Gilets jaunes, acte XIX : Montpellier, place force des révoltes

Le Poing Publié le 24 mars 2019 à 22:13
Crédits photos : Nathanaël Dahan
La manifestation montpelliéraine du samedi 23 mars a été l’une des plus grosse du pays : 5000 gilets selon la préfecture, 10 000 selon le Nombre Jaune, au moins 7000 selon le Poing. Difficile de compter précisément, car le cortège a été très vite divisé par les charges de forces de l’ordre qui ont répondu à l’injonction de fermeté du ministère de l’Intérieur. Avant la manifestation, on comptait dans les seules rues Saint-Guilhem et Faubourg du Courreau pas moins de 21 fourgons de CRS, soit plus de 160 hommes.

Course-poursuite incessante
Vers 14h30, l’imposant cortège de la Comédie, après un passage près de la tour de la Babotte et à Rondelet, est allé en chercher un autre, sous le pont du carrefour du 8 mai 1945, en provenance du rond-point du Grand M. Avant de repartir vers Plan Cabane, le tribunal et le jardin du Peyrou. Pour la suite, direction le boulevard Louis Blanc, puis cap sur la préfecture via la rue du Pila Saint-Gély et les petites veines de l’Écusson, l’accès à la rue de l’université étant bloqué par un cordon de CRS. Originalité de taille : la place des Martyrs de la Résistance, devant la préfecture, n’a pas été investie, les manifestants préférant retourner sur la Comédie. Il est maintenant près de 15h, le défilé prend la direction de la gare Saint-Roch, décidant de rattraper la rue de la République par l’arrière du square Planchon pour éviter l’important dispositif policier. Les premier panneaux publicitaires volent en éclat. Au second passage devant la tour de la Babotte, des fourgons de CRS sont pris de court par une attaque de manifestants au début du boulevard Victor Hugo.

Dès ce moment là, l’acte XIX va se transformer en une course-poursuite incessante dans les rues, les ordres du préfet de l’Hérault Pierre Pouëssel étant visiblement de ne pas laisser entrer les gilets jaunes dans l’Écusson. Ils seront donc chassés le plus loin possible de cette zone, et le cas échéant accueillis par des tirs nourris de gaz lacrymogènes, y compris sur des foules calmes et peu nombreuses. Le cortège est attaqué par un cordon stationné sur le bas de la grand rue Jean Moulin. Les gilets jaunes se retrouvent divisés, avant de se retrouver au croisement de Clémenceau et Gambetta. Les vitrines de banques et d’agences immobilière se brisent, avant qu’un groupe de policiers anti-émeute déboule subitement sur l’avant du cortège. Charges répétées dans le brouhaha assourdissant des nombreuses grenades envoyées sur les manifestants. Le groupe se divise encore, une bonne partie emprunte la rue Chaptal, toujours poursuivie et gazée. Ils le seront jusque sur la voie rapide qui passe au dessus du carrefour du 8 mai 1945, au milieu d’un petit concert de klaxons. Maintenant, et jusqu’à la fin de la journée, les policiers s’acharnent sur les différents cortèges qui cherchent à pénétrer dans le centre-ville à grand renfort de grenades. Le bruit court qu’un groupe important de manifestants résiste aux tentatives d’évacuation de la police sur la place de la Comédie.

Coursés maintenant par la BAC, les protestataires les rejoignent par l’avenue de Maurin. Ils y arrivent après l’évacuation de la place et les violents affrontements qui ont fait de nombreux blessés parmi les gilets jaunes, y compris chez les street-médics, matraqués et visés au LBD. . Ces mêmes affrontements pendant lesquels des medics seront matraqués et visés au LBD dans les jambes. Avec toujours la BAC aux trousses, le cortège redescend sur le Corum, où les unités anti-émeute chargent, divisent encore le cortège et interpellent trois personnes dans des nuages de gaz lacrymogène. Une partie se retrouve aux prises avec la police quartier des Beaux-Arts, pendant qu’un autre groupe remonte les parallèles à l’avenue Jean Delmas.

Après le départ des compagnies de CRS entourant le Corum, ce sera retour vers la Comédie. 300 à 400 manifestants sont entourés par un nombre impressionnant de CRS, pendant qu’un second cortège d’un millier de personnes se fait pourchasser par la BAC dans les rues derrière la gare jusqu’à la tombée de la nuit. La Comédie est finalement évacuée entre 20h et 20h30, après que la police soit passée demander aux commerçants des rues alentours de plier les terrasses.

Côté interpellations, un triste record pour le mouvement des gilets jaunes sur Montpellier, avec une vingtaine de personnes envoyées en garde à vue. Et de nombreux blessés, par des grenades de désencerclement, des tirs de LBD, ou encore suite à des difficultés respiratoires liées à l’usage massif du gaz lacrymogène… Qu’importe. Ils ont la police, on a la peau dure.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Montpellier. L'apartheid israélien exposé à Paul-Valéry