Témoignages de Gazaouis : la survie s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 55 / 7 avril
9 avril 2024Brigitte Challande, journaliste montpelliéraine, recueille régulièrement depuis le début de l’attaque de l’armée israélienne des témoignages de civil.es palestinien.nes, également publiés sur les sites de l’International Solidarity Mouvement (ISM) et d’Altermidi.
Des précisions pour une meilleure compréhension de ces chroniques journalières, notamment pour celles et ceux qui rejoignent leur lecture récemment ou de façon discontinue : le compte rendu précis et factuel des violences et violations du droit, commises par Israël, que compile Marsel quotidiennement dans un récit prennent leur source dans une observation documentée à la fois sur le terrain et à partir de différentes déclarations officielles ou médiatiques. Cet ensemble en constitue un document essentiel.
L’emploi très fréquent dans ces chroniques du mot « martyr » fait référence au fait « d’être assassiné par la guerre », c’est à dire mort. En ce moment, journellement il y a entre 150 et 200 morts par jour dans toute la bande de Gaza.
Brigitte Challande, 8 avril 2024. Dans la nuit du 7 au 8 avril, Marsel nous envoie un message par Watts’App :
« Bonsoir, chers camarades. Vous me manquez tous, de la bande de Gaza, de tous ceux qui vous ont connu et de tous ceux à qui vous avez apporté de l’aide sans qu’ils connaissent votre personnalité ou votre visage. Vous avez mes meilleurs vœux et mes remerciements de ma part et de la leur. »
Par la suite Marsel envoie une vidéo sous titrée en français réalisée par le centre Ibn Sina à l’occasion de la Fête des Mères, qui a eu lieu il y a quelques semaines. Cette vidéo est terrible, elle raconte le trajet de l’exode des déplacé.e.s : « une expérience d’évasion de mort en mort, de ciblage en ciblage »
Ce sont les bombardements qui accompagnent les déplacé.e.s survolé.es par les F16 avec des exécutions sans raison à tous les checkpoints, à tous les points de passage où ce sont les caméras de reconnaissance faciale qui font la loi, celle de l’attente aussi avant de pouvoir avancer. Arrivé.e.s à ce que l’on peut supposer le bout pour l’instant, c’est-à-dire Rafah, ce sont les bombardements qui accompagnent la distribution de la farine au siège de l’ UNRWA.
« Ci-joint la vidéo de l’initiative Fête des Mères. Au nom des enfants martyrs et pour atténuer la douleur de la perte qui déchire leurs mères, au nom de l’UJFP et du Centre Ibn Sina, nous avons rendu visite à quelques mères à l’occasion de la Fête des Mères, pour les honorer et leur offrir des cadeaux au nom de leurs enfants martyrs et en leur nom. Nous avons également organisé des réunions de suivi, pour les violations et la manière brutale dont les soldats de l’occupation ont tué ces enfants sans raison et sans pitié »
https://drive.google.com/file/d/1Hwe3xmLlK87eT0MGAoDCSnto8EUl1T_q/view?usp=drivesdk
Marsel ajoute le commentaire suivant :
« Je suis désolé que la vidéo soit longue, mais le témoignage des mères ne peut être coupé ou supprimé. C’est le témoignage d’un témoin, qui a été couvert du sang du génocide, qui a été blessé et dont le sang a coulé, et dont la maladie s’est mêlée au sang de leurs enfants martyrs. C’est le témoignage le plus difficile parmi tous les témoignages, celui des mères dont le sang des enfants a été versé et dont les âmes ont été enlevées pour toujours et sans raison. »
Le centre Ibn Sina, dont c’est la raison d’être et la mission, met en place un suivi auprès des mères et un programme pour les enfants pendant la période des vacances, avec des activités, notamment à l’occasion de la Journée des enfants palestiniens.
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel sur les sites d’Altermidi et de l’ISM.
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’Union des Juifs Français pour la Paix (UJFP) en France.
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