Archives - Politique 2 mai 2014

La bite ne fait pas le moine

 
Tableau de Gustav Klimt

Tableau de Gustav Klimt

« Douce », « gentille », « maternelle », « sensible », voilà les piques insidieuses d’un sexisme dont on ne parle pas. Des qualificatifs traditionnellement associés au féminin, qui cantonnent une personne à un caractère de par son genre, sans tenir compte de sa personnalité ou de son expérience de vie propre. En parallèle, à l’homme sont accolées les vertus « viriles », il est ainsi « protecteur », « ambitieux »… La société normative et condescendante restreint par le langage chaque genre dans son cantonnement réducteur, exerçant ainsi une pression tant sur les femmes que sur les hommes ne correspondant pas à ces clichés.

Plus pervers encore, et du domaine du post-machisme éclairé, parlons ici de ces « nouveaux défenseurs des femmes » qui parlent d’elles comme de personnes fortes, sérieuses, pacifiques, etc. A ce propos, certains ne disent-ils pas que le monde serait tellement meilleur dirigé par les femmes ? Il y a bien des exemples à citer ne répondant pas à la gentillesse et l’altruisme légendaires des femmes ! Ne citons que la Dame de Fer… Nous retrouvons là l’idéal féminin : ces femmes qui conseillent, attendent, reposent l’homme, ces femmes aux mille vertus censées calmer et canaliser l’ardeur immodérée de l’homme impur à la soif de pouvoir, ces femmes dont le rôle est le soutien de l’homme, qui n’existent donc que pour l’homme…

On pourrait rapprocher ce raisonnement d’un rousseauisme paternaliste infantilisant, du type des « bons », purs, non pervertis, honnêtes. Bref un ensemble de préjugés catégorisés racistes ; tout le monde en convient. Pourquoi n’en serait-il pas de même lorsque l’on est dans le « mythe de la bonne femme » ? L’homme, comme l’Homme blanc, porteur de vices, a contrario.

Finalement, les femmes et les hommes doivent se conformer aux catégories préétablies. Des dictats de genre pouvant être ressentis comme autant de violence par les hommes ou les femmes, sans parler des personnes intergenres… D’ailleurs, l’expression « garçon manqué » collée aux femmes qui ne répondent pas à ce cliché, ou à l’inverse, ces « chochottes » ou « gonzesses » qui oseraient, malgré leur phallus, pleurer devant une histoire à l’eau de rose.

Lorsque l’on considère cette seule forme, les sexistes ne se voient pas comme tels, n’attaquant plus les femmes de front comme ce fut le cas naguère, ne les qualifiant pas d’inférieures ou d’incapables mais de différentes. Conséquences ? Illustration parfaite dans le domaine du travail où les femmes continuent d’être reléguées dans certains domaines, maternant au sens large. Certains postes requérants des qualités traditionnellement « masculines » créant un « plafond de verre » encore dur à briser, maintenu entre autres à travers ces clichés. On trouve bien entendu l’inverse pour des postes traditionnellement féminins excluant les candidats masculins.

Procédés sournois, aussi subtils qu’inattaquables, plus pernicieux que le traditionnel sexisme hostile, bien moins visible, plus difficilement répréhensible. En bref : laissez nous être gentilles, ambitieuses, égoïstes, faibles, lâches, méchantes, accro au pouvoir, sensibles, casse-cou, maternelle,… bref, laissez nous la liberté d’être !

Jess

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