Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Le monde se soulève pour Gaza
13 juin 2025Dans un texte du 12 Juin Abu Amir nous explique à quel point les initiatives populaires venant du monde entier, en action d’humanité résonnent avec Gaza ; ils et elles nous attendent ! La marche des peuples brise le silence et le siège
Dans un spectacle sans précédent depuis des décennies, les peuples du monde entier – de l’Est, de l’Ouest, du Sud et du Nord – se lèvent, unis épaule contre épaule, criant d’une seule voix : Gaza n’est pas seule. Les cris ne sont plus confinés aux rues européennes ni les slogans balayés par le vent des capitales ; ils se sont transformés en marche humaine colossale qui ébranle les tyrans et trace la route pour briser le siège imposé à un peuple en proie au feu de l’extermination.
De la France à l’Espagne, de la Belgique à l’Allemagne, et de l’Italie à l’Autriche, des millions de personnes ont déferlé dans les manifestations, brandissant des drapeaux palestiniens, hurlant leur refus de l’injustice. Les places se sont muées en vagues humaines qui rejettent le silence, dénoncent la complicité et brisent le mur d’hypocrisie européen drapé derrière des slogans creux de « droits de l’homme ».
Mais l’événement majeur ne se limite plus aux places ni aux slogans. La véritable marche a commencé. Des milliers de citoyens solidaires venus d’Europe – de France, d’Espagne, d’Allemagne et d’ailleurs – ont décidé d’embarquer pour une aventure inédite : se diriger vers l’Égypte, avec pour objectif d’atteindre la frontière de Gaza et de briser le siège injuste qui y est imposé depuis des années. Ce mouvement exceptionnel au cœur de l’Europe n’était pas un simple geste symbolique, mais un tournant décisif, qui a embrasé la conscience populaire du monde arabe, notamment dans les pays du Maghreb.
Avec la propagation des images et des vidéos documentant les marches européennes, des milliers d’autocars sont partis du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye, chargés de militants solidaires. Ces derniers ont franchi frontières et déserts pour rejoindre leurs frères européens en terre égyptienne. L’objectif n’était pas seulement la rencontre, mais la constitution d’un front humanitaire et populaire intercontinental, se donnant rendez-vous dans le Sinaï, près de Gaza meurtrie, dans une tentative réelle de briser le siège – comme si la géographie se refaisait sur la base de la conscience et non des intérêts.
Les manifestations ne sont plus de simples protestations, et les convois ne se limitent plus à la distribution de vivres. C’est un message tonitruant : halte au silence, halte à la famine, halte au massacre. Dans cette immense marche, les voix scandent la liberté, et les pas affirment : « Nous n’allons pas rester les bras croisés… nous arriverons ».
Ces personnes n’ont pas apporté du pain ni des médicaments ; elles ont apporté leur être tout entier, prêtes à devenir des boucliers humains si nécessaire. Aux frontières entre le Maroc et l’Algérie, des scènes poignantes se sont déroulées : des familles se sont réunies, des mères ont dit au revoir à leurs fils en larmes « Allez, et ne revenez que lorsque vous aurez levé l’injustice sur Gaza. »
Des milliers avancent à travers les frontières, franchissant les barrières géographiques et politiques, comme s’ils écrivaient un nouveau chapitre de l’histoire. Mais, au cœur de ce tableau épique, l’Égypte apparaît comme un élément pivot, potentiellement un obstacle. Tout le monde s’interroge : permettra-t-elle à ces marcheurs d’atteindre le poste-
frontière de Rafah ? Ouvrira-t-elle la porte du salut, ou la fermera-t-elle au nom de la souveraineté et de la crainte du « chaos » ?
La réponse du président égyptien a été claire mais douloureuse. Il a affirmé qu’il ne permettra pas le chaos dans son pays, ni une agression contre un « voisin cher ». Mais ce qui est étonnant, voire douloureux, c’est que, selon lui, les massacres commis à Gaza ne constituent pas un chaos : c’est un chantier gérable. Des enfants ensevelis sous les décombres, des personnes assiégées sans eau ni médicaments – et la réponse officielle est : « aucun problème, tant que cela ne menace pas notre stabilité interne ».
Cette réponse a déclenché la colère et attisé la tristesse dans le cœur de millions de personnes. Comment la prévention d’un soi-disant « chaos » généré par un convoi populaire peut-elle primer sur la prévention d’un génocide ? Comment l’Égypte, cœur de l’arabité, peut-elle choisir le silence – voire l’interdiction –, alors que Gaza suffoque ?
Sur les réseaux sociaux, les pages et plateformes s’enflamment. Certains évoquent une conspiration internationale visant à maintenir Gaza sous le feu, une machination incluant le silence occidental, le soutien ouvert à Israël, et un « neutralisme » arabe qui s’apparente de plus en plus à une complicité inavouée.
D’autres mettent en garde : ce que nous vivons est un tournant historique ; l’instant décisif qui sera consigné dans les livres d’histoire. Soit les peuples seront à la hauteur de l’espoir, soit le rideau tombera sur ce qui reste de dignité.
La marche n’a pas cessé. Les foules continuent de progresser. Les autocars partent du cœur des villes du Maghreb, traversent déserts et frontières, indifférents aux dangers. Ce n’est pas un simple voyage : c’est une bataille de conscience, une révolution morale.
Et si les postes-frontières se ferment, si les barrières se dressent, la grande question continuera de hanter ceux qui se sont opposés à cette marche : avez-vous étouffé les voix des peuples ou allumé une flamme qui ne s’éteindra pas ?
Et Gaza, malgré la douleur, aperçoit derrière ses ruines une étincelle d’espoir. Elle voit dans les rues d’Europe, dans les places de Rabat, Tunis et Alger, des têtes qui se dressent, et elle murmure : « Je ne suis pas seule … vous êtes avec moi. »
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