Hérault : des établissements scolaires mobilisés contre le gel de la part collective du Pass Culture
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Le Pass Culture collectif est un dispositif qui permet aux établissements de financer des actions culturelles à destination des élèves. L’annonce de son gel la semaine dernière a provoqué la colère du milieu associatif comme des enseignants. Dans l’Hérault, plusieurs établissements se mobilisent pour demander son rétablissement
C’est dans la presse que beaucoup d’enseignants et d’acteurs culturels (dont l’auteur de ses lignes, qui propose des ateliers d’éducation aux médias et à l’information en milieu scolaire), ont appris la nouvelle, la semaine dernière. Le gouvernement a décidé, le 31 janvier dernier, de geler la part collective du Pass Culture, un dispositif qui permet aux établissements, via une plateforme Internet, de financer des ateliers, des sorties théâtres, de l’éducation aux médias… Si le budget initial alloué à cette action était de 97 millions d’euros, l’exécutif a gelé ces fonds et les a divisé en deux parties : 50 millions d’euros pour la période de janvier jusqu’à juin et 22 millions pour terminer l’année civile. Et depuis la fin de la semaine dernière, il n’est plus possible de réserver des offres culturelles sur la plateforme dédiée.
Si cette mesure touche au portefeuille de nombreuses structures associatives et culturelles (dont des journaux indépendants, qui vivent en partie de l’éducation aux médias), le milieu de l’Éducation Nationale est lui aussi sous le choc : dans une tribune parue dans Libération, 400 enseignants dénoncent le fait que “toucher à l’éducation culturelle, c’est encore accroître les inégalités.” Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation Nationale, a quant à elle déclaré que “la plateforme [allait] rouvrir dans les prochains jours et que les projets validés et ceux pré-réservés seront financés”. Elle n’a cependant pas précisé si de nouveaux projets pourraient être réservés.
Mobilisation à Lodève et Sète
Dans l’Hérault, plusieurs établissements ont annoncé se mobiliser contre cette annonce jugée “brutale”. Le personnel du lycée Joliot-Curie de Sète, soutenus par les principaux syndicats du secteur (CNT-ESS, Sud Education, SNES-FSU, CGT…), appellent à un rassemblement devant l’établissement le 11 février prochain à 12 heures. Dans le collège Paul Darde de Lodève, c’est carrément une grève qui a été décrétée le 11 février pour s’opposer à ce gel ainsi qu’à des manques de moyens dans l’éducation nationale. Les représentants des parents d’élèves ont appelé à une “opération collège mort” et ont invité les familles à ne pas envoyer les enfants au collège ce jour-là. Un rassemblement aura lieu également le mardi 11 février à 12h30 devant la sous préfecture avec les acteurs et actrices du milieu culturel pour dénoncer cette coupe dans les budgets de l’éducation nationale et de la culture.
Dans un vœu présenté au conseil d’administration de l’établissement, le personnel du collège Paul Darde écrit : “Plus de 154 000 offres collectives proposées par plus de 8 000 éducateurs vont disparaître dans toutes les régions, dans les villes, les quartiers et les campagnes déjà marginalisées et violentées par les coupes budgétaires et l’extinction programmée des services publics. […] Dans cette période de montée du racisme, des addictions aux réseaux sociaux et de leur impact sur la santé, de la désinformation, ces interventions pédagogiques ne sont pas secondaires, mais bien essentielles pour apaiser les tensions, apporter connaissances et outils de dialogue entre cultures et refaire société avec la jeunesse et leurs parents.”
Dans cet établissement, ce gel du Pass culture signifie la suppression d’atelier et spectacles au festival des arts vivants Résurgences, l’annulation d’une visite au Mémorial du camp de Rivesaltes pour 96 élèves de diverses sorties, notamment théâtrales, et d’une rencontre-débat avec une autrice. Le personnel de Lodève espère une mobilisation à Montpellier le 13 février, dans la lignée de leur journée de grève de la veille.
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