Après sa visite chaotique à Ganges, Macron promet qu’il ne « démissionnera pas »

Le Poing Publié le 20 avril 2023 à 19:24
A Ganges, tous·tes étaient prêt·es à accueillir Macron Photo - Samuel Clauzier

Après avoir promis « l’apaisement » le 18 avril, Emmanuel Macron tenait à se rendre dans plusieurs villes pour rencontrer la population. Mais après avoir été copieusement hué en Alsace le 19 avril, le Président de la République a vite renoncé à son ambition. Il n’a pas daigné rencontrer les manifestant·es qui l’attendaient de pied ferme à Ganges ce 20 avril et a préféré se claquemurer dans un collège. Reportage.

Les anti-Macron de l’Hérault et des départements voisins se sont immédiatement fait passer le mot quand ils et elles ont appris que le chef de l’État se rendait à Ganges. Un appel de la CGT à lui réserver un « accueil spécial » a vite tourné, relayé, entre autres, par l’assemblée des précaires Sud Cévennes. La veille, déjà, des banderoles donnaient le ton : « Macron dégage », « Le Roi affame le peuple », etc. La CGT a coupé l’électricité à l’aéroport de Montpellier avant même qu’il n’atterrisse, ainsi qu’au collège Louise Michel, le contraignant à discuter avec des écolier·es dans la cour de l’école, alors qu’il était prévu qu’il soit à l’intérieur de l’établissement.

Notons que Louise Michel est une révolutionnaire anarchiste du XIXe siècle qui a envisagé de tuer Adolphe Thiers, ancien Président de la République. Elle n’aurait fait qu’une bouchée de Macron, ancien banquier. On lui doit de belles citations, dont celle-ci : « Notre plus grande erreur fut de n’avoir pas planté le pieu au cœur du vampire : la finance ». Il est à ce titre assez pervers (mais qui s’en étonne ?) que le champion du libéralisme ait choisi précisément ce collège pour sa venue.

Malgré un dispositif policier extravagant (des centaines de gendarmes), des fouilles arbitraires, une ridicule interdiction préfectorale de faire usage « de dispositifs sonores portatifs », c’est-à-dire de casseroles, environ deux milliers de manifestant·es (au plus fort) étaient présent·es, dont certain·es depuis 5h30, pour rappeler à Macron que « Louis XVI, on l’a décapité » et qu’on peut « recommencer ». Le ton est posé.

Des heurts ont rapidement éclaté. Une percée épique d’une barrière forçant des gendarmes à reculer sur plusieurs mètres, du gazage en veux-tu en voilà (même les élus locaux n’ont pas été épargnés), des coups de boucliers, de très nombreux jets d’œufs et de pommes de terre (dont une a atterri sur l’un des gardes du corps qui protégeaient les « journalistes » de BFM), le tout dans une bonne ambiance. L’un des journalistes du Poing présent sur place a entendu – nous n’avons pas dit chanté – ce slogan ambitieux portant une critique de droite de la police : « Policer, assisté, trouve-toi un vrai métier ».

Seulement voilà : pas de Macron en vue. Il a déclaré que « les œufs et les casseroles, c’est pour faire la cuisine » et qu’il ne comptait donc pas aller à la rencontre des manifestant·es. Cette blague très nulle masque une vraie défaite symbolique : le fait est que le Président de la République est si détesté qu’il ne peut plus aller à la rencontre de manifestant·es qui lui souhaitent ouvertement une mort douloureuse. Même les collégien·nes forcé·es de lui tenir compagnie tiraient une gueule qui en disait long…

Macron, heureux de s’écouter parler, à Ganges le 20 avril 2023

A un moment, la rumeur court que le Président serait dans tel restaurant. Immédiatement, tout le monde s’y rend mais il faut se rendre à l’évidence : il n’est pas là, au plus grand désespoir des cuisinier·es et de leurs grands couteaux de bouchers. S’en suivra un blocage de plusieurs heures d’un rond-point qui a bloqué longuement la circulation, avec l’idée qu’ainsi, Macron serait bloqué dans Ganges. Mais le filou a trouvé une porte de sortie. Ça ne durera pas !

Les gendarmes ont fini par déloger les manifestant·es, en interpellant au passage un adolescent.

Macron s’est ensuite rendu dans un bar à Pérols. Face à une habitante méconte, il a tenu à préciser qu’il ne « démissionnera pas ».

On notera aussi qu’au cours de la journée, le député LREM Patrick Vignal a glissé à Macron qu’il était « prêt à la guerre ». Chiche ?

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

« Dégage - toi de l’ OMBRE » – Entretien avec J M R Cazic