Le préfet de l’Hérault interdit encore le Karnaval des Gueux à Montpellier, toujours sans succès ?
De Rio à Cadiz, les peuples vibrent aux quatre coins du monde pour la saison des carnavals. Mais à Montpellier, le très droitier préfet de l’Hérault Hugues Moutouh n’en veut pas. Il a décidé « par arrêté, d’interdire la manifestation non déclarée du “Karnaval des Gueux” qui est annoncée le mardi 21 février 2023 dans le centre-ville de Montpellier ».
Les autorités locales et le maire de Montpellier Michaël Delafosse, du Parti Socialiste (tendance Manuel Valls), ne tolèrent qu’un seul carnaval : celui organisé par la municipalité, encadré par des policiers, en respectant le code couleur divulgué à l’avance et en priant de ne pas crier trop fort, de ne pas trop boire, d’éviter tout comportement qui serait de nature à troubler l’ordre public et de ne pas s’éloigner des rues dans lesquelles il est autorisé de s’amuser. La seule fête permise en Macronie est celle des passions tristes qui animent nos gouvernants, niant ainsi le rôle millénaire du carnaval, à savoir travestir, transgresser, subvertir les valeurs des dominants, ne serait-ce que pour quelques heures.
A Montpellier, les occitanistes et les anarchistes organisent depuis des décennies le Carnaval des Gueux, « vieille coutume parfaitement inorganisée à la gloire des culottes sales, des haleines fortes, des sales mômes et autres partisans de la méchanceté gratuite sans complaisance » (lire ici notre historique du Karnaval). Certaines éditions, notamment celle de 2017, ont clairement mis à l’amende les forces de l’ordre, qui n’ont pas pu empêcher la destruction joyeuse de vitrines de banques ou bien encore le vol de sous-vêtements dans des boutiques de luxe de l’Ecusson. Au fil des années, la répression s’est accentuée mais n’a pas réussi à tuer Karnaval, qui a pu se tenir l’année dernière, dans une version certes réduite, malgré, déjà, un arrêté préfectoral interdisant la fête dans un certain périmètre.
Cette fois-ci, le préfet va encore plus loin en interdisant le rassemblement tout court, « préparé de manière clandestine », et promettant « un dispositif spécifique de maintenir de l’ordre » et « 6 mois de prison et 7 500€ d’amende pour les organisateurs ». Karnaval vivra-t-il ? Réponse ce mardi…
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