Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Le secteur agricole et celui de la pêche à Gaza : entre destruction et famine délibérée
20 février 2025
Un texte d’analyse et de réflexion sur les ressources actuelles agricoles et de la pêche à Gaza : envoyé par Abu Amir le 19 Février
Une guerre d’anéantissement ciblant l’agriculture
Au cours de son agression continue contre la bande de Gaza pour le cinquième mois consécutif, Israël a détruit plus de 75 % des terres agricoles de Gaza, selon les rapports de terrain et les statistiques du ministère de l’Agriculture. Dès les premiers instants de l’assaut, les forces israéliennes ont systématiquement détruit les terres agricoles au bulldozer et ciblé les infrastructures agricoles, en particulier dans les zones frontalières, qui constituent la principale source de nourriture de la population de Gaza.
Le secteur agricole est un pilier vital de l’économie de Gaza, contribuant à hauteur de 11 % au produit intérieur brut (PIB), selon le Bureau central palestinien des statistiques. Les exportations agricoles représentent 55 % des exportations totales de Gaza, soit 32,8 millions de dollars par an. Les principaux produits agricoles comprennent les légumes et l’horticulture, les tomates représentant 33,1 % du total des exportations agricoles, suivies de près par les concombres avec 33 %. Ces chiffres mettent en évidence le rôle crucial du secteur, non seulement dans la fourniture de nourriture, mais également dans la création d’emplois et dans le soutien du cycle économique palestinien.
Nord de Gaza et Khan Younis : zones agricoles sinistrées
Les zones du nord de Gaza ont été les plus touchées, puisqu’elles représentent 33 % de la superficie totale cultivée en légumes et en grandes cultures, et fournissent 30 % des besoins alimentaires de Gaza. Dans le même temps, Khan Younis a subi d’importantes destructions, avec plus de 90 % de ses terres agricoles endommagées, ce qui a entraîné l’effondrement de la production alimentaire dans la région.
Les régions du nord et du centre de Gaza ont une importance stratégique pour l’agriculture, représentant 63 % de la superficie totale des terres agricoles et fournissant auparavant de la nourriture à plus de 2,3 millions de Palestiniens.
Cependant, les destructions ne se sont pas limitées aux terres agricoles ; les arbres fruitiers ont également été délibérément ciblés, en particulier les oliviers, qui constituent 60 % des vergers de Gaza. Les statistiques indiquent que 31,3 % de ces arbres se trouvaient à Khan Younis, tandis que 22,3 % se trouvaient dans le nord de Gaza, ce qui souligne que l’attaque israélienne n’était pas seulement militaire mais une attaque économique intentionnelle contre les bases agricoles de Gaza.
Des millions de dollars de pertes quotidiennes et une destruction systématique des infrastructures
Selon le ministère de l’Agriculture, les pertes quotidiennes de production agricole dues à la guerre sont estimées à 2 millions de dollars. Ces pertes vont au-delà des dégâts aux cultures pour inclure la destruction des installations de stockage, des équipements agricoles, le bulldozer des terres agricoles et l’interdiction pour les agriculteurs d’accéder à leurs terres. Si l’on prend en compte la destruction des infrastructures agricoles, les pertes totales pourraient dépasser un quart de milliard de dollars. Ces chiffres continuent d’augmenter
Secteur de la pêche : ciblage systématique et destruction totale
L’industrie de la pêche à Gaza n’a pas été épargnée, bien qu’elle soit un moyen de subsistance essentiel pour plus de 4 054 pêcheurs, dont près de la moitié réside dans le nord de la bande de Gaza. Avant la guerre, la production annuelle de poisson de Gaza était d’environ 4 600 tonnes, mais elle s’est complètement arrêtée en raison de l’attaque.
Les rapports de terrain confirment que 98 % du secteur de la pêche dans la ville de Gaza a été détruit, y compris le port maritime de Gaza et plus de 900 bateaux. En outre, 70 % des bateaux de pêche et des infrastructures de Rafah et Deir al-Balah ont également été anéantis. Le blocus naval imposé par Israël a rendu impossible l’accès des pêcheurs à la mer, ce qui a conduit à l’effondrement total de cette industrie vitale.
L’élevage à Gaza : un secteur au bord de l’extinction
Le secteur de l’élevage a subi des pertes dévastatrices, conduisant à sa destruction quasi totale. La guerre a anéanti l’industrie de la volaille, soit par des bombardements directs, soit en raison de la pénurie d’aliments pour animaux, privant Gaza de sa capacité à assurer son autosuffisance en viande de volaille et en œufs.
Avant la guerre, Khan Younis représentait 26 % de la production de volaille de Gaza, tandis que le nord de Gaza en contribuait à hauteur de 25 % au total. Le secteur de l’élevage a également subi d’énormes pertes en bovins, ovins et caprins, qui étaient la principale source de viande rouge dans la région. On estime que le nord de Gaza abritait auparavant 44 % de la population totale de chèvres de Gaza, 48 % de son bétail et 42 % de ses ruches, ce qui souligne l’ampleur des destructions infligées au secteur de l’élevage de Gaza.
La famine comme arme de guerre : un crime contre l’humanité
Dès le début de l’assaut, Israël a imposé un siège complet à Gaza, coupant la nourriture, l’eau, l’électricité et le carburant, en violation flagrante du droit international humanitaire. Avant la guerre, les terres agricoles du nord et du centre de Gaza produisaient 60 000 tonnes de légumes et de cultures de plein champ, mais les forces israéliennes empêchaient les agriculteurs d’accéder à leurs terres, privant les habitants de denrées alimentaires essentielles.
Cette stratégie utilise délibérément la famine comme arme, ce qui constitue une violation flagrante de l’article 54 du Protocole additionnel des Conventions de Genève de 1949, qui interdit explicitement la famine comme méthode de guerre.
Malgré les interdictions claires du droit international, Israël agit au-dessus de toute responsabilité, encouragé par le silence mondial. Dans une déclaration choquante et sans précédent, le ministre israélien de la Guerre a annoncé publiquement la coupure de la nourriture, de l’eau et de l’électricité à Gaza – une forme inouïe de punition collective qui vise à soumettre et à affamer des millions de Palestiniens, dont la moitié sont des enfants.
Les agriculteurs de Gaza : la résilience au milieu des ruines
Malgré des destructions inimaginables, le secteur agricole de Gaza conserve le potentiel d’une reprise rapide – à condition qu’un soutien immédiat soit disponible. Les agriculteurs palestiniens, qui ont enduré plus de 16 ans de siège, ont prouvé leur résilience face aux guerres, aux crises et à l’étranglement économique. Même au milieu de la guerre en cours, de nombreux habitants de Gaza se sont tournés vers la culture des terres dans la partie occidentale de la bande de Gaza, s’efforçant d’assurer un niveau minimal de sécurité alimentaire.
La relance du secteur agricole nécessite un soutien urgent aux agriculteurs, notamment la fourniture de semences, d’équipements agricoles et la restauration des infrastructures détruites, ainsi que la promotion de méthodes agricoles durables. Une attention particulière doit être accordée aux projets agricoles à petite échelle, qui ont historiquement servi de bouée de sauvetage en temps de crise et de conflit.
Le secteur agricole de Gaza n’est pas seulement une source de nourriture, c’est un fondement de résilience et de survie. Malgré les efforts systématiques d’Israël pour l’éradiquer, la détermination des agriculteurs palestiniens reste inébranlable. Les terres qu’Israël a rasées à plusieurs reprises fleuriront à nouveau, comme elles l’ont toujours fait.
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