La fête est une insurrection non-violente face aux épreuves de cette triste année | Tribune vidéo

8 février 2021
Capture d'écran

Nous publions la tribune vidéo qu’a partagé « un collectif national prônant la désobéissance festive comme moyen d’action politique et contestataire » dont les membres ont souhaité rester anonymes, initialement publiée sur le site du média Hiya.

Si cette rave party est devenue politique, ce n’est pas le fait de ses organisateurs. Eux sont une bande de jeunes qui souhaitaient simplement être libres, le temps d’une soirée. Quand les files pour l’aide alimentaire, les dépressions et les tentatives de suicide de moins de 25 ans se multiplient, c’est bien plus salutaire et important qu’il ne pourrait sembler. 

Le point de vue exprimé ici n’engage pas l’intégralité de la rédaction du Poing. Il nous semble juste que cette tribune fait partie intégrante des points de vue légitimes en ces temps de crise sanitaire et sociale.

 

 

Une célébration radicale

Nous ne sommes pas de la même espèce. Vous nous regardez à travers vos baies vitrées comme l’on se balade au zoo pour observer les bêtes sauvages. Vous vous goinfrez et crachez vos miettes du haut de vos châteaux dorés sur nos esprits meurtris, et vous pensez que l’on s’en contentera. Vous escroquez le peuple par millions et dansez libres dans la rue. Notre rue. Car vous n’êtes pas des nôtres : cuillère dorée, ENA, Sciences Politiques, directeur de cabinet, député, ministre, président. Voilà votre parcours classique, sans anicroche, plat comme devrait l’être votre électrocardiogramme. La luxure dans laquelle se noie votre arbre généalogique vous interdit la compréhension de nos vies combatives.

Vous fracassez les classes les plus solidaires : racisé.esétudiant.es, pompiers, soignant.esprofesseur.esexilé.es… Car vous chérissez l’ordre du chaos, celui là qui plonge des milliards d’êtres humains dans la misère, étranglés par une infime minorité qui dort sur des lits de billets colorés. La République du LBD et des grenades déchire les chairs de nos soeurs, de nos enfants, de nos voisins, de nos grand-mères. Vos milices s’improvisent justice en assassinant impunément des innocent.es.
Et vous pensez qu’on l’acceptera.
L’ingratitude manifeste dont vous faites preuve à notre égard prouve que vous n’avez pas saisi le lien de subordination qui vous lie à nous : vous nous êtes assujettis. Les vraies reines et les rois sont dans le peuple alors que vous n’êtes qu’une bouillie informe au service de notre cause. Tout ce qui vous appartient est nôtre.  Vos cerveaux vides vomissent de la merde sur des chaînes racistes d’infos en continu pendant que nous produisons la richesse avec nos mains, et nos savoir-faire. Si vous l’avez oublié, nous nous chargerons de replacer la vérité dans son berceau.

Et nous voilà ensauvagés.

Votre armure bleue ne vous sera d’aucune aide lorsque nous battrons le pavé, celui-ci même qui noircira le ciel en vous retombant dessus. Qu’importe que vous la rafistoliez à l’aide de financements supplémentaires, de légitime violence, d’impunité généralisée : elle ne sera jamais qu’un vase fragilisé que vous tentez de recoller.  L’histoire se réécrira dans le brasier de votre ultra-libéralisme. Qu’il brûle lui et ses symboles, vous inclus. Car nous répondrons à la violence légitime de l’Etat par une légitime défense, celle que vous nommez rébellion. Les mots n’ont plus de sens lorsqu’ils fuient vos
bouches dégueulasses.

Nous sommes l’art qui reprend son devoir car vous l’avez relégué au cachot des souvenirs. Cette fête appartient à toutes celles et ceux qui ont ramé dans la tristesse de cette année, les abimés du COVID, les étranglés de la politique gouvernementale répressive et les laissés pour compte de la magie de Noël.
Qu’importe votre origine, votre couleur de peau, votre orientation sexuelle ou vos croyances. Nous briserons les barrières érigées entre les êtres humains par une élite dont on ne veut plus.

Nous sommes les affranchis de la République, préférant la chaleur prohibée d’un hangar sombre rempli d’hommes et de femmes à la pâleur de vos centre commerciaux autorisés à se remplir de plusieurs milliers d’automates. Si nous devons être en contact avec le virus ce sera dans une célébration remplie d’amour plutôt que dans une compulsivité
marchande individualiste.
Vous détruisez votre jeunesse et vous vous étonnez ensuite qu’après une année de privations elle se donne tous les moyens pour parvenir à faire une simple fête.
Celle-ci était un message revendicatif, puisque la classe dirigeante a décidé de donner à nos bacchanales une aspiration politique. Elle est une insurrection non violente, belle et solidaire face aux épreuves de cette triste année.
Qu’importe que votre pitoyable milice vienne balancer son arsenal de guerre, vous n’atteindrez pas notre détermination, vous n’éteindrez pas nos idées puisque cette nuit en aura fait naitre de nouvelles. Balancez nous en taule, prenez nos sonos, la fête resurgira toujours car elle est nécessaire aux êtres humains.

Les seules larmes qui ont coulées sur nos joues furent des larmes de bonheur, nos corps tournés vers les lumières stroboscopiques qui faisait scintiller nos visages, plongeant la foule dans un nuage d’étoiles.

Nous danserons sur les ruines du capitalisme, et l’on dansera jusqu’à en crever si cela s’avère nécessaire. Et lorsque vous aurez payé pour vos actions, peut être que du fond de vos geôles, vous pourrez entendre le chant de nos sonos se glisser dans vos oreilles.

Désobéissance festive.

Désobéissance festive – Tribune video des organisateur.ice.s de la free party du nouvel an – YouTube

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