L’origine de la pandémie de covid-19 est aussi écologique : non au centre commercial Oxylane dans l’Hérault !

24 avril 2020

Le Poing relaie cette lettre ouverte envoyée au directeur général de Décathlon France par le collectif Oxygène, qui se bat depuis des années contre l’implantation du centre commercial Oxylane à Saint-Clément-de-Rivière, dans l’Hérault :

Monsieur le Directeur Général de Décathlon France,

« Le jour d’après ne peut pas ressembler au jour d’avant… »

En ces temps de confinement, de pause obligée, où la pratique sportive est limitée à un espace restreint, vous regardez le chemin, le très long chemin parcouru depuis 1976 quand Michel Leclercq, cousin germain de Gérard Mulliez, fondateur de Auchan, ouvre la première grande surface d’articles de sport. Quelle réussite, quelle fierté de compter aujourd’hui plus de 1200 magasins Décathlon sur tous les continents et plus de 300 en France. En février 2020, de manière concomitante avec la pandémie, vous annoncez un accroissement des ventes mondiales de plus de 9%, et un chiffre d’affaires de 12,4 milliards d’euros.

Et vous ne manquez pas de projets…

En 2014, au nord de Montpellier, sur la commune de SaintClémentdeRivière, vous avez repéré un magnifique espace de 24 hectares en grande partie cultivé et coiffé d’un superbe bois de pins. Et pourquoi pas, sur ce terrain des Fontanelles, construire un nouveau centre commercial ? Même si Montpellier en regorge, même s’il existe déjà la zone commerciale Trifontaine à un kilomètre à peine ? Mais vous voulez un troisième Décathlon et lancez le projet Oxylane.

Toujours plus de croissance, toujours plus de magasins, toujours plus d’appétit pour avaler les concurrents, quitte à éliminer les commerces de centre-ville et de proximité, avec l’obsession de nouveaux profits.

Oui, monsieur le Directeur général, le choc provoqué par la pandémie nous rappelle que cette croissance effrénée, l’artificialisation des sols, la destruction des terres agricoles, la perte de la biodiversité, conduisent la planète à sa perte. La rapidité de modification des espaces naturels ces 50 dernières années, par la bétonisation à outrance, est sans précédent dans l’histoire humaine. Dans cette logique sans horizon, les arbres sont coupés, les animaux sont chassés de leur espace de vie, les écosystèmes sont gravement perturbés, et les virus inoffensifs dans la faune sauvage, migrent de leurs hôtes naturels vers nous.

Sur ce bel espace des Fontanelles que vous convoitez, il y a justement des espèces protégées et le tribunal administratif de Montpellier le 8 février 2018 a rejeté partiellement votre projet pour non-respect de leur protection.

Le coronavirus qui a déjà fait 150 000 morts sur la planète – et en fera malheureusement beaucoup plus – n’est-il pas la conséquence de ce mode de développement destructeur, induit par une vision à court terme ?

Non, le jour d’après ne peut pas ressembler au jour d’avant !

Monsieur le Directeur général, mettons à profit ce temps de retrait, ce temps suspendu, pour réfléchir à un futur souhaitable.

Et le futur ce ne sont plus les zones commerciales en périphérie des villes. Vous avez sans doute pris connaissance des 50 propositions de la convention citoyenne pour le climat qui viennent d’être transmises au Président de la République ; voilà ce que recommandent ces 150 citoyens tirés au sort et qui ont travaillé pendant des mois :

« Stopper immédiatement les aménagements de nouvelles zones commerciales péri-urbaines très consommatrices d’espaces… »

Ne serait-il pas sage de suivre cette recommandation ?

Depuis 5 ans, le collectif Oxygène a multiplié les initiatives, juridiques et citoyennes, pour demander le retrait de votre projet. S’il est légitime et nécessaire de vendre du matériel de sport, vous ne pouvez pas le faire à n’importe quel prix. Vous ne pouvez pas bétonner des terres indispensables à l’alimentation de proximité sur des espaces qui permettent à tous les vivants, humains ou non, de vivre et respirer librement. Vous ne devez pas construire un nouveau centre commercial, dont la nécessité est plus que discutable. Sur les 24 hectares du domaine des Fontanelles, à la place des bâtiments, des parkings, des milliers de voitures, il vaudrait mieux y voir du blé, des oliviers, de la vigne ou des fruitiers, des fraises et des poireaux, et même quelques roses, pour la beauté du monde.

Alors monsieur le Directeur général, regardez vers un autre horizon, abandonnez un projet inutile et néfaste. Dans la balance de la vie, notre oxygène vaut mieux que votre Oxylane.

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