Le président Gilli demande aux étudiants et aux personnels de la faculté Paul-Valéry d’arrêter de manifester

Le Poing Publié le 26 avril 2018 à 14:31 (mis à jour le 27 février 2019 à 12:34)

Le président de la faculté Paul-Valéry de Montpellier, Patrick Gilli, est un habitué des communiqués : il a fait plusieurs fois la une des médias locaux et a envoyé plusieurs dizaines de mails aux étudiants et aux personnels depuis le début de la mobilisation contre la loi ORE. Ses propos sont souvent contradictoires. Le 23 mars, il invitait la communauté universitaire à participer à « l’AG [assemblée générale] intercatégorielle du mardi 27 » : « Il importe […] que ce débat associe le plus grand nombre de personnes possible ».(1) Mais le 5 avril, après que 2500 étudiants aient voté pour l’occupation illimitée du campus lors de cette AG du 27 mars, Patrick Gilli l’a finalement qualifiée comme « une démarche anti-universitaire où ne subsiste qu’un entre-soi contestataire ».(2) Le 3 avril, il promettait de ne pas faire intervenir la police pour « éviter toute violence et ne pas être contraint de fermer administrativement l’université ».(3) Mais le 15 avril, il annonçait finalement la fermeture administrative de la faculté pour le 16 avril, journée au cours de laquelle il a imploré l’État de prendre « les responsabilités qui lui reviennent en matière d’ordre public »(4), et il s’est félicité de l’intervention de la police le 23 avril. Dans son mail envoyé ce matin aux étudiants et aux membres du personnel, Patrick Gilli a franchi un cap dans son opposition au mouvement social.

Patrick Gilli, toujours plus haut, toujours plus fort

Dans le mail de ce matin, Patrick Gilli se réjouit du « déblocage des accès des divers bâtiments de l’université » et assure que « les entrées de Saint-Charles comme de la Route de Mende seront limitées. Les voitures ne seront pas autorisées sur les parkings des deux sites et les accès aux bâtiments se feront sur présentation de votre carte professionnelle. » Il justifie ces dispositions par le fait que « la semaine du 30 avril sera marquée par une série de manifestations successives (mardi, mercredi et jeudi) et la prudence commande ces précautions particulières. Nous avons renforcé la sécurité sur les campus. Mais la meilleure réponse viendra de la communauté universitaire. En étant présent-e-s à votre poste de travail, vous témoignerez de votre attachement à notre institution ».(5) Patrick Gilli demande donc clairement aux étudiants et aux personnels de ne pas prendre part au mouvement social. Ce que la préfecture et le Medef n’ont pas osé faire, Patrick Gilli l’a fait. Le mardi 1er mai est la journée internationale des travailleurs : des manifestations auront lieu dans toute la France et dans le monde entier (à Montpellier, le cortège partira à 10h du Peyrou). Le mercredi 2 mai, une AG aura lieu à 10h dans l’amphi A : n’en déplaise à Patrick Gilli, certains intervenants extérieurs à la faculté y participeront probablement au nom de la convergence des luttes. Le jeudi 3 mai, deux manifestations se rejoindront : celle des cheminots (13h30 devant la gare) et celle organisée par le comité de mobilisation de la faculté des sciences (14h au Peyrou). Ce nouveau mail a le mérite de (re)faire tomber les masques : Patrick Gilli n’est pas, comme il le prétend, qu’un simple président d’université qui tenterait de gérer au mieux la situation ; c’est aussi et surtout un fervent partisan du gouvernement Macron et donc un adversaire objectif du mouvement social.

Sources :

(1) « Communiqué : la présidence condamne les violences », Compte facebook officiel de l’Université Paul-Valéry Montpellier, 23 mars 2018
(2) « Crise à la fac : la réaction du président de l’université Montpellier 3 », Midi Libre, 6 avril
(3) « Université Paul-Valéry : une lettre ouverte du président pour la tenue des examens », La Gazette de Montpellier, 3 avril 2018
(4) « Montpellier : le président de la fac Paul Valéry demande l’intervention de la force publique », France 3 Occitanie, 16 avril 2018
(5) 

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