Hérault : le secteur culturel dénonce un budget départemental au rabais

Elian Barascud Publié le 24 mars 2025 à 14:13
Le budget du Département de l'Hérault était voté ce 24 mars, pendant que des acteurs du secteur culturel se mobilisaient pour dénoncer des coupes budgétaires. ("Le Poing")

Ce lundi 24 mars, alors que le Département de l’Hérault a voté un budget de 9 144 967 euros pour la culture, une cinquantaine de personnes étaient réunies devant le Conseil Départemental pour dénoncer “une mort annoncée” de leur activité et un “manque de concertation” de la part de la collectivité

C’est sous le slogan “Mesquida démission”, scandé par une cinquantaine de professionnels de la culture, que Kleber Mesquida, président socialiste du Département de l’Hérault, a fait son entrée dans le bâtiment de la collectivité ce lundi. “On est là pour voir à quelle sauce on va être mangé”, souffle une intermittente, alors que le budget du Département actant son désengagement des financements non-obligatoires dans le secteur culturel devait être voté ce 24 mars.

L’intersyndicale du secteur dénonce “le non-respect des engagements de M. Mesquida pris face aux électeurs, promus dans l’édito du journal du Département de l’Hérault à propos du schéma départemental 2023-2028 consacré à la Culture, où il affirme que le Département entend promouvoir une culture accessible à tous”.

“On encourage les élus qui passent à ne pas voter le budget”, explique Cathy Garcia, membre de la CGT spectacle. “Kleber Mesquida dit que les communes pallieront les coupes, pour nous, ce n’est pas un projet de société. Certaines communes ont annoncé mettre à disposition une enveloppe, comme la Ville de Montpellier, qui a annoncé débloquer 250 000 euros. Ce n’est pas beaucoup, et le maire a invité les entreprises à se mobiliser en ce sens, ce qui reviendrait à du mécénat”, interroge la syndicaliste. “Cela n’est pas une solution pérenne, l’exception culturelle française doit être financée par de l’argent public !”

“Un manque de concertation”

C’est vers midi moins le quart que Marie-Pierre Pons, vice-présidente du Conseil Départemental déléguée à la culture, est sortie de l’hémicycle pour annoncer la nouvelle aux personnes mobilisées qui attendaient à l’extérieur : 9 144 967 euros seront alloués au secteur culturel dans l’Hérault en 2025, soit “60% de part obligatoire et 40% de volonté politique” selon l’élue. A titre de comparaison, l’an dernier, le Département a dépensé 10,7 millions d’euros pour le secteur culturel . “Les communautés de communes vont prendre leur part à hauteur de 900 000 euros pour les conventions culturelles avec des établissements”, a ajouté Zita Chelvi-Sandin, conseillère départementale affiliée PS.

“C’est bien de venir nous voir maintenant, une fois que le budget est voté, alors qu’on vous a demandé plusieurs fois des rendez-vous,, vous avez une drôle de notion de la concertation”, commente-t-on dans l’assistance à l’adresse des élus. “On a pas à concerter les acteurs avant de voter un budget”, rétorque Marie-Pierre Pons, avant de tourner les talons et de retourner dans hémicycle, devant des syndicalistes choqués qui dénoncent “un manque de dialogue”.

Les intermittents et acteurs du secteur culturel en lutte dans l’Hérault ont dressés une liste des attaques menées par le Département dans leur secteur année après années. (“Le Poing”)

“Le mouvement va se durcir cet été”

“Ce budget, c’est que dalle, on attend de voir le détail”, réagit Ghislain Gauthier, secrétaire général de la CGT spectacle. “Dans tous les cas, il y a un mouvement national en cours, on parle de 130 millions d’euros de coupes pour le ministère de la culture, et de centaines de milliers d’emplois potentiellement menacés dans le secteur. La mobilisation va continuer et se renforcer d’ici cet été, période des festivals, qui risquent d’être secoués par des actions.” Au niveau national, les syndicats demandent le dégel de la part collective du Pass culture (dispositif qui permet aux établissements scolaires, via une plateforme Internet, de financer des ateliers, des sorties théâtres, de l’éducation aux médias) et des États généraux de la culture. “Pour le moment, on a pas d’interlocuteur, mais on doit discuter du rôle de l’État et de son projet politique concernant la culture, on a besoin de crédit, il faut rouvrir la table des négociations”, précise le secrétaire général de la CGT-spectacle.

En attendant, le vote du budget du Département de l’Hérault continue ce mardi 25 mars, et ce sera autour des acteurs du social de se mobiliser devant l’hôtel du Département pour s’opposer à des coupes budgétaires les concernant, à partir de 11 heures.

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