Crise agricole : le blocage de Vendargues levé, un nouveau rendez-vous samedi à La Cavalerie, le mouvement s’étend
Le blocage de Vendargues, initié par la Confédération Paysanne et des manadier-ères, s’achève ce vendredi 19 décembre, après six jours. Une autre action est prévue avec la Conf’ de l’Aveyron samedi à La Cavalerie. Et le mouvement ne cesse de s’étendre.
Dimanche 14 décembre : la Confédération Paysanne* de l’Hérault, accompagnée de l’antenne gardoise et de manadiers-ères, lance un point de blocage à Vendargues, près de l’A709. Sources du mécontentement : les abattages systématiques de troupeaux de bovins avec une ou plusieurs bêtes infectées par la dermatose. Et très vite, l’accord de libre-échange en discussion entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur.
Levée du barrage de Vendargues
Après six jours de mobilisation intense, le blocage est levé ce vendredi 19 décembre au soir. Entre temps, la vaccination a été obtenue pour l’intégralité du département de l’Hérault.
Durant ces six jours, des agriculteurs-trices, et pas seulement des éleveurs-euses, non syndiqué-es, membres de la Coordination Rurale**, voir même des Jeunes Agriculteurs*** (pourtant pour l’abattage total, à l’échelle nationale) sont passé-es sur le barrage. Des soutiens ne travaillant pas en agriculture également.
Plusieurs opérations escargot ont été organisées. Ainsi qu’une opération coup de poing, ce jeudi 18 décembre, qui a entraîné une discussion avec le port de Sète sur les règles liées aux exportations de bétail.
« Sur le seul point fixe de paysans en lutte, dans un périmètre de plus de 150 km, les personnes ayant vécu cette expérience, pourront juste dire à leurs enfants « j ai lutté pour le monde paysan, son mode de vie et ses troupeaux, et plus largement, contre une société qui de déshumanise progressivement. », conclut Nicolas Vitou, un des animateurs du point de blocage.
La Confédération Paysanne continue les actions
La Confédération Paysanne de l’Hérault indique poursuivre la mobilisation, et appelle déjà à rejoindre la Conf’ de l’Aveyron pour une action prévue samedi 20 décembre. Alors que la Coordination Rurale tient déjà plusieurs barrages sur le département. Rendez-vous près de l’A75, sortie 48 de l’autoroute (Cornus) à 9h, ou sortie 47 (La Cavalerie) à 9h30. Le syndicat demande de prendre si possible : tracteur, à manger, et de quoi dormir sur place. Et indique avoir des solutions pour les personnes non-véhiculées, une fois arrivées sur place. Une opération escargot en direction du viaduc de Millau est prévue dans la journée.
« En ce week-end de grands départs, compte tenu des risques cumulés en termes de sécurité routière (très grande affluence attendue sur l’autoroute, prévisions météorologiques incertaines), la préfète de l’Aveyron a pris un arrêté d’interdiction de cette manifestation afin de garantir la sécurité des usagers de la route », indique la préfecture de l’Aveyron.
Le ministre de l’Intérieur Laurent Nunez a changé de doctrine, après quelques jours où la consigne était de faire preuve de « tact » et de « souplesse » face aux manifestant-es. « Nous ne tolérerons plus de blocages », a ainsi prévenu sur RTL la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon vendredi matin.
Malgré ces annonces, le mouvement paysan ne cesse de prendre de l’ampleur. Laurent Nunez recensait dans l’après-midi du vendredi 19 décembre, 93 actions, pour un peu moins de 4000 personnes mobilisé-es, avec 900 engins agricoles.
*Troisième syndicat agricole, classé à gauche, qui organise des petit-es et moyen-nes exploitant-es, avec une bonne proportion d’exploitant-es en reconversion, souvent attiré-es par la très forte identité agro-écologique mise en avant par l’organisation.
**La Coordination Rurale est le second syndicat d’agriculteurs-trices, regroupant des petits et moyens exploitant-es en situation de fragilité sur le marché des filières de l’agro alimentaire. Elle est très critique du syndicat majoritaire, la FNSEA. De plus en plus de ses cadres affichent leur proximité avec l’extrême-droite, même si certain-es de ses membres peuvent être critiques envers ce camp politique. Le syndicat tend à radicaliser sa ligne anti-écolo, dans un contexte où le monde paysan se trouve de plus en plus pris en tenaille entre les aspirations écologiques de la société civile et la crise agricole. Non sans nuances. Serge Zaka, docteur et chercheur en agroclimatologie auquel le média écologiste Reporterre consacrait un portrait en mars 2023, est régulièrement l’invité de discussions organisées par des sections locales de la CR. La CR34 et les membres du parti Les Écologistes se retrouvaient fin juillet pour une discussion sur les enjeux agricoles. Avec des points d’accord, en matière de rejet des mégas-bassines, de lutte contre la bétonisation, de distribution des aides de la PAC, dans la foulée d’actions virulentes menées par le syndicat après des propos de Sandrine Rousseau jugés provocateurs « J’en ai rien à péter de la rentabilité des agriculteurs. », avait déclaré cette dernière interrogée à propos de la loi Duplomb visant à réduire les contraintes réglementaires des agriculteurs-trices, entre autres pour l’usage de pesticides, adoptée le 8 juillet 2025
***La FNSEA est le principal syndicat agricole, et revendique 212 000 adhérents-es sur 400 000 exploitant-es. Plus 50 000 chez les Jeunes Agriculteurs, son « antichambre » qui regroupe les moins de 35 ans. Les Jeunes Agriculteurs peuvent suivre une ligne autonome. En 2019 ils remportaient la Chambre d’Agriculture de Guadeloupe avec le Modef, contre la FNSEA. En 2025 sa section corse avait envisagé une alliance avec la Coordination Rurale. La FNSEA syndique des exploitant-es de toutes tailles, inséré-es dans les filières agro-alimentaire, mais défend en priorité les intérêts des plus gros-ses. Ce qui est très visible dans sa défense d’une attribution des aides de la PAC à l’hectare plutôt qu’à l’exploitant-e. La FNSEA peux parfois défendre les intérêts des petits et moyens exploitant-es, tant que cette défense ne rentre pas en contradiction avec les intérêts de l’agro-industrie. Elle est dirigée par Arnaud Rousseau, à la tête d’une immense exploitation agricole de plus de 700 hectares. L’homme est aussi président du groupe agro-industriel Avril, qui regroupe Lesieur, Puget. Il est actif dans l’alimentation des animaux d’élevage, les agrocarburants ou encore la chimie des huiles et protéines végétales, et président du Conseil d’Administration de Sofiprotéol, qui finance des crédits aux agriculteurs.trices. La FNSEA est une organisation tentaculaire sans équivalent en dehors de l’agriculture. Elle a un contrôle sur une bonne partie de la presse spécialisée. Elle fournit des services à ses adhérent-es, et est présente dans de nombreux organismes encadrant le monde agricole, comme le Crédit Agricole ou la Sécurité Sociale agricole, la MSA. Si bien qu’on peut y adhérer sur une logique d’un « il vaut mieux en être ».
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