Face à l’exploitation, la vie chère et les galères, l’assemblée des précaires Sud Cévennes s’organise

Le Poing Publié le 26 avril 2023 à 11:22 (mis à jour le 26 avril 2023 à 11:33)
Mobilisation lors de la venue de Macron à Ganges le 20 avril 2023 (photo de Samuel Clauzier)

Les Cévennes, ses randonnées inoubliables, ses paysages d’exception, ses villages pittoresques… et sa misère sociale. Un collectif lancé en mars 2023 dans le sillage de la mobilisation contre la réforme des retraites entend bien montrer l’envers du décor. Rencontre.

Sur le papier, le parc national des Cévennes envoie du rêve, mais quand l’on gratte un peu, les problèmes ressurgissent rapidement. Situé à l’intersection de la Lozère (au nord), d’une petite partie de l’Ardèche (à l’est) et du Gard (au sud), c’est dans ce département, plus urbain, que l’on peut parler d’une réelle « fragilité sociale », pour reprendre les termes d’une étude de l’Insee de 2020. Un quart d’habitant·e·s sous le seuil de pauvreté, 43% des actifs de 15-24 ans se déclarant au chômage, des revenus le « plus souvent constitués de prestations sociales et de pensions de retraite », etc. Une précarité notamment « liée aux difficultés économiques anciennes de l’agglomération d’Alès. »

En mars 2023, pour soutenir la mobilisation contre la réforme des retraites, un groupe de personnes réfléchit à l’opportunité de lancer, sur le pays viganais, une caisse de grève autonome ouverte aux non-syndiqué·e·s et au fil des débats, l’initiative débouche sur la création de « l’assemblée des précaires Sud-Cévennes », avec une quarantaine de personnes associées au projet ainsi résumé : « L’assemblée des précaires est un moment pour se rencontrer, s’organiser, visibiliser nos situations, se soutenir mutuellement dans nos diverses galères et imaginer collectivement des outils pour se remonter le moral et lutter ensemble. » L’assemblée s’est mobilisée, entre autres, lors des mobilisations post 49-3 devant la sous-préfecture du Vigan et lors de la venue de Macron à Ganges. Le Poing est allé pointer le bout de son nez à l’une des réunions publiques de l’assemblée, qui se tiennent chaque mardi à 17h30 au local de l’Etuve (Pont d’Hérault, route de Ganges – assembleedesprecaires-cvn[at]laposte.net).

Première question à l’ordre du jour : « est-ce qu’on peut concrètement aider quelqu’un qui rencontre une galère actuellement ? » L’idée est en effet d’organiser la solidarité directe en se refilant des plans taffs, logement, bouffe, en rappelant que telle entreprise du coin maltraite ses salarié·e·s, que tel maire mériterait bien un coup de projecteur, etc. La lutte est concrète, les banderoles et les tracts ne fleurissent pas de nulle part, et l’assemblée s’affaire donc à les préparer, imprimer, distribuer. Un travail de fourmi sans lequel aucune lutte n’est possible. A plus long terme, l’enjeu est de s’attaquer aux racines de la précarité locale : flicage des chômeurs, durcissement des conditions d’accès au RSA, répression, sécheresse, mal-logement… En 2016, on comptait 29% de résidences secondaires dans l’ensemble des logements de la partie gardoise des Cévennes. « Dans les vallées cévenoles peut-être encore plus qu’ailleurs, la multiplication des AirBnB, des gîtes, des maisons secondaires et bien hérités délaissés impacte directement celles et ceux qui cherchent à se loger pour y vivre à l’année et menacent directement la survie des villages » dénonce l’assemblée. Si la misère n’est définitivement pas moins pénible au soleil, elle demeure un puissant motif de révolte… à condition que celles et ceux qui la subissent s’organisent !

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