Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” |À Gaza,travailler, semer, enseigner, envers et contre tout.

6 avril 2025
Fournir de l'eau aux résidents de la région d'Abu Taima

Le 5 Avril au soir nous recevons encore comme chaque fin de semaine le compte rendu des actions menées par l’équipe de l’ UJFP qui persiste pour soutenir la population quoiqu’il arrive
Crise alimentaire à Gaza : une famine programmée
Alors que la guerre israélienne contre la bande de Gaza se poursuit, les habitants vivent l’une des crises humanitaires les plus graves de leur histoire récente. Une crise qui dépasse la douleur pour devenir une menace existentielle directe : la faim. Depuis des années, Israël applique une politique méthodique de blocus et de privation envers les habitants de Gaza. Mais ce qui se passe aujourd’hui dépasse toutes les prévisions, même pour une population habituée à résister face à l’oppression.
Avec l’intensification de l’agression, toutes les boulangeries de Gaza ont cessé leur activité, faute de farine, d’électricité et de gaz. L’odeur du pain chaud a disparu des matins des foyers. Le pain a déserté les tables. Les files d’attente devant les rares points de distribution rappellent désormais les scènes de famine dans les régions les plus pauvres du monde. Dans les marchés, la farine se fait rare, et son prix a été multiplié – lorsqu’elle est disponible. Cette crise a exacerbé la souffrance des habitants et poussé des centaines de personnes à manifester dans les rues de Gaza ces derniers jours, réclamant la fin de la guerre, l’ouverture immédiate des points de passage, et la fourniture urgente de produits alimentaires de base, à commencer par la farine.
Des points de passage fermés : une strangulation économique et alimentaire lente
La fermeture des points de passage n’est plus seulement une mesure sécuritaire : elle est devenue une arme meurtrière utilisée contre plus de deux millions de personnes. Le maintien de la fermeture du poste de Kerem Shalom – unique point d’entrée pour l’alimentation et les médicaments – a paralysé toutes les opérations humanitaires, provoquant une crise alimentaire grave et imminente. Si cette fermeture perdure dans les semaines à venir, Gaza plongera dans une véritable famine, avec tout ce que cela implique en termes de chaos et d’effondrement social.
Les centres de distribution alimentaire… tombent les uns après les autres
De nombreux centres de distribution gérés par des organisations internationales ou locales ont fermé au cours des dernières semaines, soit en raison de l’épuisement des stocks, soit à cause des bombardements ou de l’interruption des chaînes d’approvisionnement. Selon des estimations de terrain, les centres encore ouverts risquent de cesser leurs activités dans un délai d’un mois maximum, à moins d’une réouverture urgente des points de passage et de la reprise de l’entrée des denrées essentielles.
L’UJFP… une bouée de sauvetage pour les familles d’agriculteurs à Abou Taïma
Malgré cette réalité sombre, le programme alimentaire lancé par l’UJFP continue de tenir bon sur le terrain. Il distribue des repas complets à des dizaines de familles d’agriculteurs dans la région d’Abou Taïma – une zone agricole gravement touchée par les bombardements, les déplacements et l’effondrement du marché local. Ce programme permet à ces familles de survivre, même sous blocus extrême. Mais l’alerte est bien là : ce programme aussi fait face à de grandes difficultés d’approvisionnement. Et si le blocus et la politique de faim se poursuivent, cet effort remarquable est lui aussi menacé, tout comme tout ce qui reste de vie à Gaza.
Nous espérons que cette catastrophe prendra fin bientôt, car la faim, lorsqu’elle se propage, ne tue pas seulement – elle engendre le chaos, la criminalité, et précipite les sociétés vers l’effondrement moral et social. Nous l’avons vu durant cette guerre : les gens se retrouvent entre le marteau du besoin et l’enclume de la dignité.
Crise de l’eau… la soif dans les bras de la mort
La crise alimentaire n’est pas la seule à hanter les nuits des Gazaouis. Depuis le début de l’agression le 7 octobre, Israël cible délibérément les infrastructures vitales, à commencer par le secteur de l’eau. L’armée israélienne a détruit un grand nombre de puits, de conduites principales, de stations de pompage, de traitement et de distribution à travers la bande de Gaza. Des milliers de familles ont perdu l’accès à l’eau potable ou à l’eau utilisable au quotidien, et des scènes de soif extrême sont apparues dans plusieurs régions du territoire.
Les habitants ont été contraints de consommer de l’eau salée ou polluée, ce qui a provoqué une augmentation des maladies gastro-intestinales et cutanées, en particulier chez les enfants. En l’absence d’électricité, les pompes ne fonctionnent plus, et les citernes vides sont devenues une image quotidienne douloureuse.
Face à cette crise, l’UJFP met en œuvre des projets vitaux pour fournir de l’eau aux populations des zones les plus touchées, notamment à Khuza’a et à Abou Taïma. Là-bas, des projets ont été mis en place pour garantir l’eau nécessaire aux habitants : stations de dessalement à petite échelle, distribution d’eau potable, et soutien à l’irrigation pour sauver ce qui reste de la production agricole locale. Les équipes poursuivent leur travail quotidiennement pour garantir un minimum vital, dans une véritable lutte contre la soif – un autre visage de la guerre.
L’éducation en temps de guerre… une résistance silencieuse
Au cœur de cet enfer ouvert, les habitants de Gaza n’ont pas abandonné ce qu’ils ont de plus précieux : l’éducation. Tandis que tout est bombardé, les enfants continuent de fréquenter de petites classes improvisées, ou s’assoient dans les coins à relire leurs vieux livres. Car ici, apprendre n’est pas un luxe, mais un acte de résistance et de survie.
C’est dans cette optique que l’UJFP soutient l’éducation, notamment pour les enfants des familles d’agriculteurs de la région d’Abou Taïma, via le centre éducatif qu’elle a créé et continue de faire vivre. Ce centre est devenu un refuge sûr pour les enfants déplacés ou ayant perdu leur foyer. Il leur offre un environnement éducatif accueillant, rempli d’activités et de cours, et leur procure un sentiment de stabilité dans le chaos.
À Gaza, l’éducation ne consiste pas seulement à mémoriser des leçons, mais à préserver l’esprit, la conscience, et le droit de rêver, de planifier, et de se relever. Tout comme l’UJFP garantit la nourriture et l’eau, elle croit fermement que l’éducation est la troisième forme de subsistance, tout aussi indispensable.
Gaza ne meurt pas, mais elle saigne
Malgré tout, Gaza est encore vivante. Elle résiste à la faim, à la soif, et tient à éduquer ses enfants au milieu des ruines. Mais cette vie est menacée. Chaque jour, ses racines tremblent. Tout retard dans l’ouverture des points de passage ou dans l’acheminement de l’aide est un crime contre plus de deux millions d’êtres humains. Tandis que nombre d’organisations s’effondrent, l’UJFP continue de lutter en silence, protégeant ce qu’il reste de dignité, et maintenant les gens en vie grâce à l’espoir.
Peut-être ne pouvons-nous pas arrêter la guerre. Mais nous pouvons empêcher la famine. Peut-être ne pouvons-nous pas reconstruire les infrastructures. Mais nous pouvons reconstruire les âmes, et préserver la dignité.
À Gaza, il y a encore ceux qui travaillent, qui sèment, qui enseignent… envers et contre tout.
Lien photos et vidéos
Lien pour fournir des repas aux familles d’agriculteurs

https://drive.google.com/drive/folders/1ApgUGG7Q47FrRkLqQeW6prsjvbY-C4GY

Lien pour fournir de l’eau aux résidents de la région d’Abu Taima
https://drive.google.com/drive/folders/1_NjA89ze3JeZeDvLDZv53ktcHmRKHLJd

 

 

 

 

 

 

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