Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Survivre dans le Nord de Gaza et distribution d’eau dans le Sud

30 janvier 2025
Remerciements du responsable du camp pour la distribution d'eau potable

Entre le 29 et le 30 Janvier deux textes d’ Abu Amir qui témoignent de l’ampleur des désastres et de la continuité de leur travail de solidarité dans les camps de déplacé.e.s. avec une distribution d’eau.

Comment peut on survivre dans le Nord de Gaza en l’absence de biens de première nécessité ?

Depuis une dizaine de jours, les rapatriés du nord de Gaza se plaignent du manque de sources d’eau, en plus de l’absence d’espaces vides pour installer des tentes. Avec le retour des habitants au nord, les Palestiniens sont confrontés à un défi important en raison du manque de biens de première nécessité, délibérément détruits par l’armée israélienne au cours des trois derniers mois de la guerre génocidaire qui a débuté le 7 octobre 2023 et a duré plus de 15 mois.

Le 19 janvier, un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël est entré en vigueur, permettant à des milliers de personnes déplacées de retourner dans leurs zones et leurs maisons détruites. Cependant, le retour du sud de Gaza vers le nord n’a commencé que lundi dernier.

Les Palestiniens continuent d’affluer du sud vers le nord, mais leur joie de rentrer s’estompe rapidement en raison de l’absence totale des nécessités les plus élémentaires de la vie.

Depuis plusieurs jours, les rapatriés dénoncent le manque total de sources d’eau et l’absence d’espaces pour installer des tentes, le sol étant recouvert de décombres de maisons détruites.

Une vie difficile au milieu des ruines Les familles qui reviennent sont contraintes d’installer leurs tentes dans les rues et sur les décombres de leurs maisons détruites, sans aucune alternative.

Les habitants décrivent des conditions de vie désastreuses, sans accès aux services essentiels.

Cependant, malgré ces difficultés, ils ont choisi de rentrer, estimant que leur présence sur leur terre constitue un défi direct pour Israël. Des milliers de familles sont revenues à Beit Hanoun, Beit Lahia et au camp de Jabalia, où elles ont installé des tentes.

Des milliers d’autres ne parviennent toujours pas à trouver un endroit où planter leurs tentes et commencer une nouvelle vie en raison des énormes défis auxquels elles sont confrontées.

La soif s’ajoute aux difficultés Chaque jour, les habitants sont obligés de transporter de l’eau depuis des endroits éloignés, parfois depuis la périphérie de la ville de Gaza, en utilisant des charrettes tirées par des animaux. Cependant, ces réserves d’eau couvrent à peine 10 % de leurs besoins quotidiens.

Les habitants espèrent que les autorités prendront des mesures urgentes pour fournir les produits de première nécessité, en particulier l’eau, essentielle à la survie. Il n’existe aucun centre d’approvisionnement en nourriture ou en eau dans les zones du nord, à l’exception de quelques rares sources. Les habitants appellent les autorités à établir des camps qui encourageraient les gens à rentrer chez eux, même si cela signifie vivre sur les décombres.

Appel à un approvisionnement immédiat en tentes Le ministère du Développement social de Gaza a exhorté les habitants de retour du sud à emporter leurs tentes avec eux, car aucune tente n’a été envoyée à Gaza et dans les gouvernorats du nord.

Cependant, une question cruciale se pose : comment les rapatriés peuvent-ils emporter leurs tentes alors que la plupart d’entre eux sont rentrés à pied, sans avoir le droit de transporter de gros effets personnels ? Ils ne sont autorisés à emporter qu’un sac à dos et quelques objets légers.

Le ministère a appelé les parties internationales à faire pression sur l’armée israélienne pour qu’elle autorise l’entrée urgente de tentes afin de fournir un abri aux rapatriés déplacés qui n’ont nulle part où loger.

Souffrances dans le camp de Jabalia Dans le camp de Jabalia, dans le nord de Gaza, des milliers de familles endurent des difficultés extrêmes. Une famille a dressé une tente près des décombres de sa maison détruite pour abriter neuf personnes.

La mère décrit la situation : “Tout est difficile. Nous n’avons rien pour nous aider à survivre. Nous sommes venus ici parce qu’il n’y a pas d’autre alternative.” Elle ajoute : “Il n’y a pas d’assainissement, pas d’eau, pas de matelas, pas de couvertures, pas de nourriture et aucun autre élément de première nécessité.” Elle poursuit, frustrée : “Nous avions de grands espoirs concernant l’accord de cessez-le-feu et nous nous attendions à l’arrivée de logements temporaires ou de tentes, mais malheureusement, cela n’est pas encore arrivé.” Elle conclut : “Nous transportons de l’eau à la main sur de longues distances, en très petites quantités qui couvrent à peine nos besoins de base. Nous espérons que les besoins de base seront fournis dès que possible à ceux qui ont résisté dans le nord de Gaza.”

Une nouvelle vague de déplacements vers le sud Les conditions désastreuses dans la ville de Gaza et dans le nord de Gaza, associées au manque de produits de première nécessité, ont forcé plus de 25 % de ceux qui étaient initialement retournés dans le nord à retourner dans le sud. L’armée israélienne était pleinement consciente de ses actes, détruisant délibérément des infrastructures, des maisons, des hôpitaux et des puits d’eau pour rendre la vie impossible dans ces zones. Cela a conduit de nombreux habitants à prendre la décision difficile de retourner dans le sud, ce qui est précisément ce qui se passe actuellement.

Reconstruction : des promesses creuses ? Même la reconstruction promise est assortie de conditions, exigeant l’évacuation de la ville de Gaza et du nord de la bande de Gaza sous prétexte de construire des « villes intelligentes capables de suivre le rythme du développement mondial ». Mais beaucoup pensent que ces exigences ne sont rien d’autre que des paroles creuses. Pour eux, la véritable reconstruction n’est encore qu’un rêve. Depuis le début, l’objectif d’Israël a été de déplacer les habitants de Gaza – un plan que le président américain Donald Trump promeut activement. Malheureusement, tout indique que cela ne se produira pas. que Trump réussira à convaincre l’Égypte d’accepter une partie de la population de Gaza, une démarche qui servira de prélude à la mise en œuvre de ce que l’on appelle « l’accord du siècle », qui vise à éroder davantage ce qui reste de la Cisjordanie.

Des chiffres choquants Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a annoncé dans un communiqué que Gaza et les gouvernorats du nord ont un besoin urgent de 135 000 tentes et caravanes, car le génocide a entraîné la destruction de 90 % de ces zones. Le bureau a appelé la communauté internationale, les organisations mondiales et les pays arabes à faire pression sur Israël pour qu’il ouvre les points de passage frontaliers et autorise l’entrée de fournitures essentielles pour ceux qui ont perdu leurs maisons.

Accord de cessez-le-feu… Un espoir rempli d’incertitudes L’accord de cessez-le-feu à Gaza, négocié par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar, se compose de trois phases, chacune d’une durée de 42 jours. Des négociations devraient avoir lieu pendant cette période pour lancer les deuxième et troisième phases, qui conduiront finalement à la fin de la guerre.

Un génocide soutenu par les États-Unis Avec le soutien des États-Unis, Israël a perpétré un génocide à Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 19 janvier 2025, faisant 159 000 victimes palestiniennes, dont des morts et des blessés, dont la majorité sont des femmes et des enfants. En outre, plus de 14 000 personnes sont toujours portées disparues.

Conclusion Au milieu de cette dure réalité, les rapatriés dans le nord de Gaza se retrouvent confrontés à la bataille la plus difficile de toutes : survivre sur leurs terres malgré tous les obstacles. En l’absence de solutions viables en vue, la question demeure : les habitants pourront-ils supporter cette catastrophe humanitaire, ou les conditions insupportables les pousseront-elles à se déplacer une fois de plus ?

Distribution d’eau dans le camp Al-Ezza à Deir al-Balah :

Le camp Al-Ezza, situé au sud de la ville de Deir al-Balah, était jusqu’à la trêve le refuge d’environ 430 familles déplacées, ayant fui les zones du nord de Gaza en raison de la guerre dévastatrice. Avec le retour progressif de nombreuses familles vers leurs régions d’origine dans le nord, seules 220 familles restent aujourd’hui dans le camp, selon les responsables en charge de sa gestion.Malgré le départ d’un grand nombre de familles, la situation humanitaire dans le camp reste critique. Les familles qui y vivent encore souffrent d’une grave pénurie d’aide essentielle, rendant l’accès à l’eau potable et à la nourriture un défi quotidien dans un contexte de réduction drastique des approvisionnements.

Baisse des aides humanitaires pour les camps du sud de Gaza

Le directeur des relations publiques du camp d’Al-Ezza, M. Hamdi, a confirmé qu’il y a eu une forte baisse de l’aide humanitaire depuis le début du retour des déplacés dans le nord de la bande de Gaza. Il a ajouté que les efforts humanitaires se sont concentrés presque exclusivement sur le nord, qui a subi des destructions massives, laissant de nombreux camps dans le sud avec une aide limitée.

Il a également déclaré que la plupart des organisations humanitaires ont concentré toute leur attention sur le nord, ignorant les besoins urgents des déplacés qui se trouvent toujours dans les camps du sud, ce qui a conduit à une grave pénurie de ressources de base, notamment d’eau potable et de repas qui étaient auparavant fournis régulièrement.

Il a ajouté que les familles restées au camp vivent dans une situation catastrophique, souffrant d’une grave pénurie de nourriture et d’eau potable, sans espoir d’amélioration de la situation dans un avenir proche.

Intervention rapide des équipes de UJFP pour venir en aide au camp

Face à cette crise humanitaire grandissante, les équipes ont rapidement répondu aux appels de détresse des familles encore présentes dans le camp. Le mercredi 29 janvier, elles ont fourni un réservoir d’eau potable de 6 000 litres pour aider les familles dans le besoin. De nombreux habitants du camp ont exprimé leur grand soulagement, affirmant que l’aide arrivait à un moment critique où ils sont confrontés à d’énormes difficultés pour obtenir de l’eau potable, les obligeant à recourir à des sources d’approvisionnement alternatives.

Des besoins persistants et une aide insuffisante

Bien que cette mesure ait temporairement amélioré la situation, les habitants du camp espèrent toujours un soutien continu de la communauté internationale et des organisations humanitaires pour garantir un accès continu à l’eau et à la nourriture. Ils appellent à des solutions à long terme, plutôt qu’à une aide intermittente qui ne suffit pas à couvrir leurs besoins fondamentaux. Les enfants, les femmes et les personnes âgées souffrent particulièrement de la faim et du manque de conditions de vie décentes. Les responsables du camp espèrent que les ONG locales et internationales réorienteront une partie de leurs efforts vers les camps du sud, plutôt que de concentrer toute l’aide humanitaire sur les camps du nord, car des dizaines de milliers de familles ont encore besoin d’une aide urgente et ne peuvent survivre dans des conditions aussi désolantes.

Un témoignage vivant de la souffrance des déplacés

Le camp d’Al-Ezza reste un symbole de la situation critique des Palestiniens déplacés dans le sud de la bande de Gaza, confrontés à une forte baisse de l’aide humanitaire et à une détérioration alarmante de leurs conditions de vie. Alors que toute l’attention est focalisée sur le nord, les camps du sud demeurent dans un état de détresse extrême, nécessitant une intervention immédiate et soutenue pour assurer aux familles qui y restent des conditions de vie décentes et humaines.

Lien des photos et vidéos https://drive.google.com/drive/folders/1LBMBrbFR1Ic0Vd3akhKJiPmKzgd14tTO

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