Les Algériens de Montpellier dénoncent l’hypocrisie des législatives organisées par le régime de Tebboune
Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées ce samedi 12 juin devant le Consulat algérien de Montpellier, pour dénoncer les élections législatives anticipées organisées le même jour de l’autre côté de la Méditerranée. Le Collectif des Algériens de Montpellier pour une Démocratie en Algérie (CAMDA), organisateur de l’évènement, y voit une volonté de relégitimer un régime secoué depuis des années par le puissant mouvement social du Hirak.
Depuis deux ans et demi maintenant, le mouvement social du Hirak secoue l’Algérie. Initialement dirigé contre le régime Bouteflika, celui-ci mêle aspirations démocratiques et revendications sociales. Il conduit au départ de Bouteflika le 2 avril 2019. Mais la mobilisation se poursuit, réclamant un changement de régime pour éviter l’organisation de nouvelles élections verrouillée par les dignitaires de l’ère Bouteflika. Le président Tebboune, ancien premier ministre de Bouteflika, prend le pouvoir, sans parvenir à calmer le mouvement social.
Les élections législatives algériennes de 2021 ont lieu de manière anticipée ce 12 juin 2021 afin d’élire pour cinq ans les 407 députés de la Neuvième législature de l’Assemblée populaire nationale. Initialement attendues pour 2022, les élections sont organisées de manière anticipée dans le contexte d’une révision de la Constitution opérée par référendum en novembre 2020. Volonté manifeste de la part du régime algérien d’apaiser à peu de frais la colère populaire. Une mention au Hirak figure en tête de la nouvelle Constitution. Dans le même temps, le Hirak réel subit une répression de plus en plus dure : après une reprise des défilés interrompus par la crise sanitaire à l’occasion du second anniversaire du mouvement, en février 2019, les mesures du président Tebboune pour en finir avec la rue s’accélèrent. Arrestations et condamnation à des peines de prison ferme pour des centaines de manifestants le 14 mai, interdictions des défilés sans autorisation expresse des autorités et prolongation des peines d’emprisonnement de nombreux journalistes actuellement derrière les barreaux…
Le CAMDA dénonce l’hypocrisie du gouvernement Tebboune, qui opère quelques modifications constitutionnelles cosmétiques, tient un discours public favorable au Hirak, et dans les faits néglige les aspirations sociales et démocratiques exprimées par le mouvement, durcit encore la répression et le caractère autoritaire du régime.
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