Projection en ligne du film « Dire à Lamine » sur l’impunité policière

Ce dimanche 26 avril à 21h, le collectif pan-afro-révolutionnaires Cases Rebelles vous propose la projection en ligne du film Dire à Lamine (72 minutes), en version originale française sous-titrée en anglais. Pour regardez le film, rendez-vous ici à 21h.

Le plaquage ventral, technique meurtrière

Le 17 juin 2007, Lamine Dieng décède dans un fourgon de police après son interpellation à Belleville. Une première autopsie conclue à un arrêt cardiaque vraisemblablement lié à une surdose de cocaïne. Mais une seconde expertise médicale, réalisée après une plainte des proches de Lamine contre X et l’ouverture d’une instruction judiciaire, fait état d’une « mort par asphyxie ». Les policiers avaient interpellé le jeune homme de 25 par un plaquage ventral, une technique policière à la française régulièrement condamnée par la Cour européenne des Droits de l’Homme. Le 29 juin 2017, la Cour de cassation confirme le non-lieu ; officiellement, personne n’est responsable de la mort de Lamine Dieng. Pendant des années, et comme tant d’autres proches de victimes de la police, sa sœur, Ramata, qui intervient également dans le film À nos corps défendants, se bat contre l’impunité policière au sein du collectif « Vies volées ».

Démocratisation des violences

Jusque là réservée à des catégories de la population considérées comme « marginales » – ultras, habitants des quartiers populaires, militants… –, des pans de plus en plus larges de la société françaises, notamment les gilets jaunes, découvrent la réalité des violences policières. D’après l’excellente et l’effarante base de données du média Bastamag sur les crimes policiers, au cours des quarante-trois dernières années, 676 personnes sont mortes à la suite d’une intervention des forces de l’ordre. Sur les 412 personnes tuées par balles, 68 seulement avaient préalablement attaqué la police. Quand elle ne tue pas, la police mutile. Le mur jaune recense au 20 décembre 2019 plus de 400 personnes très gravement blessées au cours d’opération de « maintien de l’ordre » visant le mouvement social des gilets jaunes, entamé le 17 novembre 2018.

Impunité

Ces insupportables violences ne se sont pas arrêtées avec le confinement : depuis le 8 avril, on compte 5 morts suite à des interventions de police, principalement dans des quartiers populaires. Citons le triste exemple de cet homme de 33 ans, mort au commissariat de Béziers le 8 avril suite à un contrôle de confinement. Quatre jours avant, le 4 avril, une enfant de 5 ans a été gravement blessée par un tir de lanceur de balles de défense, à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines. Ces violences policières expliquent largement le regain de tension dans les banlieues. La police assassine, la justice acquitte. Le 12 mars 2020, deux policiers qui ont éborgné une mère de famille et blessé son fils ont été acquittés… Depuis des années, Amnesty International alerte sur cette scandaleuse impunité policière.

Nous reproduisons ici le texte de présentation qui accompagne l’annonce de la projection du film Dire à Lamine :

« Le 17 juin 2007, Lamine Dieng a été tué à Paris par la police, comme beaucoup avant lui. Dix ans plus tard, “Dire à Lamine”  raconte le combat de sa famille et du collectif “Vies volées” fondé par sa sœur Ramata Dieng. Comment vivre quand il n’y a pas de justice ? Comment vivre avec ces deux blessures : le crime lui-même et l’absence de procès ? Comment continuez-vous à vivre, à vous battre, à résister ?
Dans les entretiens, aux côtés des images d’archives, les membres de la famille Dieng et les personnes qui les ont soutenus répondent à ces différentes questions. Souvenirs, méditations politiques, contextualisations, analyses historiques se déroulent.
En contrepoint, un portrait de Lamine prend également des formes. »

Le Poing vous souhaite une agréable séance…