Le budget de la culture amputé dans l’Hérault : l’intersyndicale réagit
Après les annonces de coupes massives du budget alloué à la culture par le Conseil Départemental de l’Hérault, les organisations syndicales du secteur dénoncent une décision “inique” et “anti-démocratique”, et entendent se mobiliser d’ici le vote du budget de la collectivité, fin mars
C’est un article du journal Libération, paru le 28 janvier, qui a mis le feu aux poudres. Celui-ci annonçait une coupe de 100% des budgets alloués par le Conseil Départemental de l’Hérault -en grande difficulté financière- à la culture. Une information confirmée par les services de la collectivité, puis démentie 24 heures plus tard par Kléber Mesquida, président PS du Département, qui parle quand à lui de 48% de coupes. Dans un communiqué, repris par Midi Libre, il affirme : “Nous ne maintiendrons que les financements pour la lecture publique et médiathèques, les écoles de musique, les actions dans les Mecs (maison d’enfants à caractère social) et les Ehpad ainsi qu’à l’Epic du Domaine d’O (3,10 M€) et à l’établissement public Hérault Culture (2 M€)”.
Un secteur “sacrifié”
Un démenti “fallacieux”, selon les organisations syndicales du secteur*, qui ont réagit via un communiqué de presse ce jeudi 30 janvier : “Il omet de préciser que ces 48% représentent 100% des aides allouées au spectacle vivant, hors Établissements Publics (EPIC, EPA), c’est-à-dire aux lieux de culture, équipes de création, artistes, qui se voient, une fois encore, mis en situation de précarité.”
Pour les syndicats, “Cette prise de position politique va mettre un secteur en très grand danger de disparition, sacrifier un rempart majeur contre la radicalisation des esprits, priver le public héraultais de spectacles, de concerts, d’expositions, de manifestations dans les salles et l’espace public, et de festivals tout au long de l’année.[…] D’autant plus que cette déclaration, dans le climat politique actuel, émane d’un élu dont le parti politique (PS) est habituellement un soutien fort des actions artistiques et du service public de la culture.”
Ils dénoncent une décision “inique”, “anti-démocratique”, et alertent sur un “un vaste plan social qui aura des conséquences sur l’ensemble des secteurs économiques. Si elles sont actés, ces mesures violentes et sans précédent porteront non seulement atteinte à l’emploi artistique et l’intermittence du spectacle dont plus de 10 000 personnes dépendent (ainsi que leur famille) et sont un véritable suicide d’un tissu économique large d’emplois directs et indirects liés aux lieux de spectacle, aux festivals, au tourisme, aux café/bars/restaurants, aux espaces de vie sociale, aux actions culturelles pour les publics dit empêchés, petite enfance, etc.”
Et ces coupes budgétaires vont, toujours selon les organisation syndicales, se traduire par une augmentation du prix des billets pour les manifestations culturelles, “du simple au quadruple. L’accès aux salles et aux événements ne serait alors réservé qu’aux personnes les mieux dotées financièrement.”
Face à ce constat, l’intersyndicale entend solliciter des rendez-vous après de l’ensemble des partis représentés au Conseil Départemental pour négocier, et indique rester mobilisée jusqu’au vote définitif du budget de la collectivité, fin mars.
*Synavi (syndicat national des arts vivants) – délégation régionale Occitanie, SMA (syndicat des musiques actuelles), Syndicat des cirques et compagnies de création, Syndeac (syndicat national des entreprises artistiques et culturelles), Fédération Régionale des Arts de la Rue en Occitanie, SAM-MIP (syndicat des artistes musiciens de Midi-Pyrénées, affilié à la CGT-spectacle), SFA (syndicat français des artistes interprètes), Synptac-CGT (syndicat national des professionnel.les du théâtre et des activités culturelles), Scène Ensemble et Octopus (fédération des musiques actuelles en Occitanie).
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