Al-Hilal

https://drive.google.com/drive/folders/1KJGXgUAkts3ZcV2MRqzYcL1XNjzWAu1B

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