« Historique » : les attaché·es parlementaires de l’Assemblée nationale en grève mardi 7 novembre
C’est un fait rare pour les assistant·es des députés. Ils demandent un vrai statut pour leur fonction, la création d’une instance de représentation et d’une cellule anti-harcèlement, ainsi que le respect du droit du travail par leur employeur. Entretien avec Agathe Pibarot, attachée parlementaire du député gardois Michel Sala, et syndiquée au CGT-CP, qui appelle à la grève
Le Poing ; pouvez-vous rappeler brièvement le rôle d’un·e attaché·e parlementaire ?
Agathe Pibarot : L’attaché parlementaire fait tout ce qui permet de soutenir le député dans son mandat. Cela peut être de la rédaction de dossiers, de notes, de réponses à des sollicitations de collectivités territoriales ou de particuliers, des relations presses, de la communication, du travail sur les amendements ou les propositions de lois…
Vous êtes syndiquée à la CGT-CP (collaborateurs parlementaires), vous pouvez nous parler de ce syndicat ?
C’est le syndicat qui appelle à la grève ce mardi, il défend les droits des attaché·es parlementaires. Il a été crée en 2016. Nous sommes un peu moins de 200 syndiqué·es, principalement à la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES).
Quels sont les enjeux de la grève du 7 novembre et quelles sont vos revendications ?
C’est historique, c’est la première fois que les attaché·es parlementaires se mettent en grève pour revendiquer des droits. On a un peu du mal à faire entendre ce que l’on veut, car on est dans un rapport bilatéral avec notre employeur, en l’occurrence, un·e député·e. La grève s’adresse autant à nos employeurs qu’à l’Assemblée nationale. Déjà, on demande la création d’une instance de représentation des collaborateurs et collaboratrices à l’Assemblée nationale. Et puis on demande un vrai statut, avec une grille salariale fixe, car là ce n’est pas homogène. Les député·es ont une enveloppe à répartir comme ils le souhaitent pour embaucher jusqu’à cinq attaché·es, donc les salaires varient en fonction de l’employeur.
Vous demandez également la création d’une cellule anti-harcèlement. On se rappelle d’un cas héraultais pendant la précédente mandature avec Muriel Ressiguier, députée insoumise qui était accusée de « maltraitances » avec ses employés…
C’est vrai qu’il peut y avoir un non-respect du temps de travail. Beaucoup de député·es n’ont pas été employeurs avant de siéger à l’Assemblée nationale, et il peut y avoir aussi une méconnaissance du droit du travail. C’est pour cela qu’on demande également des formations à l’Assemblée au droit du travail pour les député·es.
Vous serez donc en grève à partir de 14 h 30 ce mardi 7 novembre, avec un rassemblement prévu dans le jardin des 4 colonnes. Quelles sont les perspectives après cette journée ?
Déjà on va voir comment c’est perçu, en sachant que les attaché·es qui travaillent majoritairement en circonscription ne monteront pas forcément à Paris. L’idée, c’est que l’appel à la grève résonne plus largement que chez les syndiqués.
E. B.
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