Covid-19 : la France envoie les migrants aux champs pendant que le Portugal les régularise
En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. Le préfet de Seine-et-Marne, Thierry Coudert, qui se définit comme un « sarkozyste de gauche », a « demandé aux gestionnaires des hébergements d’urgence des demandeurs d’asile du département [de Seine-et-Marne] de faciliter la mise en relation entre les réfugiés et les professionnels agricoles [pour] combler le manque de main d’œuvre que connaît [l]e secteur [agricole] à cette période […]. 56 réfugiés […] pourront rejoindre des exploitants agricoles […] pour contribuer à des travaux de plantation et de récoltes ».
En 2018, le gouvernement Macron a adopté une loi asile-immigration à faire pâlir de jalousie l’extrême-droite : « allongement de la durée de la rétention administrative jusqu’à 90 jours y compris pour les familles accompagnées d’enfants mineurs […], absence de recours suspensif pour les personnes originaires d’un pays dit ‘‘sûr’’ […], systématisation des mesures de bannissement et multiplication de mesures de surveillance à l’encontre des personnes étrangères […], banalisation des audiences par visio-conférences, fichage des mineur·e·s isolé·e·s, possibilité pour les préfectures de passer outre les avis médicaux […], etc. »
D’une manière générale, les personnes issues de l’immigration sont soumises à une forte répression de la part des autorités françaises, et on peut ainsi légitimement s’interroger sur le caractère volontaire de cet « encouragement à aller travailler ». Le préfet reconnaît qu’en temps normal, les maraîchers font « habituellement appel à des saisonniers communautaires et extra-communautaires », et qu’il existe pourtant toujours un manque de main d’œuvre, qui peut s’expliquer par la pénibilité du travail de ramassage de fruits et légumes en été, souvent payé à la tâche. Cette pénurie de main d’œuvre avérée dégonfle ainsi le mythe d’extrême-droite selon lequel les étrangers voleraient le travail des Français, alors que dans les faits, ils font bien souvent le travail que les Français ne veulent pas faire, à juste titre.
Pendant ce temps-là, le gouvernement portugais a pris une mesure de bon sens : régulariser les demandeurs d’asile et les immigrés en attente d’un titre de séjour pour qu’ils puissent bénéficier des mesures sanitaires prises pour l’ensemble de la population, et ainsi contribuer à la lutte contre la pandémie.
Les préfectures françaises ont certes annoncé que les personnes migrantes qui étaient en attente de renouvellement ou de délivrance de titre de séjour bénéficieraient d’un nouveau délai de trois mois, mais cette mesure n’est pas à la hauteur du péril sanitaire actuel. Après avoir tardé sur la question des masques et des tests, le gouvernement doit arrêter de jouer avec les vies humaines : exigeons la régulation de tous les sans-papiers !
Le Poing aurait aimé poser de nombreuses questions à la préfecture du Seine-et-Marne, mais les « contacts presse » ne répondent pas.
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