Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Gaza : entre une trêve violée et une paix qui ne naît jamais.
21 octobre 2025Chaque jour amène son lot de nouvelles terribles: reprise des bombardements, au nom de la sécurité d’ Israël, une trêve de papier! Texte d’Abu Amir 20/10
Il semble qu’il soit écrit aux Palestiniens de vivre dans un cercle de souffrance sans fin, comme si la douleur était devenue partie intégrante de leurs traits quotidiens, comme si leurs destins étaient tracés par le chagrin et le sang. À chaque fois qu’un espoir de paix à venir ou qu’une trêve destinée à tarir le saignement apparaît, Israël dévoile son visage réel et recommence l’histoire depuis le début. Une paix proclamée devant les caméras, une trêve consignée sur le papier, puis le lendemain, des bombardements ravivent les flammes. Ainsi, la scène se répète jusqu’à ce que les Palestiniens ne croient plus au calme, car ils savent qu’après vient la tempête.
Depuis que ce qu’on appelle « le processus de paix » a commencé, les Palestiniens n’ont jamais goûté à une paix véritable.
De nombreux accords, d’innombrables négociations, et des promesses jamais tenues.
Chaque fois que l’on avance vers l’espoir, des obstacles sont dressés, et les voix israéliennes s’élèvent pour parler de « sécurité », comme si la sécurité ne pouvait s’obtenir qu’au prix de la vie d’autrui. Israël utilise ce mot comme un prétexte permanent pour tout justifier : le siège, les bombardements, la famine, les meurtres.
Si un enfant meurt, elle dit s’être défendue ; si une maison est détruite, elle affirme que c’était pour protéger sa sécurité ; si Gaza s’embrase, elle prétend lutter contre le « terrorisme ». Mais qui pansera les plaies des mères ? Qui rendra vie à une ville qui déborde de mort chaque jour ?
À Gaza, la réalité est plus dure qu’on ne peut la décrire. C’est un lieu qui vit au bord de la vie. Ses rues sont brûlées, ses maisons démolies, ses enfants affamés et ses hôpitaux débordés. Les gens là-bas ne vivent pas comme les autres ; ils survivent jour après jour. La mère ne sait pas si demain elle nourrira ses enfants, le père ignore s’il rentrera vivant de sa recherche d’eau.
Tout à Gaza est difficile : même respirer est un défi, et même le silence devient un moyen de résistance.
Les trêves qui ont été annoncées au fil des années, quelque soit leur nom ou leur médiation, se ressemblaient toutes : courtes, fragiles, enfreintes avant que l’encre n’ait séché. Alors que les gens respirent enfin, les avions reviennent remplir le ciel. Et au moment où l’enfant croit que les bombardements sont finis, il entend un nouveau détonation qui vole son rêve de sommeil. Ainsi, la trêve se transforme en piège provisoire, en simple interlude silencieux entre deux guerres.
Quant au cessez-le-feu actuel, les Palestiniens avaient cru qu’il serait différent, qu’il leur porterait un peu de vie. Mais Israël, comme à son habitude, ne l’a pas respecté.
Il n’a pas fallu longtemps avant qu’elle ne viole le cessez-le-feu et ne déclenche une nouvelle vague de bombardements et de destruction. Des dizaines d’innocents sont tombés, des familles entières ont été anéanties, des maisons sont devenues des fosses communes. Le ciel pleuvait du feu, la terre se resserrait autour des corps des morts.
En quelques heures, Gaza a perdu ce qui lui restait de traits, tandis que le monde regardait dans un silence étrange.
Israël se justifie, le monde garde le silence, et seuls les Palestiniens paient le prix.
La trêve qui était née pour donner aux gens la sécurité s’est transformée en une autre tromperie. Et le cessez-le-feu dont tout le monde avait parlé est devenu un nouveau massacre. Comme si chaque accord dans ce conflit était condamné à mourir avant même de voir le jour. Comment peut vivre une paix dans une terre encore sous occupation ? Et comment un cessez-le-feu peut-il tenir quand il n’existe pas de volonté réelle de vivre ?
La réalité est qu’ Israël ne cherche pas une paix durable, mais des instants de silence durant lesquels elle peut réorganiser sa mise en scène de la force. Chaque trêve pour elle est une opportunité de reprendre son souffle, puis de frapper à nouveau.
Quant au Palestinien, il ne trouve aucun moment de repos ni pour enterrer ses morts avant d’entendre les avions revenir. Il vit dans une boucle fermée de mort, où il n’y a ni commencement ni fin, seulement la continuité de la souffrance.
Dans les rues de Gaza aujourd’hui, les gens marchent parmi les décombres comme s’ils avançaient parmi des cimetières. L’enfant porte sa poupée déchirée, la mère traîne son fils blessé à la recherche d’un hôpital, le père lève la tête vers le ciel et demande : « Où est la justice ? » Mais le ciel est silencieux, le monde occupé par des discours sur le « droit d’Israël à se défendre », comme si le sang palestinien n’avait aucune valeur, comme si sa souffrance n’était qu’un épisode éphémère dans les journaux télévisés.
Pourtant, malgré toute cette injustice, il reste à Gaza des raisons de vivre. De sous les décombres naissent des enfants, parmi les ruines montent des cris d’espoir, et des gens sortent pour dire au monde : nous restons. Ils ne possèdent pas d’avions, ni de missiles, mais ils possèdent ce qu’Israël ne possède pas : la foi en la justice de leur cause. Cela suffit à leur permettre de tenir, même quand il ne reste plus rien. Il n’y a pas de sécurité sans justice, pas de paix sans égalité, pas de trêve sans engagement.
Tant qu’Israël ne comprendra pas que sa sécurité ne se construit pas sur la mort des Palestiniens, elle restera dans une peur éternelle, car la vraie peur n’est pas des roquettes, mais de la vérité : personne ne peut vivre en paix au-dessus des plaies d’autrui.
Le sang palestinien n’est pas un prix à payer pour la sécurité de qui que ce soit ; c’est une marque sur le front de l’humanité silencieuse. Gaza, malgré toute sa douleur, restera témoin que le droit ne meurt pas, même s’il est écrasé sous les décombres.
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