Des années après l’attaque des serveurs de la fac Paul Valéry, trois jeunes en procès malgré un dossier vide

Le Poing Publié le 13 décembre 2021 à 13:20
Image d'illustration

Le 11 avril 2018, en plein mouvement social contre la sélection à l’université, les serveurs de la faculté Paul-Valéry sont attaqués, rendant impossible la tenue d’examens exceptionnellement prévus en ligne pour contourner le blocage du campus par les étudiants mobilisés. N’ayant pas pu identifier de coupable, le tribunal de Montpellier poursuit trois jeunes pour refus de prélèvement d’ADN et de communication de code téléphonique. Le procès – et le rassemblement de soutien – se tiendront ce mercredi 15 décembre à 14 heures devant le palais de justice de Montpellier.

Au printemps 2018, la France est en ébullition. Des dizaines de facultés sont bloquées pour exiger le retrait de la loi ORE, dont l’objectif principal est d’accroitre la sélection sociale à l’université en empêchant un bachelier d’avoir automatiquement accès à la faculté de son choix. Concrètement, depuis l’instauration de cette réforme, le bachelier doit se rendre sur une application web, Parcoursup, pour formuler des vœux d’affection qui peuvent être refusés sans justification, à la discrétion d’un algorithme automatisant la discrimination des plus pauvres.

À Montpellier, la mobilisation est puissante, avec des semaines d’occupation active, des manifestations dynamiques et des assemblées générales régulières des étudiants et du personnel. La réaction ne se fait pas attendre. D’abord fasciste, avec le tabassage d’étudiants à la faculté de droit, puis policière, avec l’investissement, par une cinquantaine de policiers, d’un amphithéâtre alors vide pour y prélever de l’ADN et promettre que les étudiants mobilisés seront tenus pour responsables des centaines de milliers d’euros de dégâts occasionnés par l’occupation, selon la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal.

Le 27 mars 2018, plusieurs milliers de personnes participent à une assemblée générale et votent pour la démission du président de l’université, Patrick Gilli

Quand les serveurs sont physiquement mis hors service, alors que la direction avait tout misé sur les examens en ligne pour casser le mouvement, la même ministre promet dans la foulée des poursuites judiciaires. Ce n’étaient pas des paroles en l’air. Le 5 décembre 2019, un an et demi après les faits, quatre jeunes sont violemment perquisitionnés et placés en garde à vue suite à une plainte relayée par la ministre. Seulement voilà, le dossier est vide, à tel point que le parquet n’a pas d’autre choix que de renoncer aux poursuites. « Toute l’enquête a prouvé que les mesures brutales […] infligées à ces jeunes étaient totalement injustifiées dénonce le syndicat Unef Cage Montpellier. Et au lieu de leur présenter des excuses, le procureur les poursuit pour des “délits” survenus au cours de ces gardes à vue », à savoir le refus de communication de code téléphonique et de prélèvements d’ADN (selon nos informations, des prélèvements auraient pourtant bien été effectués à l’insu des gardés à vue). L’association Le Barricade parle d’un « harcèlement judiciaire » et d’une « tentative d’intimidation ».

Le procès se tiendra ce mercredi 15 décembre au palais de justice de Montpellier, place Pierre Flotte, avec un appel à rassemblement à 14 heures devant les grilles du tribunal.

Le communiqué du syndicat “Unef Cage Montpellier” est également signé par le SCUM, Sud Educ’ 34, la CNT ESS 34, le NPA 34, la FSU 34, Solidaires 34, SNES 34, SNUipp 34, UCL 34

Photos empruntées à la page facebook “Paul Va Lève Toi”

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