Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” |Pour les deux peuples il est temps de décider Non à la guerre, Oui à la vie

16 mai 2025
Des enfants à Shujaia au nord de Gaza ville

Dans la constante dégringolade de l’espoir de vie à Gaza le texte d’Abu Amir du 15 Mai recèle des réflexions qui résonnent comme un appel à l’humanité essentielle des peuples. Assez !

Aux moments où les flammes de la guerre s’intensifient et où l’espoir se rétrécit, la voix humaine qui transcende les frontières et les croyances devient l’appel le plus crucial à entendre. Aujourd’hui, après de longs mois de guerre enflammée à Gaza, qui a coûté la vie à des milliers de personnes et détruit les infrastructures, il est devenu évident que la poursuite du conflit ne sert aucun des deux camps. C’est un moment rare, peut-être unique, où les intérêts des survivants et des opposants des deux côtés se rejoignent en un seul mot : Assez.

La guerre n’est plus une simple décision politique prise à huis clos ; elle est devenue un fardeau psychologique, matériel et moral pour les peuples palestinien et israélien. Dans les rues de Gaza, il n’y a plus rien à bombarder. Les enfants boivent de l’eau contaminée et dorment affamés sur les ruines de leurs écoles. En Israël, la colère populaire monte, les manifestations se multiplient, et des centaines de soldats réservistes accusent leurs dirigeants d’échec, réclamant un accord pour ramener les otages et mettre fin à ce bain de sang. La réalité sur le terrain indique clairement une chose : les deux peuples crient à leurs dirigeants… Arrêtez cette catastrophe.

Depuis le début de la guerre en octobre 2023, le monde observe les massacres quotidiens. Mais cette fois, ce ne sont pas seulement les Palestiniens qui en paient le prix. La société israélienne elle-même commence à ressentir que cette guerre, prétendument menée pour des raisons de sécurité, s’est transformée en une hémorragie interne. À chaque nouveau mort, chaque maison détruite, la question devient plus pressante : Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand les deux peuples resteront-ils prisonniers de décisions politiques nourries par la haine, le fanatisme et les intérêts ? Les enfants de Gaza sont-ils condamnés à mourir sous les décombres ? Et ceux d’Israël, à vivre sous la menace et la peur constantes ?

L’occasion est là, et elle ne se présente pas souvent. Pour la première fois depuis des années, l’humeur populaire change de l’intérieur. Les Palestiniens, malgré l’hémorragie, continuent de lutter pour leur survie, exprimant leur désir de mettre fin à l’effusion de sang, non au détriment de leur dignité, mais pour l’avenir de leurs enfants. En Israël, les familles de soldats et d’otages, ainsi que des voix dissidentes parmi l’élite politique et académique, appellent publiquement à un cessez-le-feu et à un retour au dialogue. Ce réveil populaire commun représente un moment rare de convergence de la douleur, qui pourrait – s’il est sincèrement exploité – constituer une porte de sortie à ce cycle de violence réciproque.

La poursuite de la guerre ne signifie que plus de sang. Personne ne peut se permettre d’attendre davantage : ni les dirigeants politiques dont la légitimité s’effrite, ni les mères qui enterrent leurs enfants, ni les enfants condamnés à vivre dans les ruines. C’est une manipulation flagrante du destin des peuples, devenue insoutenable. Il faut arrêter la machine de guerre, et les politiciens doivent cesser d’utiliser les enfants comme carburant de leurs conflits interminables.

Nul n’ignore désormais que les pertes du côté israélien sont également importantes, même si certaines voix tentent de les minimiser. La vie de millions de personnes n’a plus rien de normal ; elles passent leurs journées entre les sirènes et les abris, craignant pour leurs enfants, tout comme les Palestiniens. Vivre sous terre n’est pas une solution, et aucun peuple ne peut continuer à vivre dans une peur constante. La véritable sécurité ne se construit pas sur les ruines d’un autre peuple, mais sur la base de la compréhension et de la reconnaissance mutuelle du droit à la vie. C’est pourquoi, de ma position humaine, j’en appelle aux sages des deux peuples pour qu’ils regardent la situation avec un œil nouveau, au-delà des récits du passé chargés de sang et de vengeance. Il est temps de donner une chance réelle à la paix et à la coexistence – non comme des slogans, mais comme une décision consciente prise par des peuples libres.

Peut-être avons-nous échoué auparavant, mais cette fois – où la douleur est partagée et la peur réciproque – l’opportunité est peut-être plus claire que jamais pour briser le cycle de la mort et ouvrir une fenêtre vers une vie que chacun mérite.

Le paradoxe, c’est que tout le monde sait que la fin de la guerre ne viendra pas de la victoire d’un camp sur l’autre, mais de la reconnaissance par chacun que vivre aux côtés de l’autre, malgré l’amertume, coûte moins que de mourir en le combattant. Cette vérité, que les récits extrémistes des deux côtés ont longtemps tenté de cacher, refait surface. Les peuples palestinien et israélien ne veulent plus verser de sang. Ils veulent vivre, élever leurs enfants, cultiver la terre, aller à l’école sans avoir à se dire adieu chaque matin comme si c’était la dernière fois.

C’est pourquoi la pression populaire ne doit pas faiblir. Les peuples doivent s’exprimer haut et fort : c’est nous qui payons le prix, c’est donc à nous de décider. Plus de tutelle éternelle de gouvernements en crise, plus d’exploitation du sang au nom de la sécurité ou de la résistance. C’est le moment d’une décision collective : vivre, et non mourir lentement. L’avenir ne se construit pas avec des missiles, mais avec des décisions courageuses, issues des rues, du cœur même de la souffrance.

Il est grand temps de briser le silence et de le dire clairement : cessez de jouer avec la vie de nos enfants. Il n’y a aucun sens à une victoire bâtie sur les cadavres des enfants, aucune dignité dans une patrie fondée sur les âmes innocentes. Il faut une volonté populaire véritable, des deux côtés, qui retire toute légitimité à ceux qui voient dans la guerre un chemin vers le pouvoir, et dans le sang un moyen de profit.

Nous devons apprendre à nos enfants à aimer, non à haïr. À construire, non à enterrer. À apprendre la vie, non à hériter la vengeance. Et cela ne se produira que si nous saisissons cette occasion – ce moment de fatigue partagée, d’effondrement collectif – pour en faire un nouveau départ.

Peut-être que ce ne sera pas facile, et peut-être que des voix de colère et de vengeance se dresseront contre cet appel. Mais lorsque les peuples décident de vivre, aucun obstacle ne peut leur résister.

Et l’histoire ne pardonne pas aux spectateurs.

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