La presse d’extrême-droite applaudit le maire “socialiste” de Montpellier
Après Le Figaro, c’est au tour de l’hebdo préféré d’Eric Zemmour de s’émerveiller des prouesses identitaires et sécuritaires de Michaël Delafosse.
Dans ce très moche hiver 2020-21, il y a au moins une bonne nouvelle. C’est que les manipulations des services de communication ne peuvent pas tout. Par exemple, le service de presse de la mairie et métropole de Montpellier n’aura pas pu empêcher l’évidence : c’est la presse de la droite conservatrice dure (Le Figaro, voici peu) et maintenant d’extrême-droite, qui se bousculent pour célébrer les brillants débuts de Michaël Delafosse, nouveau maire PS de Montpellier (en alliance avec les Verts et le PCF, dont on guettera avidement les commentaires).
Ainsi, dans son numéro actuellement en kiosque, en date du 7 janvier 2020, l’hebdomaire Valeurs actuelles salue Delafosse, le maire PS qui casse les codes. Là est le titre d’un article en page 6, rubrique « Coulisses politiques ». C’est dans cette même page que le support de l’extrême-droite identitaire, le journal préféré d’Eric Zemmour, publie son palmarès des personnalités « en hausse » et « en baisse ». Le politicien montpelliérain s’y retrouve à côtoyer, en hausse, Finkielkraut, honoré car, « sur LCI, le philosophe a fustigé les militants de gauche qui combattent le “privilège blanc” et “mettent en place une politique de la diversité” ». Autre figure à ce tableau d’honneur : Michel Sardou, « l’inoubliable chanteur des Lacs du Connemara qui a été élevé au grade de commandeur de la Légion d’Honneur ». Bienvenue au club.
Quant au déshonneur de Michaël Delafosse, il mérite un article plus développé pour le justifier : y sont vantés sa Charte de la Laïcité imposée comme une opinion obligatoire autoritaire – en contradiction absolue avec le cadre universaliste de la laïcité – aux associations, ou son opposition à la vente d’une mosquée à une association proche du Maroc. C’est bien l’effet d’accumulation qui n’a pas échappé aux journalistes de l’ordre nouveau : « Sécurité, Islam, lutte contre les traffics, le maire prend en main tous les sujets abandonnés par les socialistes depuis des années ». Cerise sur le gâteau, annonciatrice dès la campagne avant les élections : le héros montpelliérain « a refusé de retenir sur sa liste une élue communiste qui portait le voile islamiste » se pâme l’hebdomadaire.
Assez bizarrement, on nous explique que si l’ignoble assassinat de Samuel Paty « a largement touché la France », il aura touché « encore plus (?, ndlr) Michaël Delafosse », qui est « professeur d’histoire-géographie au collège ». Justement. C’est aussi parce qu’il est professeur d’histoire qu’il devrait paraître affolant qu’un homme politique se disant de gauche prête sa voix et sa main à la déferlante débridée des forces irrationnelles de la xénophobie et de l’aspiration à un pouvoir autoritaire. Avec Delafosse, c’est clair, c’est le RN qui a raison.
On ne choisit pas sa famille, on choisit ses amis, dit l’adage. Dans le cas du maire de Montpellier, c’est l’extrême-droite qui le désigne comme ami. Elle lui fait la fête. Elle s’en réjouit. Normal. Il peut constituer une preuve qu’elle a gagné.
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