Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Dans le nord de la bande de Gaza : entre la faim, la soif et le déplacement
1 février 2025Un texte d’ Abu Amir reçu le 1er Février qui souligne que la situation actuelle, plus critique que jamais dans le Nord, ne peut que conduire à un nouvel exode forcé !
Malgré les déclarations de l’UNRWA et des organisations internationales affirmant que l’acheminement de l’aide vers la bande de Gaza s’est amélioré, la situation humanitaire des déplacés retournant à la ville de Gaza et au nord du territoire reste catastrophique à tous les niveaux. Au lieu de retrouver un semblant de stabilité, ces populations font face à une réalité marquée par la destruction, la faim et l’absence des besoins les plus fondamentaux.
Une crise de l’eau potable qui aggrave la souffrance des habitants
Les habitants du nord de la bande de Gaza, en particulier les déplacés de retour, sont confrontés à une crise de l’eau potable sans précédent. La destruction de la majorité des puits et des stations de dessalement a laissé cette région en proie à une sécheresse dramatique. À l’heure actuelle, une seule station fonctionne encore dans la ville de Gaza, tentant de fournir de l’eau potable aux habitants de la ville et du nord, mais cela reste largement insuffisant. Face à cette situation, de longues files d’attente se forment quotidiennement dans l’espoir d’obtenir quelques litres d’eau, une quantité souvent dérisoire par rapport aux besoins des familles. Cette pénurie fait craindre une catastrophe sanitaire imminente, avec un risque accru de maladies dues à l’absence d’eau potable et à l’utilisation de sources non sécurisées.
Dormir à la belle étoile ou sous des abris inadaptés
Au-delà du manque d’eau, les déplacés retournant dans le nord de Gaza doivent également affronter l’absence totale de logements adéquats. La plupart d’entre eux dorment à la belle étoile ou sous des tentes inadaptées, car aucune tente n’a été acheminée dans la ville de Gaza et le nord du territoire malgré les nombreux appels lancés par les habitants et les autorités locales. Les conditions de vie dans ces camps de fortune sont extrêmement dures, les tentes ne fournissant aucune protection contre le froid hivernal ni contre les intempéries. Quant à ceux qui n’ont même pas de tente, ils sont contraints de passer leurs nuits en plein air, exposés à des températures glaciales et à des conditions de vie inhumaines.
Une aide limitée : un moyen de forcer les déplacés à retourner vers le sud
Bien que certaines organisations internationales aient signalé une amélioration de l’acheminement de l’aide, la réalité dans le nord de la bande de Gaza est bien différente. L’aide humanitaire qui y est envoyée semble être sévèrement limitée, ce qui pousse de nombreux habitants à se demander si cette politique vise intentionnellement à contraindre les déplacés à retourner dans le sud, où l’aide est plus abondante. Cette réduction des livraisons de nourriture, d’eau et de matériel de première nécessité laisse peu de choix aux populations du nord : survivre dans des conditions inhumaines ou chercher refuge ailleurs. Il s’agit d’une stratégie claire pour rendre la vie impossible dans cette région et pousser ses habitants à l’exode.
Israël et la politique du déplacement forcé
Tout porte à croire que la politique menée par Israël, avec le soutien de ses alliés, vise à rendre la vie insoutenable dans le nord de Gaza, forçant ainsi ses habitants à partir. Dans ce contexte, le président américain continue d’affirmer que l’Égypte et la Jordanie finiront par accepter d’accueillir une partie de la population de Gaza, ce qui renforce les soupçons selon lesquels tout ce qui se passe actuellement sur le terrain n’est qu’une étape vers une nouvelle vague de déplacement forcé. Ce qui se déroule sous nos yeux n’est pas simplement une crise humanitaire passagère, mais bien une stratégie délibérée visant à modifier la démographie de la bande de Gaza en forçant ses habitants à partir. Tous les signes indiquent que la poursuite de cette souffrance mènera inévitablement à un nouvel exode, cette fois potentiellement hors du territoire.
L’UNRWA continue ses opérations malgré les pressions israéliennes
Alors que la situation s’aggrave, une nouvelle loi israélienne coupant les relations avec l’UNRWA est entrée en vigueur. Cependant, l’agence continue ses activités dans les territoires palestiniens, y compris à Jérusalem-Est. Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a affirmé que le personnel de l’UNRWA poursuit ses missions humanitaires et continue de fournir des services aux communautés qu’il soutient. Les cliniques de l’agence en Cisjordanie et à Jérusalem-Est restent opérationnelles, et les opérations humanitaires se poursuivent à Gaza malgré les restrictions croissantes. Il a ajouté que le personnel étranger de l’UNRWA en Israël avait quitté le pays, mais que l’agence avait pris des mesures de précaution pour garantir la continuité de ses opérations. Ainsi, tout le matériel, y compris les documents, les ordinateurs et les véhicules, a été transféré hors du siège de Jérusalem-Est. Malgré ces défis, l’UNRWA demeure l’un des derniers remparts de protection pour des milliers de familles palestiniennes démunies, s’efforçant de remplir son mandat jusqu’à ce qu’elle ne soit plus en mesure de le faire.
Conclusion : vers quelle issue ?
La situation dans le nord de la bande de Gaza est aujourd’hui plus critique que jamais, et rien ne laisse présager une amélioration à court terme. Entre la faim, la soif et l’absence de logement, les habitants vivent un calvaire quotidien. Avec la politique israélienne visant à limiter l’aide et à créer un environnement invivable, le déplacement forcé des populations semble être le but ultime. Une question cruciale reste en suspens : jusqu’à quand cette tragédie va-t-elle durer ? La communauté internationale prendra-t-elle enfin des mesures concrètes pour mettre fin à cette souffrance ? Si la situation continue sur cette lancée, les habitants du nord de Gaza n’auront d’autre choix que de partir une fois de plus, rejouant un exode qu’ils espéraient ne jamais revivre.
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