La solidarité avec les migrants s’organise durablement dans l’Hérault

Le Poing Publié le 13 janvier 2018 à 21:29 (mis à jour le 28 février 2019 à 20:22)

Emmanuel Macron avance vite, et sur tous les fronts. Après la loi travail XXL et la suppression des contrats aidés, le gouvernement souhaite désormais s’attaquer aux migrants. La volonté du ministre de l’intérieur Gérard Collomb est de réduire le nombre de demandes d’asiles et d’assigner à résidence ou d’envoyer en centre de rétention les personnes migrantes dès leur arrivée sur le territoire français, notamment dans le but de les soustraire au regard de la population. Un projet de loi allant dans ce sens devrait être présenté devant l’assemblée nationale au courant du mois de mars. Dans la région de l’Hérault comme partout en France, les collectifs qui soutiennent les réfugiés s’organisent pour lutter dès maintenant contre cette offensive. Aujourd’hui, ce sont plus de 250 personnes qui se sont rassemblées devant le Prahda (centre d’hébergement pour migrants) de Villeneuve-lès-Maguelone pour dénoncer les politiques migratoires de l’État français.

Une grande marche de solidarité s’organise

Pique-nique copieux, bourse aux vêtements, groupe de musique : les militants du Collectif Bienvenue Migrants 34 se sont donnés du mal pour égayer la sinistre zone qui abrite le Prahda de Villeneuve-lès-Maguelone, coincé derrière la nationale et la prison. Un rassemblement similaire avait eu lieu le 15 octobre dernier et depuis, des liens encore plus étroits se sont noués entre les migrants du Prahda et ceux qui les soutiennent. Cette confiance réciproque s’est manifestée d’une manière très concrète aujourd’hui avec la tenue d’une assemblée générale au cours de laquelle des réfugiés ont exprimé leurs revendications. Cours de français, traduction de documents juridiques, accompagnement à la préfecture et au commissariat : les volontaires sont nombreux pour organiser la solidarité concrète et viennent d’un peu partout, de Pézenas à Sussargues en passant par des villages cévenols.

L’idée de l’assemblée était aussi d’organiser des actions politiques, pour « rappeler à la population que la Méditerranée s’est transformée en un vaste cimetière et que l’argent qui est dépensé pour refouler, expulser et réprimer devrait être dépensé pour accueillir tous ces gens qui veulent juste se poser et être tranquille après des années de galère », selon l’une des membres du collectif. Une vision partagée pour l’un des réfugiés, Soudanais, présent lors de l’assemblée : « Le fait d’avoir pris la mer, d’avoir échappé à la mort, d’arriver jusqu’ici et de toujours se retrouver avec un poids au-dessus de nos têtes, c’est comme si on mourrait un peu tous les jours ». Le constat est amer mais l’envie de lutter est tenace : rendez-vous le samedi 20 janvier prochain à 14h à la Mauvaise Réputation (20 rue Terral, Montpellier, quartier Saint-Anne) pour organiser une grande marche de solidarité avec les réfugiés qui partira du Prahda de Villeneuve-lès-Maguelone pour aller jusqu’à la préfecture de Montpellier.

Pour en savoir plus sur la politique migratoire de l’État français :

– « Au CAO de Montpellier, les migrants dorment dans des “chambres” de 4 à 6 m² », Le Poing n°29, novembre 2017.
– « Mineurs isolés : le département de l’Hérault refuse de protéger les enfants étrangers », Le Poing, n°29, novembre 2017.
« Projet Dublin IV : vers une automatisation des procédures d’expulsion de migrants », Le Poing, n°29, novembre 2017.

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