Chronique “Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Impasse des efforts de trêve et Escalade des tensions politiques et militaires à Gaza

26 mars 2025
Manifestation contre la guerre à Gaza

Jour après jour Abu Amir envoie un texte d’analyse de la situation à Gaza: 26 Mars

Les efforts visant à parvenir à un accord de trêve dans la bande de Gaza restent dans l’impasse à l’approche de l’Aïd al-Fitr, face au rejet catégorique par Israël de toutes les initiatives proposées au cours des derniers jours, depuis la reprise de la guerre contre la bande mardi dernier à l’aube. 

La délégation sécuritaire israélienne a quitté Le Caire sans parvenir à aucun progrès concernant les propositions égyptiennes, tandis que les médiateurs égyptiens et qataris ont informé la direction du Hamas que le processus de négociation est actuellement suspendu, dans un contexte de blocage politique et militaire manifeste. 

Et bien que le Hamas ait exprimé sa disposition à discuter de la dernière initiative égyptienne, qui prévoyait un cessez-le-feu “humanitaire” en échange de la libération de plusieurs prisonniers israéliens, Israël a refusé de s’engager dans de nouveaux arrangements, avec un appui total de l’administration américaine, selon des sources bien informées. 

Ces sources ont confirmé qu’Israël, avec le soutien des États-Unis, cherche à faire échouer l’initiative égyptienne adoptée lors du dernier sommet arabe, alors que tous les efforts égyptiens pour faire avancer cette proposition ont échoué, dans un contexte de ciblage israélien systématique des infrastructures et des services essentiels à Gaza depuis la reprise des hostilités. 

Dans le même contexte, le journal qatari “Al-Araby Al-Jadeed” a rapporté, citant une source diplomatique arabe, qu’un “consensus non déclaré” est né entre certaines parties arabes et Israël pour faire pression sur le Hamas et les groupes de résistance palestiniens, après l’échec des tentatives de désarmement de ces derniers au cours des derniers mois. 

Selon cette source, ce consensus inclut des pressions politiques et militaires intensifiées visant à affaiblir le contrôle du Hamas sur la bande de Gaza et à le forcer à faire des concessions, considérées par ces parties comme nécessaires pour parvenir à une solution durable à la crise palestinienne. 

Dans un développement, la direction du Hamas a rejeté une nouvelle proposition appelant à la sortie de ses dirigeants politiques et militaires de la bande de Gaza, ainsi que de ceux d’autres factions de résistance. Le mouvement a considéré cette proposition comme une atteinte aux constantes nationales, notamment en l’absence de cadre clair pour mettre fin à la guerre, d’un calendrier pour le retrait de l’armée israélienne de l’ensemble du territoire de Gaza et de garanties concernant la reconstruction et la fin des tentatives de déplacement forcé. 

Un responsable du Hamas a déclaré que plusieurs propositions sont actuellement en discussion avec les médiateurs afin de combler le fossé, de relancer les négociations et d’atteindre un point d’accord ouvrant la voie à une deuxième phase de l’accord, censée inclure des arrangements à long terme. 

Alors que les initiatives politiques s’enlisent, la bande de Gaza connaît des conditions catastrophiques, avec la poursuite des bombardements intensifs sur les quartiers résidentiels et les infrastructures. Des sources locales ont rapporté que la ville de Rafah a connu le plus grand nombre de morts, après que des milliers de civils y aient été piégés et que plusieurs d’entre eux aient été exécutés, selon les témoignages de déplacés ayant fui la zone. 

Les zones agricoles de Khan Younès (les “Mawasi”) voient un nouvel afflux de déplacés, en raison des ordres d’évacuation israéliens visant l’est de Khan Younès, la ville de Rafah et la localité de Al-Qarara. Pendant ce temps, les vagues de déplacement se poursuivent depuis le nord vers l’ouest de la ville de Gaza, qui est de nouveau saturée de camps de réfugiés manquant des nécessités de base. 

Le spectre de la mort et de la faim continue de hanter les habitants de Gaza, isolés du reste du monde, dans un silence assourdissant de la communauté internationale, incapable d’arrêter les massacres quotidiens commis contre les civils. 

Dans ce climat de chaos et de destruction, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a annoncé que Gaza abrite désormais le plus grand nombre d’enfants amputés de l’histoire contemporaine, à cause des bombardements aveugles sur les zones résidentielles, ce qui illustre l’ampleur de la catastrophe humanitaire dans l’enclave. 

Sur le plan politique interne israélien, la Knesset a adopté de manière définitive le budget général de l’État pour l’année 2025, considéré comme le plus important de l’histoire d’Israël, ce que certains observateurs voient comme un soutien direct à la continuité du gouvernement actuel dirigé par Benyamin Netanyahou, qui est désormais assuré de rester au pouvoir jusqu’en 2026. 

Parallèlement, de vastes manifestations ont éclaté aux abords du bâtiment de la Knesset pour protester contre la situation politique et économique. Des manifestants ont agressé le député Almog Cohen, provoquant des affrontements violents avec la police. Des dizaines de milliers de protestataires ont bloqué toutes les routes menant à la Knesset, qui est actuellement le théâtre de débats sensibles sur le budget et la sécurité. 

Sur le terrain, les communications restent coupées avec 16 secouristes et pompiers dans l’ouest de Rafah, et aucune information n’est disponible sur leur sort — s’ils ont été tués ou capturés — alors que toutes les tentatives de coordination pour obtenir des nouvelles à leur sujet ont échoué. 

De son côté, le journal Financial Times a rapporté, citant des sources du renseignement occidental, que l’armée israélienne a élaboré des plans pour ré-occuper entièrement la bande de Gaza, dans le but de vaincre le Hamas — une mesure qui pourrait conduire à une occupation israélienne de longue durée, aggravant la crise et anéantissant tout espoir de règlement politique prochain. 

Dans ce contexte, des centaines de familles se sont rassemblées sur la place centrale de Beit Lahia, au nord de Gaza, appelant à l’arrêt immédiat de l’agression israélienne. Elles ont exhorté les habitants des autres régions de Gaza à organiser des manifestations similaires, alors que les réseaux sociaux dans la bande regorgent d’appels urgents au Hamas pour mettre fin à la guerre à tout prix, afin de préserver le sang des innocents. 

Le scénario de la mort et des attaques contre les habitations et les infrastructures se poursuit dans toute la bande de Gaza, avec des morts enregistrés à chaque minute qui passe, tandis que les hôpitaux sont débordés et incapables d’assurer un minimum de soins aux blessés

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