Agriculteurs en colère : le point sur la mobilisation dans la région
Alors que les autoroutes autour de Paris restent occupées et que le convoi visant le marché de Rungis a joué toute la journée au chat et à la souris avec la gendarmerie mobile à travers champs, départementales et autoroutes, la mobilisation des agriculteurs en colère continue aussi dans la région.
Dans la nuit du 29 au 30 janvier, des palettes ont été déposées et incendiées devant les établissements Jeanjean, négociants en vin, à Saint-Félix-de-Lodez, dans l’Hérault. Autour de 4h du matin du fumier a été déversé devant la sous-préfecture de Lodève, avec des pancartes déposées sur les grilles du bâtiment mentionnant notamment les dégâts causés par le loup sur les troupeaux et la surcharge administrative.
Des agriculteurs en colère étaient également présents durant la journée de ce mardi 30 janvier au rond-point entre Cazevieille, Saint-Martin et Viol.
Des viticulteurs et des éleveurs du Lodévois et du Larzac prévoient de se rassembler dans la matinée du jeudi 1er février devant la sous-préfecture de Lodève, tandis que la Confédération Paysanne appelle à se retrouver à Montpellier le même jour, à 11h au parking des Arceaux ou à partir de midi au Peyrou pour le revenu paysan, la sortie des traités de libre-échange et une alimentation saine, accessible et de proximité.
Alors que s’ouvre la période de dépôt des dossiers d’indemnisation pour les récoltes détruites par les catastrophes naturelles en 2023, le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch a annoncé avoir demandé aux services de la concurrence et de la répression des fraudes, placés sous l’autorité des préfets, de renforcer leurs contrôles à l’égard de marchandises provenant de l’étranger. Avant de promettre quelques heures plus tard cinq contrôles dans des grandes surfaces du département, visant notamment à repérer des produits frauduleusement vendus ou étiquetés comme produits français.
Dans le Gard, le réseau secondaire restait aujourd’hui perturbé, avec des barrages d’agriculteurs installés entre Bagnols-sur-Cèze et Remoulins, au niveau du rond-point des 4 chemins, sur la départementale 6086 ou encore sur la nationale 86 à Saint-Etienne-des-Sorts.
À midi, les trois ronds-points d’accès au centre commercial nîmois Cap Costières étaient bloqués par des tracteurs et des palettes enflammées.
À Guallargues, les agriculteurs en colère ont occupé le rond-point de Royal Canin en début d’après-midi, en contrôlant des camions pour en sortir les produits d’origine étrangère.
Sur l’A9, toujours partiellement fermée, comme l’A54, les agriculteurs restent mobilisés sur le point de blocage, au croisement des deux autoroutes. Une centaine d’élus locaux ont défilé sur le point de blocage durant la journée. Un grand feu de colère a été allumé suites aux annonces de Gabriel Attal.
En milieu d’après-midi, le nouveau premier ministre a profité de son discours de politique générale pour faire des annonces concernant le mal-être agricole. Il prétend vouloir lutter pour les mesures en miroir et la réciprocité dans les traités de libre-échange. Ont également été annoncé : un versement rapide des aides de la PAC, un fond d’urgence pour les viticulteurs, la mise en place d’un dispositif fiscal spécifique permettant aux éleveurs de faire face à l’inflation. Alors que la Commission Européenne, avec d’importants mouvements d’agriculteurs en Allemagne, Angleterre, Belgique ainsi que dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, envisage la fin de l’obligation de jachères.
Des annonces qui n’ont pas convaincu tout le monde. Les agriculteurs mobilisés sur l’A10 et sur l’A6 pour bloquer Paris ont ainsi annoncé se rapprocher de la capitale. Sur l’A9 près de Nîmes, le média Inf’Occitanie mentionnait à 19h une forte présence de CRS et une situation en train de se tendre.
La préfecture gardoise prévoit pour demain, mercredi 31 janvier 2024, des perturbations très importantes sur le réseau secondaire et les axes autour des agglomérations de Nîmes, Alès, Bagnols-sur-Cèze et Pont-St-Esprit. Alors que les transports en commun de l’agglomération nîmoise sont eux aussi fortement perturbés par la mobilisation.
La FDSEA de l’Aude appelait les agriculteurs du département à se joindre au blocage de l’aéroport Toulouse/Blagnac. Idem pour le Tarn. Les manifestants.e.s y étaient attendus par deux blindés de la gendarmerie munis de canons à eau et une dizaine de fourgons de CRS.
200 agriculteurs ont participé à des actions visant les grandes surfaces du sud de l’Aveyron, dont le Leclerc de Millau, tandis qu’une manifestation en tracteur démarrera ce mercredi 31 janvier de la Place d’Armes de Rodez à midi et que la grande distribution sera de nouveau ciblée le 1er février.
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