Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Un peuple qui continue d’attendre…la délivrance
3 octobre 2025Texte d’ Abu Amir le 3 Octobre sur la situation militaire et humanitaire sur le terrain, dans la bande de Gaza.
Au cœur de la bande de Gaza, où la terre se resserre sur plus de deux millions d’habitants, la population vit aujourd’hui entre un mince espoir de voir la guerre s’achever et une peur constante de la poursuite de l’effusion de sang. Ils attendent la moindre nouvelle porteuse d’espoir, une initiative qui mettrait fin à cette hémorragie sans fin. Chaque jour qui passe ajoute de nouvelles pages de destruction et de mort au registre de la tragédie, tandis que continuent les cris des civils qui n’ont plus de refuge et qui n’ont d’autre recours que la prière pour que cette guerre prenne fin bientôt et que soit levée cette épreuve prolongée. Malgré les discours sur des plans internationaux et des initiatives de cessez-le-feu, la réalité sur le terrain dit le contraire : la souffrance s’intensifie et l’agression redouble.
La scène militaire : une escalade sans précédent
Sur le plan militaire, Israël poursuit sa guerre ouverte contre le territoire. Ses chars ont franchi la frontière et atteint les abords puis le centre de la ville de Gaza, un spectacle qui terrorise la population. Habitués à voir les blindés rôder autour de leurs villes, ils ne s’attendaient pas à une incursion d’une telle profondeur. Cette avancée a été accompagnée de bombardements aériens et d’artillerie intenses, si bien que le bruit des explosions ne cesse jour et nuit, recouvrant le ciel de fumée et de flammes et couvrant la terre de gravats. Ce qui caractérise cette vague d’escalade, c’est qu’elle ne vise pas seulement des objectifs militaires ou sécuritaires, mais englobe tout : maisons de civils, écoles, mosquées et même hôpitaux. Chaque obus tiré laisse derrière lui des dizaines de morts et de blessés, ainsi que des familles entières plongées dans le désarroi, leurs habitations détruites sur leurs têtes.
Ciblage généralisé des zones civiles
Aucune zone de Gaza n’a été épargnée par les bombardements israéliens. Les quartiers résidentiels se sont transformés en ruines, les rues autrefois animées sont désormais vides, jonchées de débris. Les marchés populaires, où les habitants cherchaient un peu de nourriture, ont été frappés à plusieurs reprises, se changeant en scènes sanglantes où se mêlent cris des victimes et sirènes d’ambulances. Les mosquées, lieux de refuge spirituel, ont été détruites, les écoles, transformées en abris pour les déplacés, sont devenues des cibles faciles. Même les centres de secours n’ont pas échappé aux tirs, rendant l’arrivée de l’aide humanitaire extrêmement difficile.
Le bombardement d’une tente de déplacés dans l’enceinte de l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa, à Deir al-Balah, n’était pas un accident, mais un message brutal : la guerre n’épargne personne, pas même ceux qui se sont réfugiés derrière les murs d’un hôpital ou sous une tente de fortune.
Gaza-ville : épicentre des événements et cible principale
Gaza-ville, capitale administrative et politique du territoire, est aujourd’hui la plus exposée aux attaques. Densément peuplée, centre économique et culturel, elle est devenue un champ de bataille à ciel ouvert. Ses artères principales, comme la rue Al-Wahda ou la rue Omar Al-Mukhtar, jadis animées, sont aujourd’hui criblées de cratères et encombrées de décombres. Au cœur de la ville, les bâtiments détruits donnent l’impression qu’un séisme les a frappés. Les habitants vivent dans une terreur permanente : les explosions résonnent sans répit, l’odeur de poudre et de fumée se mêle aux cris des femmes et des enfants. La vie quotidienne est complètement paralysée : pas d’écoles, pas de marchés, pas même de centres de santé capables de fonctionner.
Des quartiers entiers, comme Choujaïya, At-Touffah ou As-Sabra, sont devenus des symboles de destruction, avec des centaines de morts et de blessés et des milliers de familles déplacées. Gaza n’est plus une ville de vie, mais une ville assiégée par la mort. Pourtant, malgré tout, elle reste debout, ses habitants s’accrochant à l’espoir et à la survie face à ce qu’ils considèrent comme une véritable guerre d’extermination.
La catastrophe humanitaire : déplacement et privation
La situation humanitaire s’assombrit de jour en jour. Des dizaines de milliers de familles ont fui la ville de Gaza vers le centre et le sud de la bande, quittant leurs maisons détruites ou menacées, pour vivre à ciel ouvert ou dans des écoles surpeuplées, sans eau, sans électricité et avec très peu de nourriture. Des milliers de familles n’ont même pas obtenu une tente, s’installant directement au sol, utilisant des morceaux de tissu ou de plastique pour protéger leurs enfants du soleil brûlant et du froid nocturne. Dans les lieux de déplacement, la tragédie humaine est palpable : des enfants affamés cherchent de quoi manger, des femmes portent leurs enfants malades sans trouver de médicaments, des vieillards gisent à même le sol sans couverture. Dans un contexte d’insécurité totale, les déplacés n’ont d’autre choix que la patience et la prière.
Souffrance accrue des enfants et des femmes
Les enfants, qui représentent plus de la moitié de la population de Gaza, incarnent le visage le plus douloureux de cette tragédie. Des milliers ont perdu leurs familles ou leurs maisons et vivent désormais dans la peur et le traumatisme. Beaucoup ne dorment plus, terrorisés, et éclatent en sanglots à chaque détonation.
Quant aux femmes, elles supportent un fardeau écrasant. Elles doivent chercher à nourrir et abreuver leurs enfants malgré le manque extrême de ressources, tout en essayant de les réconforter et de les protéger. Les récits des femmes de Gaza révèlent la part sombre de cette guerre : des mères devenues héroïnes du quotidien, luttant pour maintenir leurs familles en vie.
Les hôpitaux sous les bombes
Le système de santé de Gaza est au bord de l’effondrement. Les hôpitaux ne peuvent plus accueillir de nouveaux blessés. Les médecins travaillent dans des conditions inhumaines, réalisant parfois des opérations sans anesthésie complète par manque de médicaments. Certains hôpitaux sont complètement hors service, soit en raison de bombardements directs, soit par pénurie de carburant pour faire tourner les générateurs.
La scène à l’intérieur est terrifiante : des cadavres entassés dans les couloirs, des blessés allongés au sol attendant une chirurgie urgente, des médecins épuisés au bord de la rupture. L’Organisation mondiale de la santé a multiplié les avertissements quant à une catastrophe humanitaire imminente, mais la réalité sur place dépasse les pires prévisions.
Gaza entre désespoir et espoir
Malgré tout, les habitants de Gaza s’accrochent à un mince espoir de voir cette tragédie prendre fin. Sur leurs visages se lisent fatigue et désespoir, mais dans leurs cœurs brille une étincelle de résilience qui refuse de s’éteindre. Ils croient que la vie reprendra un jour, même au milieu des ruines, et que leur voix doit parvenir au monde entier comme témoignage de ce qu’ils subissent. L’espoir, pour eux, n’est pas un luxe mais un outil de survie. À chaque instant, ils élèvent leurs prières pour que cesse la guerre, pour que les enfants retrouvent leurs écoles, pour dormir une nuit sans peur, pour s’éveiller le matin sans découvrir qu’un être cher a disparu.
La situation dans la bande de Gaza a dépassé le cadre d’une guerre conventionnelle pour devenir une tragédie humanitaire totale. La scène militaire révèle une destruction massive, et la scène humanitaire crie une souffrance insoutenable. Gaza-ville, centre vital du territoire, est devenue à la fois symbole de résistance et de destruction, tandis que la guerre continue d’ôter des vies sans relâche.
Et tandis que le sang continue de couler, la voix des victimes et des déplacés résonne plus fort que tout discours politique : c’est la voix d’un peuple qui aspire à la fin d’une guerre dévastatrice, d’un peuple qui souhaite simplement retourner chez lui, même au milieu des décombres, car vivre parmi les ruines est moins cruel que rester à découvert, sans abri ni dignité.
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