Covid-19 : restrictions au bar mais pas au travail, pourtant premier foyer d’infection

Le Poing Publié le 24 septembre 2020 à 12:21 (mis à jour le 24 septembre 2020 à 18:13)

Ce sont dans les entreprises où l’on compte le plus de « clusters » et pourtant, rien n’est fait pour limiter la présence au travail. Pendant ce temps-là, les bars ferment.

Fin de récré

Dansez, riez, chantez, mais gare à la rentrée : voilà peu ou prou le message du gouvernement délivré cet été. Début septembre, le Conseil scientifique fait monter la sauce en s’alarmant d’une possible « augmentation exponentielle du coronavirus » nécessitant de « prendre des mesures difficiles ». Le Premier ministre Jean Castex prend solennellement la parole le 11 septembre, la tension est à son comble, mais finalement, rien du tout, si ce n’est qu’on devra « apprendre à vivre avec le virus ».

Et hier soir, patatras, la colocation se brise dans une explosion de couleurs. 69 départements sont placés en rouge clair. Onze métropoles, dont Montpellier, en rouge carmin : fermeture des bars à 22h dès lundi (voire plus tôt si le préfet en décide), rassemblements limités à 10 personnes et grands évènements à 1 000 personnes, interdiction des fêtes locales et étudiantes, fermeture des salles de sport et polyvalentes. Et du rouge écarlate pour Marseille et la Guadeloupe : fermeture totale des bars, des restaurants et des établissements recevant du public, sauf « s’il existe un protocole sanitaire strict déjà mis en place ».

Mieux vaut être au bistrot qu’au boulot

La fermeture des bars est-elle utile ? Pas sûr, selon un rapport publié début septembre par Bernard Godelle, Sylvie Hurtrez, Catherine Moulia et Mircea Sofonea, des enseignants-chercheurs à la faculté des sciences de Montpellier, des biologistes de l’évolution et des spécialistes d’épidémiologie ou d’écologie de la transmission. « Attention à l’effet de la fermeture des terrasses des cafés » pouvant faciliter « les rassemblements dans les lieux clos » écrivaient-ils.

Ils s’alarmaient aussi des transmissions au travail : « même si les mesures barrières étaient de mieux en mieux appliquées, le retour des salariés dans les entreprises et la reprise des activités économiques et de l’enseignement sont d’importants facteurs favorisant la transmission virale ». Or, « la stratégie des pouvoirs publics est claire affirmaient-ils : éviter absolument un nouveau confinement général pour préserver l’économie, tracer les cas et identifier les foyers, limiter par des mesures locales la saturation des services de réanimation ». Le dernier point épidémiologique de Santé publique France constate que 27% des foyers d’infection – ces fameux « clusters » – se trouvent dans les entreprises privées et publiques, loin devant les évènements publics ou privés (13%) et le milieu familial élargi (9%).

Et pourtant, aucune mesure concrète n’a été prise pour limiter la présence au travail, si ce n’est une supplique d’Olivier Véran pour « développer au maximum le télétravail ». Et d’un point de vu sanitaire, on peine toujours à comprendre pourquoi, si les bars ferment, les temples commerciaux comme Polygone et Odysseum restent bien ouverts…

Une possibilité de reconfinement dans l’Hérault ?

La rentrée s’annonce « clairement comme un mauvais remake, néanmoins plus lent, du mois de mars » écrivaient nos scientifiques montpelliérains. Et leurs prévisions font plutôt flipper : « La baisse de la moyenne d’âge des nouvelles contaminations ne pouvant être indéfiniment entretenue, a fortiori avec le contexte de rentrée et la météo automnale, cet effet de tassement de l’augmentation des cas sévères finira par prendre fin et à terme la dynamique de la mortalité hospitalière reflétera la hausse des contaminations en population générale. » Autrement dit : l’augmentation des nouvelles contaminations se transformera forcément à un moment donné par plus de morts. « La probabilité de mesures de fermetures d’établissement ou même d’un reconfinement est […] très forte dans les régions comme l’Hérault où la circulation du virus est très active ». Youpi !


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