Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Gaza, une tragédie humanitaire continue qui s’aggrave de jour en jour

11 juillet 2025
Scènes de désolation à Khan Younis

Un texte d’Abu Amir le 11/07 sur l’anéantissement d’une autre ville de Gaza : Khan Younis
Dans la bande de Gaza, la tragédie n’a plus besoin de caméras ni de rapports d’organisations internationales pour être racontée. Elle parle d’elle-même, écrite sur les murs des maisons détruites, gravée sur les visages des déplacés errant entre les ruines des tentes, sous le fracas des bombes. Dans chaque recoin de la bande, c’est la même histoire : faim, déplacement, mort, et une quête désespérée d’un abri qui ne vient jamais.
Gaza traverse aujourd’hui l’un des moments les plus sombres de son histoire, alors que les incursions israéliennes s’intensifient à un rythme sans précédent. Le tableau d’aujourd’hui ne ressemble pas aux autres journées sanglantes que le territoire a connues ; les chars de l’occupation ont pris d’assaut les tentes des déplacés à l’ouest de Khan Younès, précisément dans la zone de l’abattoir — une zone prétendument « sûre » ou « humanitaire », mais qui s’est transformée en un nouveau théâtre de destruction et de massacres. Les déplacés n’ont emporté que leurs corps épuisés des vêtements, fuyant des bombes qui ne distinguent ni enfant, ni femme, ni vieillard, ni malade.
Des milliers de personnes ont été déplacées depuis la région de Batin al-Samin au sud-ouest de Khan Younès, une zone déjà surpeuplée de déplacés, ajoutant ainsi un nouveau chapitre sombre à une tragédie sans fin. Il ne s’agit plus seulement de chiffres ou de statistiques. Ce déplacement est celui de l’âme quittant le corps, de la dignité fuyant la vie. Il signifie concrètement que pas moins de cent mille Palestiniens sont déplacés de force vers une étroite bande côtière, semblable à une prison à ciel ouvert, sans moyens de subsistance, sans farine, sans eau, sans les conditions minimales pour survivre.
Et cette incursion n’est pas seulement militaire, mais profondément inhumaine dans sa cruauté : elle a arraché à la ville de Khan Younès son âme. L’hôpital Nasser, principal établissement de santé de la ville, est désormais hors service, tout comme l’hôpital Al-Amal. Des gens meurent dans les rues, non pas parce que les bombes les ont visés, mais parce que le monde a choisi de se taire, de détourner le regard face à ce génocide commis au vu et au su de toute l’humanité.
La zone d’Al-Mawasi — l’un des derniers endroits considérés comme « sûrs » — rétrécit jour après jour sous les bombardements. Il n’y a plus un seul coin paisible à Khan Younès ; la ville entière est désormais sous le feu de l’occupation, même les cimetières n’échappent pas aux bulldozers. Les tentes sont rasées, les tombes des morts sont profanées, comme si les morts eux-mêmes n’avaient plus droit au repos.
L’armée d’occupation a annoncé, par la voix de son porte-parole, avoir attaqué plus de 180 cibles à travers la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures, sans préciser si ces cibles étaient des tentes, des hôpitaux ou des maisons avec leurs habitants à l’intérieur. Ce qui se passe à Khan Younès n’est pas une simple opération militaire ; c’est une répétition de ce qui s’est produit à Rafah, une copie conforme d’un génocide, d’un déplacement forcé, de la transformation d’une ville habitée en un champ de ruines.
Les habitants de Gaza ne demandent pas grand-chose aujourd’hui. Ils veulent simplement que cessent les massacres, que prenne fin l’extermination, que leurs enfants puissent survivre à cet enfer à ciel ouvert. Ils ne réclament même pas un toit sur leurs têtes, mais seulement que le ciel cesse de leur déverser la mort, que la terre cesse d’engloutir leurs proches.
Khan Younès est anéantie, comme Rafah l’a été avant elle, tout comme les disputes entre familles pour quelques grains de farine ou des réservoirs d’eau dans les camps. Gaza ne peut plus supporter de nouvelles blessures, mais l’occupation continue d’appuyer, sans pitié, sur ce corps déjà brisé. Au cœur de cette ville assiégée, des gens meurent vivants, et les chapitres de la tragédie du XXIe siècle s’écrivent pendant que l’humanité se contente de regarder, de loin.
Dès lors, la question n’est plus seulement : « Qui va gagner ? », mais plutôt : « Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que la voix de la conscience humaine ne s’élève ? »

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