Hérault : colère du préfet après le port d’un t-shirt pro-Palestine à une cérémonie officielle

Elian Barascud Publié le 7 décembre 2024 à 13:41
Le 11 novembre dernier, un élu de Brissac a posé lors d'une photo officielle avec un t-shirt de l'association pro-palestinienne BDS. (DR)

Stephan Steiner, élu de la commune de Brissac, s’est affiché avec un t-shirt de l’association BDS sur lequel on pouvait lire “Boycott Israël apartheid” à la cérémonie de commémoration du 11 novembre dans son village. Le préfet de l’Hérault l’accuse dans un courrier de “remettre en cause l’État d’Israël”. Le conseiller municipal lui a répondu que son action avait permis de créer du débat dans son village

La scène se déroule lors de la cérémonie de la commémoration de l’Armistice de la guerre de 14-18, le 11 novembre dernier, à Brissac. Stephan Steiner, conseiller municipal de Brissac, très engagé en faveur de la Palestine, se rend sur le monument au mort pour prendre la traditionnelle photo officielle. Juste avant la prise du cliché, il enlève son pull pour faire apparaître un t-shirt de l’association BDS sur lequel on peut lire “Boycott Israël Apartheid”. La photo circule ensuite sur Internet. “J’ai fais ce geste politique, car que ce soit 14-18 ou la guerre en cours menée par Israël, il s’agit dans les deux cas d’une guerre impérialiste”, commente-t-il au téléphone.

Mais voilà que François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault connu pour son opposition virulente au mouvement de soutien à la Palestine, tombe sur la photo. Le 15 novembre, il écrit un courrier à Stephan Steiner en dénonçant le fait que l’élu a porté un “vêtement comportant un message politique remettant en cause l’État d’Israël et relayé ces images sur les réseaux sociaux.” Le locataire de la Place des martyrs de la résistance affirme dans ladite lettre que “les cérémonies commémoratives en l’honneur des morts pour la France n’ont pas vocation à servir de support à des communications politiques, en particulier lorsque ces dernières sont hostiles à un État”.

A la réception du courrier, Stephan Steiner prend sa plume et répond non sans ironie : “Je commençais vraiment à m’inquiéter de l’efficacité des services de sécurité du département n’ayant peut- être pas signalé cet acte citoyen à leur hiérarchie, chargée de la sécurité intérieure ! Ensuite que mon acte citoyen, et aussi politique dans le sens noble du terme, vous a fait prendre votre plume pour vous adresser directement à mon humble personne. Merci, mon objectif est atteint.”

Pour lui, ce geste a permis de créer du débat au sein de sa commune : “Peu après, pendant l’apéritif servi, j’ai eu des discussions avec les villageois par rapport à mon geste rejeté par certains catégoriquement, d’autres écoutaient mes arguments. Tout cela me réjouis parce que ce geste a servi à quelque chose ( qui vous échappe et que vous ne arrêterez jamais, Monsieur le Préfet !)alerter les consciences que vous ne contrôlerez jamais ! Comme les manifestations hebdomadaires à Montpellier que vous avez en bon serviteur, ( esclave ou fonctionnaire exécutant des ordres d’en haut avec un déficit de conscience ? ) interdit à plusieurs reprises mais sans succès.”

Bref, l’intimidation du préfet n’aura servi à rien. Et pour preuve, Stephan Steiner est actuellement de monter un dossier de jumelage de sa commune avec une ville en Cisjordanie.

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