La Ligue du Midi et e-metropolitain unis dans la haine des mineurs étrangers
En attaquant le 30 juin dernier le local de l’association de « protection » des mineurs étrangers RAIH, les militants de la Ligue du Midi sont passés aux yeux de tous pour des nazillons. Mais celui qui s’en est injustement tiré dans cette affaire c’est Jean-Marc Aubert, le journaliste d’e-metropolitain spécialisé dans les faits divers et qui n’a cessé de publier des articles à charge contre les jeunes sans-papiers. Le Poing rétablit la balance.
« Nous ne laisserons jamais les collabos agir sur Montpellier : pas de subvention pour financer l’invasion ! ». Perché sur une table, Richard Roudier, le chef de la Ligue du Midi, déroule son discours raciste devant les quelques militants identitaires qui viennent de mettre à sac les locaux de Raih (Réseau Aide Information Hérault). Ce groupuscule à la droite du Front National n’en est pas à son premier coup d’éclat. Quelques semaines auparavant, il avait organisé une opération « faux mineurs isolés mais vraies racailles immigrées » qui consistait à se filmer en se baladant à une quinzaine du Corum à la gare pour « protéger les Montpelliérains des multiples agressions de la part de bandes de clandestins ». Dans cette vidéo, la Ligue du Midi y insère des coupures de la presse locale faisant état de faits divers en lien avec des mineurs étrangers. Après une relecture pénible des dizaines d’articles publiés par certains médias locaux, on comprend vite pourquoi ces militants d’extrême-droite s’en sont servis comme prétexte pour passer à l’action.
En 10 mois, e-metropolitain publie 19 articles contre les mineurs étrangers
Dans un article publié sur e-metropolitain le 3 novembre 2016, Jean-Marc Aubert, journaliste remarqué pour sa proximité avec des policiers locaux(1), affirme qu’ « il ne se passe pas une nuit sans que des piétons soient dévalisés dans des rues de l’Écusson par des mineurs isolés ». Plus loin, il pointe du doigt l’association qui sera attaquée par la Ligue du Midi : « C’est Raih, dont le siège est à Montpellier qui gère leur hébergement et leur suivi au quotidien ». De nombreux autres articles attestent de l’acharnement de ce média : « Vols à Montpellier : le retour des mineurs non accompagnés » (13/01/17) ; « Encore des mineurs de 14 à 17 ans violents » (23/03/17), dans lequel il est écrit que ces jeunes « ne cachent pas qu’ils volent et agressent en toute connaissance de cause » ; « Encore des mineurs non accompagnés violents » (15/06/17), etc. Avec une mention spéciale pour le partage facebook du 1er septembre de l’article « Les victimes localisent les voleurs de téléphone » accompagné d’une précision essentielle : « Parmi les auteurs, un mineur étranger non accompagné ». Comme tant d’autres médias, ce journaliste d’e-metropolitain considère que lorsqu’un mineur blanc vole un portable, c’est une erreur de jeunesse, mais lorsque c’est un mineur étranger, alors c’est un problème de société. Interrogé par Le Poing sur sa responsabilité dans l’attaque de la Ligue du Midi, Jean-Marc Aubert nous a répondu : « C’est Boumaaz qui vous téléguide. Un facho qui est endormi par un sale arabe ça va faire le buzz »(2). Comme vous, nous n’avons rien compris à ce qu’il nous a dit et avons appris par la suite que Djamel Boumaaz est un conseiller territorial. Nous lui avons fait remarquer que l’expression « sale arabe » était raciste, ce à quoi il nous a répondu : « Dire qu’un arabe est sale, c’est-à-dire qu’il ne se lave pas, qu’il sent mauvais, c’est pas raciste ». Au moins, maintenant, vous saurez à qui vous avez affaire quand vous lirez un article haineux de Jean-Marc Aubert contre les anarchistes, les migrants ou les squatteurs.
La police comme unique source
Les journalistes de Midi Libre ne sont pas en reste. Jean-François Codomié, lui aussi déjà épinglé pour sa complaisance avec les autorités(3) a fait fort avec son article « L’épineuse question des mineurs étrangers isolés », publié le 5 avril dernier. Le papier semble avoir été rédigé directement depuis les sous-sols de l’hôtel de police : « Certains fonctionnaires du commissariat central, confrontés de plein fouet à cette forme de délinquance, n’hésitent désormais plus à parler, hors champ de ‘‘carnage’’. Excessif ? Peut-être bien. Mais mâtiné à un sentiment d’insécurité bien réel. Et dû à l’exaspération croissante d’une partie des policiers affectés aux missions de voie publique. Lesquels procèdent, certains week-ends, jusqu’à douze interpellations pour des actes délictuels identiques. Et sont aussi parfois exaspérés face à la réponse pénale apportée, insuffisante selon eux. » On pourrait aussi citer l’article « Faux mineur isolé mais escroc présumé » (06/10/16), ou bien « Le mineur isolé arrêté deux fois à deux jours d’intervalle » (27/10/16).
Ces journalistes sont aussi dangereux que les militants de la Ligue du Midi car à la différence de ces-derniers, qui sont bien identifiés comme les fachos du coin, eux avancent sous le masque de la neutralité médiatique. Mais avant d’être des journalistes, ce sont d’abord des gens qui contribuent, par leurs écrits réguliers contre les jeunes migrants, à l’instauration d’un climat politique raciste. Montpellier est une belle ville populaire et forte de sa diversité. Ceux qui s’y baladent tard le soir savent qu’il y a plus à craindre des embrouilles de la police que des bagarres de rue. Refugees welcome, fachos bye bye !
(1) « Nos journaux gâtent ‘‘les flics’’ », Montpellier journal, 23 décembre 2008. (2) La rédaction du Poing a fait des captures d’écran de cette conversation facebook, nous ne pouvons pas la diffuser pour des questions légales, mais si Jean-Marc Aubert porte plainte pour diffamation, nous les transmettrons aux tribunaux, et il perdra le procès. (3) « Midi Libre relaie sans distance la thèse policière d’un prétendu ‘‘indic’’ », Montpellier journal, 8 juillet 2016.
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