Chronique “Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Gaza, un symbole mondial de résistance et de dignité!

15 octobre 2025
« Par milliers, par millions, nous sommes tous Palestiniens. Fin du génocide, fin de l’occupation. »

Plus de 70 ans d’occupation, résultat: une explosion contre l’injustice. Abu Amir revient dans ce texte, plus de deux ans après, sur les raisons et l’origine du 7 Octobre 2023 : des cendres du siège à l’étincelle de l’explosion

Depuis plus de soixante-dix ans, le peuple palestinien vit sous le poids d’une occupation continue, sans équivalent dans l’histoire moderne. Une occupation qui n’a pas seulement volé la terre, mais aussi l’identité, la dignité et le droit à la vie. Depuis 1948, date de la grande Nakba, le projet sioniste n’a jamais cessé de s’étendre, d’expulser, de tuer et de coloniser. Chaque génération palestinienne naît en héritant de la précédente la même peur, la même faim et la même nostalgie d’une terre confisquée de force. Au fil des décennies, l’occupation israélienne est devenue plus rusée, plus organisée, plus capable de contrôler chaque détail de la vie palestinienne : l’eau et l’électricité, les frontières et les passages, l’économie et l’éducation, l’air que respirent les gens, et même les nouvelles qui sont dites à leur sujet dans le monde.

Le peuple palestinien en est arrivé à un point où la mort quotidienne est devenue une normalité. À Gaza, les gens vivent sous les bombes et le blocus depuis plus de 17 ans. En Cisjordanie, ils vivent entourés de murs, de barrières et de colonies qui étranglent leurs villages et asphyxient leurs villes. À Jérusalem, ils subissent des tentatives de falsification de leur identité et de vol de leur histoire. Partout, les Palestiniens vivent sous des lois discriminatoires et une humiliation systématique sans équivalent.

Le 7 octobre n’a pas été un événement soudain, mais le résultat naturel d’une accumulation d’oppression, de colère et de désespoir. Ce fut un cri venu des profondeurs d’un peuple assiégé depuis des décennies, réclamant enfin d’être entendu. Ce fut une explosion née des entrailles d’une longue injustice, lorsque les gens ont compris que le monde ne bougerait jamais pour les sauver, quel que soit le temps écoulé. Quand toutes les portes se ferment, que ta terre, tes droits et ta dignité te sont arrachés, et que tu es enfermé dans une immense prison sans horizon, l’explosion devient une fatalité humaine, non un choix politique.

La veille du 7 octobre, Gaza étouffait dans un silence pesant. Plus de deux millions de personnes vivaient sur une bande de terre minuscule, assiégée par terre, par mer et par air. L’électricité était coupée plus de 18 heures par jour, les eaux souterraines étaient polluées à plus de 96 %, et le chômage atteignait l’un des taux les plus élevés au monde. 80 % des habitants dépendaient de l’aide humanitaire, et la majorité vivait dans une pauvreté extrême. Les hôpitaux étaient presque incapables de soigner les malades faute de carburant et de médicaments, et les écoles étaient si surpeuplées qu’il n’y avait plus de place pour s’asseoir.

Tout cela n’était pas un hasard, mais le résultat de politiques israéliennes délibérées visant à étouffer Gaza et à rendre la vie impossible. Depuis 2007, Israël impose un blocus impitoyable sur le territoire, contrôlant l’entrée des aliments, du carburant et des médicaments, et interdisant la liberté de mouvement, de travail et de voyage. Ce blocus n’était pas une simple mesure de sécurité, comme Israël le prétend, mais un outil de soumission et d’humiliation, transformant les gens en otages entre les mains de l’occupant.

En Cisjordanie, le tableau différait dans la forme, mais pas dans le fond. Les colonies s’étendaient à une vitesse vertigineuse, avalant montagnes et vallées, transformant les villages palestiniens en îlots isolés au milieu d’une mer de colons armés. Depuis le début de l’année 2023 et jusqu’en octobre, plus de 250 Palestiniens, dont environ 50 enfants, ont été tués par l’armée et les colons — l’une des années les plus meurtrières avant le déclenchement de la guerre. Des dizaines de villages ont été attaqués à plusieurs reprises, des centaines de maisons détruites, et des milliers de dounams de terres agricoles confisqués ou brûlés. La Cisjordanie est devenue un laboratoire de la politique israélienne alliant puissance militaire et colonisation civile, où le bulldozer et le fusil servent un même but : effacer la présence palestinienne. L’occupation préparait le terrain pour étendre son projet colonial sur chaque parcelle de terre, tandis que le monde détournait le regard.

Puis vint le 7 octobre. Ce n’était pas le fruit du hasard, mais l’aboutissement d’années d’oppression, de colère contenue et d’attente insupportable. Quand la résistance n’a plus trouvé d’autre voie pour défendre son peuple que la confrontation armée, ce fut comme un dernier cri face à un monde silencieux et hypocrite. Le but n’était pas de détruire, mais de briser le siège et de révéler la vérité : ce peuple est encore vivant, malgré tout ce qu’on lui a fait subir, et l’occupation, quelle que soit sa durée, ne deviendra jamais une réalité acceptable.

Mais la riposte israélienne fut folle, sans limites ni loi. La bande de Gaza s’est transformée en enfer de feu, où les maisons, les écoles, les mosquées et les hôpitaux furent bombardés sans distinction. Des dizaines de milliers de civils ont été tués, la plupart des femmes et des enfants. Des quartiers entiers ont été rayés de la carte. Les infrastructures ont été détruites. Des milliers de blessés ont été laissés sans soins. Et le monde observait dans un silence coupable, comme si les Palestiniens n’étaient pas des êtres humains.

Pendant que Gaza était anéantie, Israël profitait de la distraction du monde pour voler en silence ce qui restait des terres de Cisjordanie, étendant ses colonies et imposant une nouvelle réalité sur le terrain sans que personne ne s’en aperçoive. Tandis que Gaza était bombardée par les avions et les canons, les bulldozers œuvraient en Cisjordanie pour déraciner les oliviers, construire de nouvelles maisons pour les colons et expulser les familles palestiniennes. L’occupation combattait d’une main et semait son projet de l’autre. Voilà tout le cynisme de la politique israélienne : tuer d’une main, voler de l’autre.

L’occupation ne se contentait pas des bombes ; elle utilisait la guerre comme couverture politique pour faire avancer ses anciens plans. Dans les mois qui suivirent le début de la guerre, le nombre d’attaques de colons doubla, et plus de terres furent confisquées qu’à tout autre moment. Des centaines de familles palestiniennes en Cisjordanie furent expulsées, des milliers de personnes arrêtées, tandis que les manchettes du monde ne parlaient que de Gaza, comme si la Cisjordanie avait cessé d’exister.

À Gaza même, il n’y avait plus de lieu sûr. Les hôpitaux étaient hors service à cause du manque de carburant et de fournitures. Les médecins travaillaient à mains nues pour sauver qui pouvait l’être. Les enfants dormaient à la belle étoile, les familles fouillaient les décombres à la recherche de leurs proches. La mort était devenue quotidienne, incessante.

Les écoles s’étaient transformées en refuges, les refuges en cimetières de masse. Il n’y avait plus d’eau, plus de nourriture, plus de médicaments — et pourtant, les bombardements continuaient. Tout à Gaza était pris pour cible : les hommes, les arbres, les pierres, la mémoire, et même la langue. C’était une guerre menée avec une logique de vengeance dénuée de toute humanité, visant non seulement à éradiquer la résistance, mais à anéantir l’idée même de l’existence palestinienne.

Et malgré cet enfer, les habitants de Gaza continuaient à résister avec patience et foi. Ils n’ont pas perdu leur humanité, même lorsque le monde les a abandonnés. Ils se tenaient debout sur les ruines de leurs maisons, la tête haute, proclamant au monde qu’ils n’étaient pas vaincus. Gaza est devenue bien plus qu’une ville assiégée : un symbole mondial de résistance et de dignité.

En Cisjordanie, l’occupation poursuivait les mêmes politiques racistes : incursions nocturnes, arrestations massives, répression dans les rues, checkpoints humiliants. Comme si Israël voulait punir tous les Palestiniens pour ce qui s’était passé le 7 octobre, même ceux qui n’y avaient pas pris part.

Ainsi, plus de vingt mois après le début de la guerre, la tragédie continue. Les destructions à Gaza sont sans précédent, le nombre de morts a franchi toutes les limites, et la Cisjordanie a perdu encore plus de ses terres. La Palestine est devenue une plaie ouverte, témoin d’un silence international honteux et d’une impuissance humaine qui démasque le monde entier.

Malgré tout cela, les Palestiniens continuent de croire que l’aube de la liberté viendra. Car, comme l’histoire le leur a appris, aucune force sur terre ne peut effacer un peuple attaché à son droit. Les maisons peuvent être détruites, les arbres déracinés, les pères et les fils tués, mais l’esprit palestinien reste vivant, indomptable. Le 7 octobre n’a pas marqué le début d’une guerre, mais la continuité d’une longue histoire de résistance, de volonté inébranlable et de détermination à exister, quel qu’en soit le prix.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE AGORA SUIVANT :

Chronique " Gaza Urgence Déplacé.e.s" | La Palestine : une conscience du monde !