Esotérisme, immobilier : le business occulte de la secte des Brigandes dans l’Hérault

Elian Barascud Publié le 16 mai 2023 à 15:38 (mis à jour le 1 décembre 2023 à 11:34)
Les Brigandes faisant le salut nazi

La secte des Brigandes, rebaptisée La communauté de la Rose et de l’Épée, dont des membres sont invités du 19 au 21 mai au salon du bien-être Demain c’est aujourd’hui à Montpellier, propose d’étranges conférences et cherche des actionnaires pour sa société immobilière dans le but de construire « un centre de séjour ».

Après la production d’albums racistes (Le Grand Remplacement, Foutez le camp !, etc.), la publication d’Uranus, une revue ésotérique, et l’exposition de peintures mystiques, La communauté de la Rose et de l’Epée, ex Brigandes, se lance dans un nouveau business : les conférences payantes, dans des lieux souvent tenus secrets dans l’Hérault.

Ecologie et extraterrestre

La communauté de la Rose et de l’Epée propose, moyennant 8€ par personne, des « conférences à contre-courant », pour « remettre en question les poncifs officiels » : « Extraterrestres : pourquoi viennent-ils », « Transhumanisme : va-t-on vers le remplacement de l’être humain » ou bien « Ecologie : comment défendre réellement la Vie et la Nature aujourd’hui ? », etc. Ces conférences permettent au groupe, en plus de générer de l’argent, de dérouler leur propagande identitaire teintée de spiritualité new age et de complotisme.

Volonté d’expansion immobilière

La secte s’étendrait. Selon le Midi Libre, La communauté de la Rose et de l’Epée viendrait de monter une communauté à Castelnau-le-Lez. Dans un flyer, on découvre un projet d’ouverture d’un « centre de séjour » sur un terrain vendu par un ami pour « servir la cause ». L’initiative est d’autant plus problématique qu’une enquête belge vise Les Brigandes pour déterminer les circonstances de la mort suspecte d’une adepte souffrant d’un cancer terminal, retrouvée isolée dans un cabanon. La communauté de la Rose et de l’Epée cherche actuellement des investisseurs pour accomplir ce projet, via une société civile immobilière.

Créée en septembre 2020, la SCI Barka, domiciliée à La Salvetat-sur-Agout (Hérault), lieu de résidence des Brigandes, a pour objet « l’acquisition et gestion d’immeuble » et la « jouissance de biens immobiliers ». La société est dirigée par Ruedi Füllemann, l’ancien producteur des Brigandes, Michel Kurz, présenté comme un militant du groupuscule identitaire La Ligue du Midi par le site d’extrême-droite Riposte Laïque, Etienne Giraud et Xavier Berardi, respectivement guitariste et bassiste des Brigandes et de leur autre formation, Ultra Sixties. Xavier Berardi détiendrait 30% des parts de la SCI.

Objectif thune

La participation de membres de La communauté de la Rose et de l’Epée au controversé salon du bien-être Demain c’est aujourd’hui, prévu du 19 au 21 à Montpellier au château de Flaugergues, leur offrirait une manne financière, en plus d’une tribune à leurs propos délirants (Antoine Duvivier, le « documentariste » des Brigandes, compte y présenter une « conférence » sur « les mensonges de l’Histoire : civilisations disparues VS théorie de l’évolution ».

Le salon est organisé par l’association MEET (Mouvement Energétique pour l’Evolution Terrestre), sous la houlette de Hélène Labruyère (par ailleurs petite-nièce éloignée du fondateur des Brigandes, Joël Labruyère). Elle possède aussi une SARL, nommée OSM et domiciliée à Montpellier, dont l’activité principale est « l’exploitation de tout fonds de commerce de la société d’événement, l’organisation de salons de foires formations, ateliers de conférence achat et vente de tous type de de matériels et de prestations de services ayant un rapport avec l’objet social ».

L’avocat Jean-Baptiste Cesbron, bénévole au sein de l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu, qui a pour mission d’aider les victimes et les familles de victimes d’emprise sectaire, le rappelait dans nos colonnes : « Les organisateurs présentent le salon comme un évènement associatif géré par des bénévoles, avec l’idée que personne n’en tire profit, mais pour l’écrasante majorité des intervenants, ce sont des entrepreneurs qui font commerce de la crédulité des gens. »

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