Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Un nouveau scénario diffusé par l’armée israélienne prévoit le partage de Gaza
28 mai 2025Le 27 Mai Abu Amir envoie un texte de réflexion : une étape stratégique pour renforcer le contrôle et un avenir incertain pour la bande de Gaza
Au cœur de la guerre en cours dans la bande de Gaza, des rapports israéliens révèlent les intentions de l’occupant d’appliquer un plan stratégique sans précédent qui menace de redessiner la carte politique et géographique de Gaza, en la divisant en deux zones distinctes : l’une sous le contrôle du Hamas, l’autre sous gestion militaire israélienne directe. Ce plan, décrit par des responsables de l’armée israélienne comme un tournant décisif dans le cours de la guerre, représente une nouvelle et dangereuse phase de l’occupation, ouvrant la voie à l’imposition de faits de terrain dont les conséquences pourraient s’étendre sur des décennies.
Selon ce qui a été publié par le site “Walla” en hébreu, le plan sera mis en œuvre par des opérations terrestres intensives dans des zones clés de la bande de Gaza, incluant le nord de Gaza, la ville de Gaza, le centre de Gaza et la ville de Khan Younis, soit toutes les régions de la bande de Gaza, à l’exception de la ville de Rafah, dont l’occupant a effacé les frontières, dans le but de créer une zone tampon entre la ville de Rafah et le reste des gouvernorats de la bande de Gaza. Le principal axe de ce plan est ce qu’on appelle le “Cordon Mouraj”, une ligne géographique séparant la ville de Rafah de la ville de Khan Younis, où Israël prévoit de transférer la majorité des habitants dans ce qu’il appelle la “zone humanitaire”, au sud de ce cordon, c’est-à-dire dans la ville qui avait été supprimée de la carte (Rafah).
Grâce à la création de ce cordon, de nouveaux points de contrôle militaire seront établis, empêchant les combattants de se déplacer du nord vers le sud du secteur. Ainsi, ceux qui traversent ce cordon entreront dans “la nouvelle Gaza”, soit la partie sous le contrôle total d’Israël, tandis que l’autre partie, sous l’administration du Hamas, restera assiégée et isolée, soumise à des opérations militaires continues.
L’objectif du plan : affaiblir la puissance humaine du Hamas
L’armée israélienne estime que ce plan, en plus des bombardements et du déplacement forcé des habitants, affaiblira considérablement la capacité du Hamas à gérer le secteur et à utiliser la population comme “boucliers humains”, selon le terme israélien. Cette mesure vise à créer des conditions de terrain permettant à l’armée israélienne de se déplacer plus librement dans le combat, sans entrer en contact direct avec les civils, ce que l’Israël présente comme une “réduction des pertes civiles”.
Dans ce contexte, un centre de distribution alimentaire et d’aide humanitaire a déjà été créé dans l’ouest de la ville de Rafah, et les estimations israéliennes prévoient la création d’autres centres à l’avenir, en adéquation avec le déplacement des habitants vers le sud. L’armée israélienne affirme que le transfert de la majorité des habitants de Gaza vers la “zone sûre” au sud du cordon réduira le contrôle du Hamas au niveau le plus bas depuis sa prise de pouvoir en 2007.
Réaction du Hamas : rejet du plan et résistance sur le terrain
Selon le rapport en hébreu, le Hamas a clairement perçu le danger de ce plan, qui vise essentiellement à découper une partie de la bande de Gaza hors du contrôle des gazaouis. C’est pourquoi il déploie des efforts sur le terrain pour entraver sa mise en œuvre, en freinant la relocalisation de masse et en rejetant ce séparatisme géographique forcé. Il est également mentionné que l’armée d’occupation travaille en coopération avec des entreprises civiles américaines pour mettre en œuvre ce plan à Gaza, ce qui montre l’effort international discret derrière cette initiative.
Malgré les avertissements : la faim pousse les habitants vers le centre d’aide israélien à Rafah
Malgré les avertissements répétés du Hamas à la population de Gaza de ne pas se rendre au centre de distribution des aides mis en place par Israël dans la ville de Rafah, la nécessité désespérée de nourriture a forcé de nombreux habitants à se rendre dans ce centre pour recevoir des aides. Ces aides sont devenues une bouée de sauvetage pour beaucoup, au milieu de la crise humanitaire extrême qu’ils traversent, où la faim devient une menace pour leur vie. Au début, la situation était relativement bien organisée, les habitants parcourant une distance d’environ trois kilomètres à pied pour atteindre le centre. Bien que ce déplacement long et difficile dans des conditions extrêmes fût une épreuve, l’organisation initiale semblait avoir maîtrisé la situation.
Mais rapidement, la situation a dégénéré lorsque des milliers d’habitants sont arrivés simultanément au centre, entraînant un chaos total. À mesure que le nombre de personnes cherchant à obtenir de la nourriture augmentait, les choses ont commencé à échapper à tout contrôle, les gens se précipitant pour obtenir leurs rations d’aide. En conséquence, toutes les aides disponibles ont été pillées et l’opération est passée d’une distribution d’aides à une véritable anarchie.
Avec l’escalade du chaos, les forces de sécurité américaines, qui assuraient la sécurité sur place, se sont retirées, rendant la situation encore plus complexe. Les aides sont devenues une victime de ce désordre, tandis que la faim, comme seule force motrice, a poussé tout le monde à tout écraser sur son passage. Même avec des barrières comme la Grande Muraille de Chine, l’homme ne peut résister à la faim, et aucune alerte ou organisation ne peut l’arrêter. La faim renverse toutes les barrières, forçant les gens à dépasser toutes les limites humaines et sociales à la recherche d’une bouchée de pain.
Quel sera le destin de Gaza après le partage : qui gouvernera la zone séparée ?
Le rapport israélien se termine par une question cruciale concernant le sort de la zone sud, supposée exempte de combats après la mise en œuvre du plan. Si l’armée d’occupation réussit à appliquer ses plans, à distribuer les aides, et à faire déplacer la majorité des habitants vers le sud, dans la ville de Rafah, la question la plus importante sera :
Qui assumera la gestion de la société palestinienne dans cette partie de Gaza ?
Les scénarios possibles, selon le rapport, varient entre :
• Un régime militaire israélien direct, un choix que l’armée elle-même hésite à adopter.
• Un comité de gouvernance local composé de cheikhs tribaux et de dirigeants civils pour gérer les affaires administratives.
• Ou le scénario le plus probable, selon les analyses : le retour de l’Autorité palestinienne pour reprendre le contrôle de la bande de Gaza, ce qui suggère un objectif israélien de réduire le Hamas politiquement après l’avoir affaibli militairement.
Ce que révèlent ces fuites met Gaza face à un carrefour dangereux qu’elle n’a pas connu depuis des décennies. La division du secteur, le déplacement forcé de ses habitants, et la restructuration de son contrôle géographique et politique sous la menace des armes et de la famine ne constitue pas seulement une violation flagrante du droit international, mais ouvre la porte à un scénario catastrophique qui menace de déchirer le tissu national palestinien et de démanteler ce qu’il reste de l’unité du peuple et de la terre.
Ce qui se passe à Gaza aujourd’hui va au-delà d’une simple guerre militaire, c’est une nouvelle ingénierie politique imposée par la force, visant à créer une réalité durable d’occupation et de contrôle, en vidant le secteur de son contenu national et en préparant le démantèlement de sa cause. Dans ce contexte sombre, la responsabilité de la communauté internationale, des factions palestiniennes, et même des peuples libres du monde, devient plus importante que jamais pour sauver Gaza de ce destin tragique. La bataille n’est plus seulement une guerre de résistance militaire, mais une bataille pour l’existence, la dignité et l’identité.
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