Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Des nouvelles de Madleen, femme pêcheur à Gaza
20 février 202518 Février 2025 / Madleen a vécu la dernière année déplacée dans un camp de toile improvisé dans le centre de la bande de Gaza, avec un petit nombre d’autres familles de pêcheurs. Au cessez-le-feu, elle est retournée dans son quartier de Gaza-ville, d’où elle nous écrit.
Je suis ici à Gaza depuis le premier jour où ils nous ont permis de rentrer, à pied et pour les enfants avec une poussette d’enfant que j’ai acheté grâce à un don de l’un de mes amis au Canada. J’ai beaucoup souffert. La route était très longue, mais à la fin nous sommes arrivés à Gaza et nous avons trouvé des tas de décombres. Ils ont tout détruit : les rues, les maisons, les hôtels, les hôpitaux, les écoles, les universités, le port et tout le reste. Nous sommes finalement arrivés dans le quartier où nous vivions. Le bâtiment n’a pas été complètement détruit et la maison est debout, mais partiellement abîmée. Il n’y a ni fenêtres ni portes. Les personnes déplacées qui vivaient dans notre maison, déplacés du nord, ont pris tout, et les meubles. Nous n’avons rien trouvé, pas de couvertures, pas de vêtements, pas d’ustensiles de cuisine, rien.
En fait je ne possédais pas de maison. Je vivais depuis mon mariage dans une pièce de 4 mètres sur 4 dans la maison de la famille Khader, qui fait 80 mètres de long et où vivent plus de 10 personnes avec une salle de bain et une cuisine communes. Avant la guerre, mon mari et moi essayions de travailler pour construire une petite maison. Nous travaillions dans la pêche et préparions des filets pour économiser de l’argent, mais la guerre a été plus rapide. Tout a disparu, y compris les bateaux, les filets et tout ce que j’avais économisé pendant les longues années où je travaillais avec mon père. La guerre a été la pire chose qui me soit arrivée depuis ma naissance. J’ai perdu la maison de mon père et celle de mon frère. J’ai perdu mon père. Nous avons perdu nos sources de revenus, moi, ma famille et la famille de mon mari. Ma mère et mon frère avaient l’habitude de tirer leur nourriture de la mer. Mon frère travaillait sur le bateau de mon père, moi sur le mien et mon mari sur le sien. Nous essayions simplement de nourrir nos enfants et de mener une vie décente. Aujourd’hui, nous avons tout perdu.
La communication est difficile à Gaza. Il est difficile d’avoir accès à Internet. L’absence d’eau douce rend la vie très difficile. Il semble que nous allons beaucoup souffrir.
Les femmes ont rencontré de grandes difficultés en essayant de se relever face à ces difficultés. Les destructions et les conditions de vie ont fait qu’il leur a été difficile de retrouver leur vie d’avant. Les conditions hostiles ont rendu les choses encore plus difficiles. Et la peur de l’insécurité dans la région de retour, et le fait qu’elle soit truffée de mines et d’explosifs ont rendu les choses encore bien plus difficiles.
Les femmes ont été confrontées à d’énormes problèmes psychologiques en raison des traumatismes qu’elles ont subis pendant la période de déplacement, comme la perte d’êtres chers. Les infrastructures de base telles que l’eau et l’électricité font également défaut. Les femmes reviennent dans des endroits dépourvus de vie. Les possibilités d’emploi sont également rares, ce qui les a confrontées à la pauvreté et à la faim. Les écoles et les hôpitaux sont souvent détruits et incapables de répondre aux besoins de la société. Cela a un impact majeur sur les soins, l’éducation et la santé. Les indispensables pour la vie ont complètement disparu. Ces conditions ont fait de la survie quotidienne un défi stressant et nécessitent une énorme aide humanitaire pour soulager la souffrance et rétablir la vie. Ne nous abandonnez pas. Nous avons besoin de vous.
L’ensemble des photos envoyées par Madleen à l’adresse : https://drive.google.com/drive/folders/1Bsc7BfUrmbUzpnYS3_UeKrerYLADIslE?usp=drive_link
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :
ARTICLE AGORA SUIVANT :
