Un militant ariégeois condamné à deux ans de prison : ses camarades réagissent

19 avril 2024

Le Poing a reçu ce communiqué, émanant des “Amis de Victor Hugo”, un groupe informel qui dénonce le procès et la répression qui s’est abattue sur leur camarade, accusé de tags, de tentative d’incendie de la préfecture d’Ariège et d’avoir refusé de donner son ADN en garde à vue. Nous vous le relayons ici.

« Ceux qui vivent sont ceux qui luttent »Victor Hugo

N’en déplaise au procureur et au tribunal Ariégeois, nous luttons parce que depuis des siècles il est une classe quiimpose sa domination et cherche à écraser toute forme d’émancipation chez les dominés. Preuve en est l’acharnement sur notre ami qui est bien trop présent dans les manifestations, bien trop acteur dans les milieux militants ariègeois.Le cadre est posé, aux yeux du procureur un manifestant est un contestataire ! L’occasion était bien trop belle pour le parquet Ariégeois de lui mettre la main dessus et à travers lui, envoyer un signal pour quiconque osera contester l’ordre établi !

Son arrestation, ou plutôt son kidnapping, sera digne des films policiers, traceur sur son véhicule, géolocalisation deson téléphone en direct et guet-apens. Ce 5 février 2024 plusieurs véhicules policiers lui coupent la route par surprise et embarquent ce père de famille. En prime son véhicule sera envoyé en fourrière à sa charge. Entre avocat commis d’office incompétent et procédure perdue, il restera cinq longues semaines en détention provisoire. O. sera libéré le 12 mars 2024mais reste sous contrôle judiciaire jusqu’à son procès.

Nous sommes le 12 avril devant le tribunal pour le soutenir. Nous affichons plusieurs citations de Victor Hugo à la vuede tous, espérant que les passants puissent se languir devant :-« C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches »-« la fraternité n’est qu’une idée humaine, la solidarité une idée universelle »-« Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde, mais je suis de ceux quipensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. Remarquez le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir,limiter, circonscrire, je dis détruire » Etc…Malheureusement le procureur, « la liberté d’expression chevillé au corps », demandera aussitôt à ce que ces panneauxsoient enlevés. Pourquoi Victor HUGO ? Parce que notre ami sera jugé entre autre pour un TAG « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent » du même auteur. La juge parle de dégradation, quand il s’agit d’une citation de poète écrit sur un mur public. Mais jamais la justice ne s’offusquera devant le vomi de publicités qui défigurent nos rues et nos campagnes ?C’est quand même dégradant pour la république de voir que Mac Do a bien plus de valeur que Victor HUGO.

Nous sommes une soixantaine à être là pour lui, la salle est pleine. Ce qui n’est pas du goût de la juge qui commencerapar menacer de faire évacuer la salle au moindre incident. On sent déjà que quelque chose se trame. Puis notre ami O.arrive, il est décontracté, les mains dans les poches. Il est également poursuivi pour refus de donner les codes de son téléphone mais surtout pour tentative d’incendie de la préfecture d’Ariège. Il semble confiant, assume les deux autres  chefs d’inculpations, mais nie formellement la tentative d’incendie.Le parquet pense avoir coincé O. parce qu’on a retrouvé son ADN sur des objets présents devant la porte de la préfecture ce matin-là. Pourtant O. nie avoir été là ! L’amélioration des connaissances autour de l’ADN, nous fait découvrir ceque l’on appelle l’ADN de transfert. En gros l’ADN d’une personne peut être transporté via un objet qu’elle a touché des jours avant et ainsi retrouver son ADN sur un lieu où cette personne n’a jamais été.O. est un militant qui œuvre pour le bien commun, il est beaucoup apprécié pour sa gentillesse et tous les services qu’il peut rendre autour de lui. Il partage conseils, services et matériels de façon régulière. Par conséquent retrouvers on ADN sur des objets aussi commun qu’un bouchon de bidon et un chiffon peut facilement s’expliquer par l’ADN de transfert. S

ans parler qu’en cette période particulièrement « 49.3iesque » des milliers de manifestants auraient pu vouloir s’en prendre à la préfecture. Mais aucune autre piste ne sera étudiée, l’ADN de O., trop belle affaire, mettra finaux investigations.Sorti de ça, le dossier est « coloré » comme dira son avocate…L’expression signifie que le reste du dossier est rempli d’éléments creux mais que l’on peut contorsionner à volonté jusqu’à leur donner une intention douteuse :-Vidéo sombre ou on ne distingue rien, ni le visage de l’individu, ni ses gestes … la tentative d’incendie reste encore une interprétation policière, même pas un début de flamme sur la vidéo.- Le produit déversé sur la porte ce matin du 21 mars, est apparu tellement peu préoccupant aux policiers que l’enquêteur ne trouvera pas utile de l’analyser.- Un bornage téléphonique prouve que le matin de la soit disant tentative d’incendie, O. était à Foix à 8h21. Les policiers interprètent qu’il a dormi à Foix. Il vit à 15 minutes de Foix, il participe simplement ce matin-là aux intersyndicales, en pleine manifestations contre la réforme des retraites 2023.- Pourquoi ne pas l’avoir expliqué en garde à vue lui reproche la juge … ?

Je rappelle quand même les conditions dans laquelle O. se trouvait au moment de sa garde à vue. Avant d’arriver en cellule il passera 7 heures aux urgences couvert d’urine, suite au choc de son interpellation. Dans ces conditions (ou pas )il est clair qu’il est compliqué de se souvenir précisément ou vous vous trouviez il y a 1 an en arrière, à la minute où on vous le demande. La salle remplie de militants n’a pas pu retenir un bruissement de rires au moment où le procureur demande à O. ce qu’il pense de l’État. Pas assez courageux pour demander un huit clos, il saisira l’occasion pour larmoyer auprès de la juge l’évacuation de la salle. Le traquenard a marché ! La salle est évacuée. La suite … le procureur ne cherchera pas la vérité, il s’en fout, il veut un exemple. Il cherche à tendre des pièges et tirer,toutes les ficelles, même les plus improbables.-Les services que rend O. à la communauté seront insinués comme du travail au noir, visant à le définir comme un profiteur avec son RSA.

En effet la solidarité, le partage sont des notions que son monde ne comprend pas.-Son état de choc en garde à vue sera interprété comme un alibi pour justifier ces changements de réponses.-L’individu de la vidéo est forcément proche de la morphologie de O., puisque ce n’est pas un géant.-Si l’ADN avait été de transfert il serait dégradé (faux) Etc…Mais O. continu de nier, il n’était pas là ! Ses modes d’actions sont pacifistes. A la fin de son plaidoyer le procureur de-mande 3 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, obligation de travail, privation de droits civils et civiques pendant2 ans, interdiction de port d’arme.Après une interminable délibération et la tension qui nous tenaille les tripes, le verdict tombe : Coupable !2 ans de prison dont 1 an avec sursis et 1 an aménageable avec bracelet électronique /Interdiction de port d’arme / 1000 € de préjudice moral pour les employés de la préfecture. Sauf que rien n’a brulé, un simple liquide a été déversé sur la porte et pendant la nuit. (Et la FNSEA ils ont eu quoi ?) / 270 € de nettoyage de la porte / 127 € de frais de justice. La peine est dure. Reste un goût d’échec.Tout dans cette affaire nous laisse à penser que l’intention était de frapper fort,comme un avertisseur du futur à venir. Peu importe la culpabilité, des moyens disproportionnés seront mis en place pour donner le ton du nouveau niveau de répression. Peu importe le fond, peu importe de mettre un homme en cage, le message doit être envoyé : le palais de l’injustice protège l’État. Le bénéfice du doute n’est plus en vigueur, la criminalisation des militants est bien engagée. Au travers de ce procès, le témoignage de l’employée de la préfecture qui avait bie nappris la leçon, fera raisonner les manifestations comme angoissantes et dangereuses. (Des manifestations une à deux fois par semaine, parfois violentes, des effigies qui brulent, des chars qui défoncent les grilles…). Le nouveau préfet et son acolyte le procureur arrivés tous les deux depuis peu en Ariège, ne sont pas là par hasard. Sur fond d’écoterrorisme et désinhibition des violences policières, ils sont dans la tendance.

 

les amies de victor HUGO

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