Chronique ” Gaza urgence Déplacé.e.s” | Au cœur des souffrances quotidiennes vécues par les habitantsde Gaza

9 juin 2025
Continuer à manger!

Le 8 Juin le compte rendu des activités continues et persistantes que mènent les équipes soutenues par l’ UJFP sont le miroir d’une situation qui a dépassé toute catégorisation géographique pour les camps de Déplacé.e.s : encore plusieurs actions cette semaine pour soutenir la population des camps à Gaza

Les femmes fatiguées, fragiles mais capables de se relever!

Compte rendu d’un Atelier de soutien psychologique pour les femmes dans  la ville de Gaza 8 Juin

Dans un coin du camp Al-Israa, en plein cœur de la ville de Gaza, précisément sous une tente aux rideaux légers tentant de filtrer les rayons brûlants du soleil s’infiltrant à travers les interstices du tissu, vingt-sept femmes déplacées se sont réunies dans un atelier peu conventionnel.

Les équipes de l’UJPF ont organisé cet atelier intitulé avec pertinence : « Atelier de relaxation silencieuse et de décharge émotionnelle pour les femmes déplacées vivant sous des tentes »

À Gaza, les dommages ne se limitent plus aux maisons détruites, ni à la perte des biens ou à la coupure des services. Ils touchent désormais les profondeurs : les cœurs tremblants, les esprits épuisés, les corps alourdis par une tension invisible. Cet atelier leur disait « Vous avez le droit de respirer. Vous avez le droit de déposer le fardeau, ne serait-ce qu’un instant. »

Dans le silence, la séance a commencé au son d’une musique douce, semblable au murmure de l’eau, lavant les blessures invisibles de l’âme. Les femmes se sont assises en cercle, puis ont lentement fermé les yeux, guidées par un exercice de respiration profonde. “On inspire… on retient… et on expire la douleur, la peur, l’épuisement.”

Vint ensuite la relaxation musculaire : les femmes devaient contracter progressivement les muscles de leurs pieds et de leurs bras, puis les relâcher à l’expiration. Le corps d’une participante s’est mis à trembler légèrement, et l’animatrice a posé doucement sa main sur son épaule, comme pour lui dire : « Je suis là, tu n’es pas seule. »

Certaines femmes se sont alors imaginées ailleurs. L’une d’elles a dit : « Pendant quelques instants, j’ai oublié que je vivais dans une tente. J’ai eu l’impression d’être chez ma mère, à une époque sans guerre. »

Celles qui le souhaitaient ont pu ensuite partager leurs émotions. Une femme a commencé à pleurer avant même de prononcer un mot. Personne ne l’a interrompue, personne ne lui a dit de « se calmer » ou de « rester forte ». Elle a simplement été laissée à son chagrin, entourée de silences remplis de compassion. Après s’être apaisée, « J’avais juste besoin de m’autoriser à pleurer… Pour la première fois depuis notre déplacement, je me suis sentie humaine, pas seulement une mère obligée de tout supporter. »

Une autre a commencé à écrire sur un petit bout de papier sans parler. « Personne ne sait combien j’ai peur chaque nuit. Je ne peux pas fermer les yeux sans entendre les explosions dans ma tête, même si elles ont cessé. »

Une participante assise dans un coin dessinait des cercles entrelacés avec des couleurs pâles« Je dessinais pour éviter de parler, mais j’ai fini par tracer des cercles qui ressemblent à ma poitrine quand je respire calmement… Je respire enfin. »

L’atelier s’est conclu par une brève discussion sur la façon dont les femmes pouvaient reproduire ces exercices sous leurs tentes, même pendant seulement cinq minutes par jour. Une femme a proposé d’instaurer des « minutes de silence collectif » entre voisines, où elles se retrouveraient en silence, écouteraient de la musique sur un simple téléphone, et pratiqueraient ensemble la respiration. Une autre a ri en disant : « Même en plein bombardement… une minute de répit fait toute la différence. »

L’atelier de « relaxation silencieuse et de décharge émotionnelle » a été bien plus qu’une activité : ce fut un cri silencieux affirmant que les femmes déplacées ne sont pas seulement fortes malgré elles, mais des êtres humains qui ont le droit de poser la tête sans être poursuivies par la peur. L’atelier a confirmé que le soutien psychologique n’est pas un luxe en temps de crise, mais une nécessité, et que l’autonomisation commence lorsque nous reconnaissons nos besoins, et que nous trouvons un espace où nous sommes accueillies telles que nous sommes : fatiguées, fragiles, mais capables de nous relever.

Lien vers les photos et vidéos

https://drive.google.com/drive/folders/17NixVzmVesmorg7wcCdmOCiJ-1_pTp0B

Continuité du programme humanitaire et du travail éducatif

Les racines de la famine s’enfoncent de plus en plus, devenant une réalité amère qui dévore impitoyablement les corps des Gazaouis. Des milliers de familles, aujourd’hui, ne trouvent rien pour apaiser la faim de leurs enfants, sous un blocus étouffant et une fermeture continue des points de passage depuis plus de 60 jours. Cela a entraîné une paralysie totale de l’entrée des denrées alimentaires et des produits de base. Les marchés sont vides, les boulangeries ont cessé de fonctionner, la farine est introuvable, les légumes sont rares, et même l’eau devient difficile à se procurer.
Certains peuvent se demander : comment peut-on parler de famine alors que des camions chargés d’aides humanitaires entrent dans la bande ? En réalité, ces camions ne couvrent qu’une infime partie des besoins énormes. Lorsqu’un nombre limité de camions entre tous les deux jours dans une région peuplée de plus de deux millions de personnes, la situation se transforme en véritable catastrophe humanitaire. Ces camions sont parfois pillés avant même d’atteindre les entrepôts de distribution — non pas par cupidité, mais parce que la faim ne peut attendre, et ne peut être gérée par des programmes de distribution lents et épuisants, qui peuvent prendre des semaines avant d’atteindre ceux qui en ont besoin.
Si Israël est réellement sérieuse dans sa volonté de mettre fin à la famine, la solution est simple et évidente : ouvrir complètement et immédiatement les points de passage, et permettre l’entrée de tous les camions bloqués à la frontière. Ce n’est qu’à ce moment-là que la famine pourra être éradiquée en deux ou trois jours tout au plus, car la structure humanitaire à Gaza, bien que fragile, existe toujours et est capable de réagir immédiatement si les ressources sont disponibles.
Dans ce contexte humain douloureux, les équipes de l’UJFP poursuivent leur mission éthique et humanitaire malgré les risques et les difficultés. Leurs équipes de terrain continuent d’opérer dans la région de Mawassi, à Khan Younès, où le nombre de déplacés augmente quotidiennement, et où les besoins en nourriture et en eau dépassent toutes les prévisions. Les équipes distribuent des repas chauds aux familles d’agriculteurs et aux groupes affectés, dans un effort intense pour combler le vide causé par la faim. Ce qui est particulièrement douloureux, c’est qu’on ne peut plus parler de « camp précis » dans cette région. La réalité a dépassé les classifications géographiques : lorsqu’on commence à distribuer la nourriture, les bénévoles ne font pas de distinction entre les enfants du camp et ceux de l’extérieur, car tout le monde a faim. Tous attendent une bouchée pour calmer la faim, une gorgée d’eau pour rester en vie. Il n’y a ni temps pour les questions, ni place pour les distinctions, car la tragédie est totale et la douleur est la même pour tous. C’est une famine silencieuse, peu relayée, qui ne trouve pas l’écoute qu’elle mérite, mais qui, chaque jour, ravage les corps affaiblis et brise la dignité d’un peuple qui ne réclame que son droit à la vie.
Lien vers les photos et vidéos travail humanitaire https://drive.google.com/drive/folders/1aHQ31fZkh1tGx2xUtwEOvKpd6q6eldAC

Programmes éducatifs https://drive.google.com/drive/folders/1FzKcF5dNUHZlUCugJxlOtj9vVQBF-Uu6

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